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Xiaomi : le coup de grâce pour Tesla ?

By 25 mars 20242 Comments

Après dix ans de promesses et de confiance affichée dans les choix technologiques faits, Tesla voit la concurrence rattraper et largement dépasser ce qui devait être son avantage concurrentiel ultime. Les perspectives de long terme s’assombrissent pour le constructeur automobile américain…

 

En début d’année, je vous suggérais d’envisager un short de l’action Tesla, anticipant des résultats 2023 moins reluisants que prévu, et une concurrence accrue sur le segment des véhicules électriques à destination des classes moyennes supérieures.

De fait, la fin d’année 2023 s’est avérée franchement mauvaise pour le constructeur, avec des ventes sur le dernier trimestre en progression famélique de 3 % sur un an, et une marge opérationnelle en chute libre de -34 %.

Si vous avez franchi le pas, félicitations : vous êtes déjà à la tête d’une plus-value de 20 % sur votre position vendeuse.

Et malgré cette correction, le potentiel de baisse de Tesla est loin d’être achevé. Les fondamentaux restent mal orientés, d’autant qu’un concurrent inattendu vient de sortir du bois.

Le Chinois Xiaomi, plus connu pour ses téléphones portables, vient en effet d’annoncer la commercialisation imminente d’une voiture de nouvelle génération. Dotée d’une motorisation électrique dernier cri, d’une autonomie généreuse, et prévue pour être vendue à un tarif défiant toute concurrence, elle vient bouleverser le marché du véhicule électrique.

Cerise sur le gâteau pour les acheteurs et ultime camouflet pour Tesla, le SUV de Xiaomi qui sera vendu à la fin du mois est également doté d’une fonction de conduite autonome de niveau III – un niveau que n’a jamais réussi à atteindre l’Autopilot malgré les rodomontades d’Elon Musk.

Avec l’arrivée de ce nouveau modèle concurrent, le constructeur américain voit son avance technologique se réduire comme peau de chagrin (et même se transformer en retard selon plusieurs critères). Elon Musk risque de n’avoir bientôt plus d’autre choix que de positionner ses Tesla comme des véhicules d’entrée de gamme à bas prix… avec les conséquences que l’on peut imaginer sur les comptes de l’entreprise.

 

Tesla_Xiaomi_SU7_img1 Le SU7 de Xiaomi qui sera commercialisé à la fin du mois va faire de l’ombre à Tesla

 

La gamme Tesla en phase d’obsolescence accélérée

Il était évident, pour quiconque était au fait des réalités du marché automobile, que les constructeurs historiques ne bouderaient pas le marché du véhicule électrique.

Avec plus d’ingénieurs, plus d’usines, et plus de savoir-faire, les Stellantis, Renault et autres Volkswagen n’auraient aucun problème à électrifier leur catalogue. C’est bien ce qu’ils ont fait ; en prenant leur temps, certes, mais le gigantisme des ventes de véhicules thermiques retirait toute urgence en la matière. Seule Tesla, du fait de sa gamme centrée sur la motorisation électrique, était pressée par le temps. Les constructeurs historiques, eux, pouvaient profiter de leurs rentes de situation en attendant l’évolution naturelle des habitudes des consommateurs.

Elon Musk pouvait par ailleurs espérer que l’image de marque et l’expérience acquise avec la commercialisation des Tesla Model S, 3, et X lui permettraient de se réfugier sur le segment premium une fois les Golf, Clio et C4 dûment électrifiées pour le grand public.

Mais ce scénario idéal a volé en éclats avec l’arrivée inattendue des constructeurs chinois, qui se sont positionnés sur une qualité de produit proche des Tesla, avec des prix bien inférieurs. Ils se sont taillé la part du lion sur les ventes de voitures électriques dans l’Empire du Milieu, premier marché au monde. Depuis quelques mois, ils préparent même leur arrivée en Occident, ce qui laisse présager d’une nouvelle guerre des prix qui viendra remettre en question la fidélité des clients occidentaux auprès des marques locales.

Le nouveau modèle SU7 (« Speed Ultra 7») de Xiaomi vient confirmer cette perte de supériorité de Tesla, avec des caractéristiques qui auraient semblé inatteignables il y a encore deux ans de cela.

Capable d’atteindre une vitesse de pointe entre 210 et 265 km/h, il disposera d’une autonomie de 600 ou 710 km selon le modèle choisi, grâce aux batteries fournies par BYD et CATL. Ces batteries de dernière génération permettront même, selon le constructeur, de gagner 500 km d’autonomie en seulement un quart d’heure une fois la voiture branchée sur un chargeur rapide.

Avec ses 5 mètres de long et son poids de 2,6 tonnes, le SU7 se positionne, à l’instar des Tesla Model S et autre Porsche Taycan, sur le segment des véhicules électriques résolument lourds et voyants.

 

Tesla_Xiaomi_SU7_img2 Le SU7 n’a rien d’une Renault Zoe ou d’une Citroën Ami.

 

Conduite autonome : Tesla totalement distancée

Le SU7 rejoindra également le club très fermé des véhicules autonomes de niveau III. Cela signifie que les conducteurs pourront totalement lâcher le volant, sur des routes séparées par un terre-plein central jusqu’à 60 km/h, et sur les chaussées où la présence de cyclistes et de piétons est interdite.

Pour parvenir à cette prouesse, Xiaomi a embarqué son dernier modèle d’une batterie de caméras et d’un Lidar (la protubérance que l’on peut voir sur l’avant du toit). Ce système, qui utilise des lasers qui balayent l’espace en permanence, permet au véhicule d’élaborer une cartographie en 3D de l’environnement en temps réel.

En son temps, Elon Musk n’avait pas manqué de moquer ouvertement les constructeurs qui intégraient des Lidar dans leurs prototypes de véhicules autonomes. Pour le milliardaire, les caméras en 2D dont sont dotées les Tesla étaient tout à fait suffisantes pour reconstruire, grâce à une IA embarquée, un modèle en 3D de la route et assurer une autonomie équivalente avec le même niveau de sécurité et de fiabilité. Cet optimisme l’a conduit à facturer l’option Autopilot des Tesla jusqu’à 7 500 €, avec la promesse d’apporter de manière rétroactive « une conduite automatisée en ville » une fois les logiciels finalisés.

L’avenir ne lui a pas donné raison.

Le pilotage automatique des Tesla reste peu ou prou limité au suivi de voie, à la reconnaissance des feux tricolores et des panneaux de signalisation, et aux arrêts d’urgence. Des aides à la conduite certes appréciables, mais présentes dans n’importe quel véhicule doté d’une autonomie de niveau II.

Après plus de dix ans de promesses et de confiance affichée dans les choix technologiques faits (les premières communications hasardeuses sur l’Autopilot datent de 2013), la concurrence a rattrapé et largement dépassé Tesla sur ce qui devait être son avantage concurrentiel ultime.

L’écart fonctionnel est d’autant moins acceptable qu’il se murmure que le SU7 serait vendu entre 250 000 et 370 000 yuan, soit 32 000 à 47 000 €. De quoi faire réfléchir à deux fois les acheteurs potentiels de Tesla Model S, dont le prix d’entrée est encore de 95 000 €.

Les investisseurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, avec une hausse en ligne droite de +12 % pour l’action Xiaomi à Hong Kong lors de l’annonce de la date de sortie du SU7.

 

Tesla_Xiaomi_cours_250324

+19 % sur six mois pour Xiaomi (en bleu), -38 % pour Tesla (en jaune) : la Bourse commence à valoriser les deux dossiers à la mesure de leur potentiel.

 

Pour Tesla, les perspectives de long terme s’assombrissent. Dans la mesure où il est évident que le groupe Xiaomi ne dispose pas d’une expertise exceptionnelle en matière de voitures autonomes, la sortie du SU7 est le signe que l’état de l’art de la voiture électrique chinoise est en train de rattraper le savoir-faire de la firme d’Elon Musk. Si Tesla rejoint la masse des constructeurs automobiles anonymes, il sera logique que son cours boursier en fasse de même.

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