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Trimestriels : à la recherche de « valeurs de bon père de famille » …

By 13 novembre 20233 Comments

Les derniers résultats trimestriels des entreprises ont donné lieu à des chutes spectaculaires en Bourse, émoussant au passage la confiance des investisseurs dans les marchés actions. Pourtant, il reste encore des sociétés solides dont les actions versent de beaux dividendes…

 

Les résultats trimestriels sont une mine d’information. Ils permettent de confronter les attentes des analystes avec la réalité opérationnelle des entreprises. Parce qu’ils sont souvent austères, bien peu d’investisseurs prennent la peine de les décrypter… ils sont pourtant irremplaçables pour valider, en cours d’exercice, les thèses d’investissement.

Bien sûr, une période de trois mois reste négligeable dans la vie d’une entreprise bien établie. Les surréactions des marchés face à des décalages d’encaissement, comme ce fut le cas pour Alstom il y a quelques semaines, sont la preuve que les trimestriels ne doivent pas être extrapolés plus que de raison.

Pour autant, lorsque la fin de l’année approche, les chiffres intermédiaires permettent de dégager une tendance claire pour l’exercice en cours. Avec neuf mois de recul, les données sont suffisantes pour esquisser des prévisions de résultat.

Aujourd’hui, nous passons en revue deux publications significatives. L’une confirme qu’un secteur adulé entre 2020 et 2022 doit être évité à tout prix. L’autre, bonne surprise, vient apporter un vent d’espoir dans les télécommunications, qui avaient pourtant perdu les faveurs des investisseurs lorsque la 5G a peiné à trouver son marché.

 

 

Maersk confirme le plongeon du transport maritime

Les derniers chiffres publiés par le danois Maersk confirment l’effondrement du fret maritime. Le temps béni de la reprise post-Covid, durant laquelle les armateurs mettaient aux enchères les places sur les porte-conteneurs, est révolu.

Finie la toute-puissance insolente qui permettait de ne plus garantir les places sur les bateaux jusqu’au jour du départ malgré un paiement comptant – quand ils ne débarquaient pas purement et simplement les conteneurs en cours de route, dans des pays étrangers, pour laisser une place à un client plus offrant.

Les armateurs peinent désormais à remplir leurs navires, et la guerre des prix est redevenue la norme.

Si vous êtes un lecteur de longue date de La Bourse au Quotidien, ce changement de situation ne vous surprendra pas. Dès le mois de février, je vous mettais en garde contre le revirement à prévoir du secteur du transport maritime. Entre septembre 2021 et novembre 2022, le coût d’embarquement d’un conteneur de 40 pieds entre l’Asie et les Etats-Unis était passé de plus de 10 000 $ à 2 000 $ – une division par cinq alors que le cours de Bourse du transporteur Maersk n’avait perdu que 20 %.

Il était pourtant évident qu’après une phase de hausse aussi brutale des prix de marché dans un contexte de coûts stables, un effet ciseaux défavorable allait se matérialiser dans les comptes.

Cet appel à la prudence anticipé était pleinement justifié, comme le prouvent les résultats du T3 2023 de Maersk. Au cours du troisième trimestre, le numéro deux mondial du transport maritime a vu son chiffre d’affaires plonger de -47 % par rapport à l’an passé.

Il s’est contracté, en 12 mois, de 22,7 Mds$ à 12,13 Mds$. La génération de cash-flow, qui était positive à +7,8 Mds$ en 2022, est tombée dans le rouge à -124 M$. Après consolidation, le bénéfice net s’est effondré de 8 817 M$ à 489 M$, ce qui représente un plongeon de -94 % sur un an.

Avec une économie mondiale à la limite de la contraction, aucun rebond d’ampleur n’est à attendre en ce qui concerne le transport mondial de marchandises.

Pour Maersk, cela signifie un retour accéléré à la normale. Même avec 6 500 postes supprimés durant les neuf premiers mois de 2023, le transporteur prévoit un nouveau plan de réduction d’effectifs qui devrait faire passer le nombre d’employés sous les 100 000. Cette coupe franche dans les dépenses devrait faire économiser 600 M$ dès le prochain exercice, mais cela ne sera probablement pas suffisant pour que les bénéfices repartent à la hausse.

Selon les estimations de Bloomberg Intelligence, la rentabilité ne devrait pas remonter avant deux ans au plus tôt. Cette estimation, qui peut sembler pessimiste et attentiste, est en fait plutôt généreuse lorsque l’on sait que Maersk était un habitué des pertes sur la période 2015-2020. Il est tout à fait possible que les années 2020-2022 n’aient été qu’une parenthèse enchantée dans un secteur structurellement déficitaire.

Les trimestriels en berne confirment donc que, malgré la baisse de l’action de -38 % cette année, Maersk n’est toujours pas une entreprise value.

 

Trimestriels_action_Maersk_231113

Même 38 % moins chère qu’au 1er janvier, l’action Maersk reste à éviter.

 

 

Les trimestriels de BT dans le vert

Autre secteur, autre son de cloche.

Le britannique BT (British Telecom), a pour sa part signé des chiffres trimestriels sous le signe de la croissance. L’opérateur de télécommunications a engrangé un bénéfice avant impôts dépassant les 1,1 Md£. Dans un contexte inflationniste où les fournisseurs de services ont de plus en plus de mal à faire valoir leur pricing power pour rétablir leurs marges, cette augmentation de +29 % en un an sonne comme une douce musique auprès des investisseurs.

La performance est d’autant plus remarquable que le chiffre d’affaires est resté quasi-stable, à un peu plus de 10 Mds£. Dans le même temps, la génération de cash-flow libre a bondi de +613 %, en passant de 64 M£ à 456 M£.

Cette augmentation de la rentabilité à périmètre constant est le signe que le plan drastique de réduction des coûts entamé en 2020 commence à porter ses fruits. D’un montant dépassant désormais les 2,5 Mds£ par an, il devrait atteindre les 3 Mds£ par an avec une réduction d’effectifs supplémentaire de 42 000 personnes d’ici à 2030.

Au total, BT aura supprimé près de la moitié de ses effectifs (-42 %) sur la période. Selon le PDG Philip Jansen, qui cédera sa place l’an prochain à Allison Kirkby, le groupe est désormais sur une trajectoire de « croissance prévisible ». Les questions administratives au sujet du déploiement de la fibre et de la 5G au Royaume-Uni ont été résolues, et un accord a été trouvé au sujet de l’épineux dossier des pensions (BTPS).

L’avenir nous dira si l’opérateur parvient à maintenir sa qualité de service, donc sa capacité à facturer, avec ces effectifs réduits. Mais si le pari est réussi, une telle diminution de la masse salariale, qui a déjà réussi à ancrer les résultats dans le vert, pourra faire de nouveau du titre une valeur de rendement qui mérite d’être mise en fond de portefeuille pour le long terme – d’autant que les risques qui pesaient sur le groupe ont été largement réglés ces douze derniers mois.

Le dividende, supérieur à 6 % par an ne gâche rien pour les investisseurs à la recherche d’actions « de bon père de famille ».

 

Trimestriels_action_BT_231113

Le titre BT semble avoir trouvé son plancher, et rémunère ses actionnaires plus de 6 % par an.

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