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HighTechMatières Premières

Le bourbier du nickel

By 21 juin 2023No Comments

Urgence climatique oblige, Etats et professionnels de l’automobile donnent la priorité à la production de véhicules moins polluants. Néanmoins, les matériaux et les méthodes d’extraction employés pour y parvenir ne sont pas toujours écologiques. Le problème se pose notamment pour le nickel, métal incontournable dont l’exploitation a un coût environnemental important.

 

La demande en faveur du nickel a flambé ces trois dernières années.

Ce métal est très recherché car il entre dans la production des batteries destinées aux véhicules électriques (VE).

Le nickel a une densité d’énergie extrêmement élevée. Il est également relativement répandu et, par conséquent, plutôt abordable.

Les Etats-Unis, la Chine, et la plupart des pays d’Europe de l’Ouest ont mis en place des subventions en faveur des consommateurs et des constructeurs automobiles pour stimuler l’adoption des VE.

Et cela fonctionne.

Observez l’effet que la popularité grandissante des VE a exercé sur la demande en faveur du nickel, et dans quelle proportion cette demande pourrait augmenter à l’avenir.

 

Nickel_demande_230621 

Demande de nickel pour batteries exprimée en tonnes

Source : Benchmark Mineral Intelligence

 

Comme il faut de plus en plus de nickel pour les batteries de VE, l’exploitation minière a pris ses distances avec le nickel provenant de Chine et de Russie, qui nécessite une extraction en profondeur. A la place, le nickel indonésien, plus accessible, est devenu extrêmement populaire.

 

Nickel_indonesie_230621

 

A compter de 2022, l’Indonésie a assuré environ la moitié des exportations de nickel destiné aux batteries de VE dans le monde.

En ce moment, la demande mondiale est satisfaite. Nous opérons une transition vers des méthodes d’extraction plus écologiques. Tout le monde est content et tous nos problèmes sont réglés.

Sauf que…

 

Il y a un hic

« Plus écologique » ne signifie pas forcément que les méthodes indonésiennes d’extraction du nickel n’entraînent aucune conséquence grave.

Une grande partie des sites miniers du pays se situe dans des forêts : la destruction d’une partie de cet écosystème est donc nécessaire si l’on veut installer des usines d’extraction et de raffinage.

Le transport est également un problème, dans la mesure où plusieurs sites sont situés sur des îles uniquement accessibles par bateau, ce qui exige la mise en place d’un réseau [logistique] peu efficient entraînant une pollution inutile.

L’autre gros problème que posent les méthodes pratiquées par ce pays est le suivant : la façon dont le nickel est raffiné après extraction.

L’Indonésie utilise le procédé HPAL (High Pressure Acid Leaching). Il s’agit d’une méthode de lixiviation acide, traitement qui emploie des pressions et des températures très élevées pour séparer le nickel de son minerai. Ce procédé HPAL engendre environ deux fois plus de pollution que celle que génèrent les activités de raffinage du Canada et de la Russie.

Les faibles restrictions imposées par l’Indonésie sur l’extraction du nickel mettent les constructeurs de VE dans une situation difficile.

Les défenseurs de l’environnement dénoncent les méthodes d’extraction et de raffinage pratiquées en Indonésie, mais le pays semble résolu à développer ce secteur qui est devenu un pilier de son économie.

Par conséquent, aucun changement ne semblant se produire à la source, le fardeau a été transféré aux constructeurs de VE qui achètent tout ce nickel mais s’efforcent également de préserver leur image sur le plan écologique.

Pris entre le marteau et l’enclume (ils ont besoin d’un produit qui crée des dégâts sur l’environnement et leurs gouvernements encouragent une forte expansion des VE), ces constructeurs sont confrontés à un dilemme perdant/perdant.

Anry Satrio Nugroho, de l’Institute for Development of Economics and Finance, a déclaré ceci, à ce propos…

« Les investisseurs se disent, par exemple, que s’ils investissent en amont en Indonésie et que les normes environnementales ne sont pas respectées, leurs entreprises seront pénalisées par les marchés et les consommateurs ».

Tesla Inc. (NASDAQ : TSLA) a tenté de gérer ce dilemme en s’approvisionnant en nickel provenant de Nouvelle Calédonie, et son P-DG, Elon Musk, s’est exprimé ouvertement sur la nécessité du nickel dans l’industrie des VE. Il a déclaré que Tesla offrirait un contrat à long terme à toute entreprise capable d’extraire du nickel de façon écologique, et précisé que ces limites constatées dans l’approvisionnement du nickel représentaient le « principal goulet d’étranglement » pour le constructeur.

La disponibilité de ces métaux étant un enjeu majeur de la transition vers les VE, je ne manquerai pas de revenir vers vous régulièrement sur cette thématique.

 

A un avenir radieux !

Ray Blanco

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