Si les constructeurs de véhicules électriques (VE) occidentaux n’avaient pas encore remarqué la présence croissante de la Chine sur ce marché, il est clair que c’est désormais chose faite. Subventions, protectionnisme et guerre de territoire ont permis au pays de tirer son épingle du jeu et, dorénavant, de dominer l’écosystème autant que le marché…
La Chine est un gigantesque exportateur – de toutes sortes de choses. Mais, ce statut a longtemps eu du mal à se propager aux voitures… ce qui est sur le point de changer.
En effet, avez-vous vu passer cette nouvelle ?
La Chine est devenue le premier exportateur automobile du monde. Le pays a dépassé le Japon au premier trimestre 2023. Une performance que l’on doit à l’écosystème que développe depuis 2009 l’empire du Milieu autour des véhicules électriques.
Subventions, protectionnisme et guerre de territoire
L’urgence du changement climatique aidant, la Chine a beaucoup misé sur le transport, en s’orientant vers des solutions plus propres telles que les VE.
Elle a par exemple proposé des aides aux personnes qui achetaient des véhicules électriques. Elle a aussi subventionné les fabricants de VE et les opérateurs de bornes de chargement. Elle s’est imposée sur le marché du raffinage du lithium nécessaire aux batteries des VE.
Comme vous pouvez le constater, elle n’a rien laissé au hasard. Ce qui a contribué à la récente croissance – explosive ! – de ses exportations de voitures.
Nombre de voitures exportées chaque mois par la Chine
Cette politique de la carotte par les subventions s’est bien évidemment accompagnée de sa petite sœur au bâton : le protectionnisme. Ainsi, pour bénéficier des généreuses aides du Parti, les voitures devaient être intégralement chinoises (fabriquées en Chine et munies de batteries chinoises).
De quoi donner un sérieux coup de pouce aux entreprises nationales telles que Contemporary Amperex Technology et BYD.
De leur côté, les Etats-Unis ont fait de même.
Ils ont aussi offert des aides colossales aux constructeurs de véhicules électriques, et activement incité les conducteurs à abandonner les voitures à essence. Les subventions accordées dans le cadre de la loi IRA (Inflation Reduction Act) ont déjà attiré des fabricants étrangers d’importance cruciale pour la production de VE, ainsi que d’autres solutions d’énergie alternative.
Mais, manifestement, cela n’a pas empêché la Chine de prendre le contrôle de ce nouveau marché émergent.
Et que dire des sanctions américaines infligées à la Russie en raison de la guerre en Ukraine ? Elles ont permis aux exportations de la Chine vers la Russie de plus que tripler, entre les quatre premiers mois de l’année 2022 et la même période en 2023, atteignant un total de 6,1 Mds$. En 2022, la Chine représentait 35 % des exportations de VE dans le monde.
Quand Shanghai fait le show
Pendant des années, la Chine est passée sous les radars, sur le terrain des véhicules électriques. Mais tout a changé au mois d’avril, au Salon automobile de Shanghai.
Il a permis au pays de sortir de l’ombre en fanfare, et donné au passage un coup de semonce aux patrons des marques automobiles occidentales. Ce salon ayant révélé au monde entier tout le chemin parcouru par la Chine dans le domaine des VE.
Voici ce qu’a déclaré Tu le, de Sino Auto Insights, à propos des représentants américains et européens, lorsqu’ils ont découvert tous les nouveaux modèles de VE fabriqués en Chine :
« Ils entendent le bruit de la portière qui se referme, s’assoient à l’intérieur et observent la qualité des matériaux, le tissu ou le plastique sur le tableau de bord, et là, il se disent [encore] ‘bon sang ! Ils nous ont rattrapés’. »
Les constructeurs occidentaux, y compris Tesla, ont été pris au dépourvu. Alors qu’ils se débattent déjà avec une augmentation des coûts résultant de la hausse du prix du lithium (contrôlé par la Chine) qu’ils importent, non seulement leurs parts de marché diminuent, désormais, mais ils ont carrément perdu l’avantage.
Ventes de voitures dans le monde au 1er trimestre 2023
(les constructeurs chinois sont en caractères gras)
Dans un contexte où l’on anticipe une augmentation exponentielle de la demande en faveur des VE (et des exigences), et face au super exportateur qu’est la Chine, la lutte va probablement être acharnée, pour reprendre le contrôle.
