Skip to main content
Bitcoin, Ethereum & CieDevises & Cryptos

Un vendredi noir pour les marchés… et pour les cryptos ?

By 29 novembre 2021No Comments

Si le Black Friday a été un succès commercial, ses répercussions sur les marchés étaient tout autres. Et pareil sur le segment des cryptos ! Une seule affiche une jolie progression. Vous devinez laquelle ? Philippe Béchade passe à l’analyse.

 

Si les places boursières ont subi leur plus lourde correction depuis fin octobre 2020, le pétrole sa plus forte chute en une séance (-12%) depuis 18 mois, les crypto-actifs ont été eux aussi victimes vendredi d’une intensification du phénomène de « risk-off ». La star des cryptos a chuté de 8% vers 53 600 $ vers 13h, puis 53 500 $ dimanche vers 19h… Mais rassurez-vous, elle a repris 4% au cours des heures suivantes et affiche 55 600 $.

Le Bitcoin a donc provisoirement enrayé une glissade enclenchée le 10 novembre après inscription d’un nouveau zénith vers 68 900 $ et il est passé en territoire de correction (repli de -20%) le 26 novembre. Et nous n’en étions pas encore ressortis dimanche soir.

Il préserve également l’essentiel, c’est-à-dire un support oblique moyen terme qui gravite vers 51 100 $ et qui croisera le support horizontal des 53 000 $ (ex-zénith des 6 et 7 septembre) d’ici une semaine (le 6 décembre).

Du jamais vu au XXIème siècle, le coup de stress sur les marchés survenu un jour de Black Friday aux Etats-Unis s’est conjugué pour les cryptos avec un gros « sell-off ». Ce dernier s’était d’ailleurs enclenché en Inde le 24 novembre alors qu’un nouveau projet de loi visant à réglementer les monnaies virtuelles « privées » – et en limiter l’usage – sera présenté lors de la session d’hiver du Parlement.

La Banque Centrale Indienne a réitéré ses graves inquiétudes concernant cette classe d’actifs non régulés alors qu’elle doit elle-même lancer sa propre devise numérique avant la fin de l’année. Le message est clair pour les détenteurs de cryptos libres : la Banque Centrale et le gouvernement indien ne tolèreront pas la concurrence.

La cryptomonnaie du Metaverse !

Il y aurait en Inde, selon les estimations de plateformes de trading de 15 à 20 millions de particuliers investis sur les cryptos, pour un encours de 5,5 Mds$. Cela reste marginal en regard des 2 500 Mds$ de capitalisation des 8 500 cryptos listées par Investing. Et d’autres sites en recensent plus de 10 000 !

Bref, la tendance est clairement baissière depuis une semaine (-10% en moyenne), et une « crypto » se démarque spectaculairement : il s’agit de Decentraland (code abrégé MANA). Le Decentraland a bondi de 30% dans l’intervalle, passant du 33ème au 23ème rang des plus gros altcoins avec 8,88 Mds$ de capitalisation, devançant des noms historiquement célèbres comme VeChain, Stellar, Elrond…

Mais ce n’est pas le plus impressionnant : il y a un mois jour pour jour, le Decentraland ne valait que 0,75 $. Il flirte aujourd’hui avec les 5 $, soit 620% de hausse.

Que s’est-il passé ? Et surtout que continue-t-il à se passer ?

Le Decentraland est tout simplement la monnaie d’un de ces nouveaux univers parallèles qui se développe dans le Metaverse.

Techniquement, le Decentraland est une plate-forme/market-place située dans le metaverse, c’est-à-dire partout et nulle part dans le Cloud, et qui permet l’échange de NFT (jetons non fongibles ou « objets virtuels cryptographiques uniques »)et prouvant la propriété d’actifs numériques aussi divers que des œuvres d’art, des certificats de valeur (définition d’un « Token ») et même des titres de propriété de terrains immobiliers virtuels (si, si !) qui peuvent être loués ou rachetés (et accessoirement donner droit au versement d’un loyer) sous forme de jetons.

En l’occurrence, les jetons = Decentraland, l’unité de compte numérique du metaverse.

Et pendant que les marchés financiers dégringolaient, un titre de propriété 100% virtuel vient de s’échanger pour un montant record de 618 000 MANA (ou Decentraland) en fin de semaine dernière. On parle de l’équivalent de 2,43 M$, autrement dit plus du double du précédent record de 913 000 $.

Nous parlons bien d’un terrain qui n’a aucune existence réelle et qui n’est adossé à aucun bien immobilier réel (comme une part de SCI), mais qui est acheté en convertissant des dollars bien réels en crypto Decentraland. Il est vrai que les dollars ont d’abord été convertis en Bitocin et en Tether, et cela ne devrait pas nous étonner que ce procédé se poursuive…

Ce fameux terrain virtuel a été vendu à la société immobilière virtuelle Metaverse Group et elle compte y construire des lieux virtuels permettant de « faciliter les défilés de mode virtuels et le commerce au sein de l’industrie de la mode numérique en plein essor ». En effet, Metaverse Group planifie déjà des partenariats avec plusieurs marques de mode existantes pour développer leurs offres de e-commerce dans le metaverse.

Et je suppose que ce sera pour vendre des modèles de vêtements virtuels totalement exclusifs sous forme de NFT. Y aura-t-il des mannequins virtuels permettant à n’importe à quel internaute (homme ou femme, jeune ou vieux) de faire arpenter les catwalks à son avatar doté de tous les canons de beauté.

Il suffira peut-être de les acheter avec des MANA, tout comme les gamers s’achètent des tenues et des pouvoirs pour franchir plus vite des étapes dans des jeux collaboratifs sur les réseaux. Je pense à des jeux type League of Legend, Call of Duty, Apex Legend, Fortnite… qui proposent déjà ce genre de boutiques « d’accessoires » en ligne, avec la possibilité pour certains de payer en Bitcoin.

Compte tenu de la laideur et de la décadence d’un monde réel où il n’est plus question que de virus, de variants, de confinement et de ségrégation, qui sembler basculer chaque jour un peu plus du côté du totalitarisme et de la « société du contrôle », la tentation de consacrer ses loisirs à se construire un monde virtuel selon ses propres critères pourrait vite monter en puissance.

Est-ce que Mark Zuckerberg anticipe que le monde de demain – qu’il a contribué à forger en virtualisant les rapports humains et en abolissant la vie privée – sera un tel enfer et un tel repoussoir que notre équilibre mental ne pourra être rétabli que par un investissement (psychologique et financier) dans un metaverse, en forme de paradis virtuel, que chacun se confectionnerait sur mesure ?

Dans ces conditions, le Decentraland a un bel avenir devant lui ; le monde réel, c’est moins sûr !

Laisser un commentaire

FERMER
FERMER
FERMER