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Un peu de salade génétiquement modifiée ?

By 20 décembre 20234 Comments

Une nouvelle génération d’aliments pourrait bientôt envahir nos assiettes. Mais contrairement aux OGM, ces produits issus de l’édition génomique ne sont modifiés qu’avec leur propre ADN. Le but ? Rendre l’agriculture moins sensible à la sécheresse, ajouter des bienfaits nutritifs à certains fruits et légumes, … et même créer des espèces de vaches à poil court qui supportent mieux la chaleur !

 

Avez-vous déjà entendu parler de l’édition génomique ? D’après une définition de l’Inserm, ce procédé « consiste à modifier le génome d’une cellule avec une grande précision. [Grâce à lui] il est possible d’inactiver un gène, d’introduire une mutation ciblée, de corriger une mutation particulière ou d’insérer un nouveau gène ». Il est notamment utilisé dans le cadre du développement de médicaments conçus pour traiter des maladies génétiques.

L’exemple le plus connu est la technologie CRISPR. Une thérapie génique basée sur cette technologie vient d’ailleurs d’être autorisée aux Etats-Unis par la FDA (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux), dans le traitement de la drépanocytose, une maladie génétique qui touche les globules rouges.

Mais vous ignorez probablement que la technologie CRISPR a été utilisée outre-Atlantique pour éditer le génome de certains aliments que nous consommons très régulièrement.

 

Un nouveau label « qualité »

Une entreprise de Caroline du Nord, Pairwise, a ainsi fait retirer le piquant caractéristique des feuilles de moutarde tout en conservant leurs fortes valeurs nutritionnelles. Cette variété portant son label Conscious™ Greens, est devenue le premier légume vert au génome édité commercialisé aux Etats-Unis.

Pairwise espère que ses salades labellisées Conscious™ Greens seront meilleures pour la santé que les variétés classiques de type iceberg, romaine ou batavia. Bien qu’elles ne soient disponibles que dans certains restaurants sélects de quelques villes seulement, Pairwise a l’intention d’élargir bientôt la distribution aux magasins d’alimentation de la région Nord-Ouest Pacifique aux Etats-Unis.

Si le fait de rendre un type de salade plus attractif aux yeux d’une population plus vaste peut passer pour une toute petite avancée qui est loin de résoudre la faim dans le monde, c’est une étape très importante permettant de révéler le potentiel de l’édition génomique.

L’amélioration des rendements est l’objectif le plus évident dans le domaine de l’édition génomique des fruits et légumes. Des récoltes plus importantes, une résistance accrue aux insectes, aux maladies, et des récoltes plus rapides contribueraient énormément à atténuer les pénuries alimentaires, et à faire baisser le prix des fruits et légumes dans votre magasin d’alimentation.

Au-delà de la création d’une plus grande quantité de nourriture, l’édition génomique pourrait également permettre de « concevoir » des fruits et légumes exigeant moins d’eau. Ce serait un avantage évident, particulièrement dans les exploitations agricoles exposées à la sécheresse.

En dehors de Pairwise, l’édition génomique est actuellement utilisée en vue d’offrir plusieurs autres avantages potentiels : augmenter le nombre de grains sur un épi de maïs et rendre les cacaoyers plus résistants aux maladies par exemple.

L’édition génomique a même été pratiquée sur du bétail : en effet, la technologie CRISPR a été utilisée pour raccourcir le poil des vaches afin qu’elles supportent des températures plus élevées.

 

Edition génomique: le marché libre fait la loi au supermarché

L’USDA (Département américain de l’Agriculture) a déjà décidé que les fruits et légumes dont le génome avait été édité n’étaient pas à proprement parler des OGM (organismes génétiquement modifiés), lesquels sont considérés depuis longtemps comme une version malsaine de produits « naturels ».

L’édition génomique n’utilise que le propre ADN d’une plante pour renforcer de manière sélective ses traits positifs tout en retirant ceux qui sont négatifs. En revanche, la création d’un OGM suppose l’introduction de matériel génétique étranger, ce qui pourrait entraîner des réactions allergiques inattendues et peut-être accroître la résistance aux antibiotiques.

Mais ce n’est pas parce que les régulateurs ont déjà adoubé les légumes labellisés Conscious™ Greens et les futurs aliments dont le génome aura été édité, que la voie est clairement ouverte à ces aliments modifiés.

Selon une étude de 2022, la réticence à consommer des aliments considérés comme « modifiés » est encore très forte, dans la mesure où 75% des gens souhaitent que cette modification soit mentionnée sur les étiquettes des aliments.

Christopher Cummings, qui a réalisé cette étude, a déclaré ceci :

« Les gens veulent savoir comment sont produits leurs aliments. Ils ne veulent pas se sentir dupés. L’avantage de la vente directe au consommateur (DTC) ne s’est pas manifesté dans beaucoup de produits alimentaires technologiques, ces trente dernières années. Pour que les aliments dont le génome a été édité décollent réellement, ils doivent offrir un avantage clair et direct aux gens, en les aidant sur le plan financier ou nutritionnel. »

Alors que le marché n’a pas encore décidé du sort réservé aux légumes labellisés Conscious™ Greens de Pairwise, un aliment modifié par la technologie CRISPR a déjà été commercialisé en dehors des Etats-Unis : en 2021, la société Sanatech, à Tokyo, a commercialisé une tomate dont le génome avait été édité afin d’augmenter sa teneur en acide γ-aminobutyrique, ce qui – selon cette entreprise – permet d’atténuer le stress et de diminuer la tension artérielle.

Les marchés japonais, avec leurs célèbres pastèques carrées immangeables, ne sont certainement pas représentatifs du sentiment des consommateurs américains ou du reste du monde.

Le temps nous dira si CRISPR et d’autres technologies d’édition génomique pourront se développer avec succès au-delà du domaine médical et jusque dans nos cuisines.

 

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ce serait un problème, pour vous, de consommer des aliments génétiquement édités ? Mangeriez-vous plus volontiers des fruits et légumes dont le génome a été édité, plutôt que de la viande ? Pensez-vous que les autorités européennes pourraient valider la commercialisation de ces produits ? N’hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires !

 

 

Ray Blanco

Ray Blanco a travaillé pour l'une des sociétés de gestion de patrimoine les plus prospères des Etats-Unis (plus de 30 milliards de dollars d'actifs sous gestion). Spécialiste des nouvelles technologies et véritable passionné, il constitue le trait d’union entre innovation et expertise financière et boursière. Dans ses lettres, il aide ses lecteurs à sélectionner les meilleures opportunités de gains parmi les valeurs phares de demain. Ses analyses vous permettront de vous positionner en suivant des idées claires et concrètes.

4 commentaires

  • Avatar Benoist JC dit :

    Très intéressant et plein de promesses pour répondre aux contraintes qui esxistent déjà et ne feront que s’amplifier dans les années à venir.
    Personnellement, je consommerai ces produits sans difficulté et même avec plaisir si leurs apports nutritionnels sont augmentés et/ou améliorés.
    JC Benoist

  • Avatar KRESSMANN dit :

    Merci pour cet article très clair et qui montre bien les bénéfices que les consommateurs peuvent attendre de l’utilisation de ces nouvelles techniques pour améliorer les plantes. Les députés europêens devraient le lire avec attention avant de se prononcer sur la reglementation des NBT en cours d’examen.

  • Avatar BollYogi dit :

    Avec. un ë|tiquetage approprié et clair, pourquoi pas?bEt +++ de GOUT 😉!!!
    Cependant,ce n’est pas le cas actuellement pour les HYBRIDES F1 ( bio ou pas) alors que ce sont des espèces mutantes dont on ne peut replanter SAINEMENT les. Graines car elles DEGENERENT…

    90% de ce qui est alimentaire et vient des States est mauvais ou malsain a court,moyen ou long terme..

    CULTIVONS NOTRE JARDIN AVEC DE BONNES GRAINES ACCLIMATEES
    Et Mère Nature nous remerciera…🙏🌿

  • Avatar PATRICE ALBERGE dit :

    les sociétés agro n’ont qu’un objectif s’approprier les génomes pour construire leur fortune et celles des actionnaires là-dessus. C’est déjà en grande partie le cas pour les céréales avec tous les dégâts périphériques créées comme l’hécatombe des abeilles.
    Si la propriété du génome modifié reste à l’entreprise, il ne fait surtout pas aller dans cette voie. En tout état de cause, il est impératif que l’UE édicte des lois sur le sujet avant que cela n’arrive afin que nous ne soyons pas contraints de supporter des produits de traitement dont on ne peut pas se débarRasser.

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