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Quand la monnaie devient un mensonge…

By 13 septembre 2021janvier 23rd, 2023One Comment

Philippe Béchade est formel : quand la monnaie devient un mensonge, toute l’économie devient un mensonge. On ne peut plus se fier à rien. Pas même aux banques centrales.

 

L’inflation devient un mensonge. Le niveau de vie de la majorité des citoyens devient un mensonge alors même que celui des privilégiés du système devient inavouable. Les marchés deviennent un mensonge puisque plus aucun prix n’est vrai. Il en va de même pour la santé financière apparente des entreprises, leur notation par les agences, etc.

Ceux qui nous lisent depuis longtemps doivent se dire que je viens d’exhumer une vieille chronique de 2012 ou de début 2015 : je pense entre autres au « quoi qu’il en coûte de Mario Draghi » ou au « Q-E infinity » de la BCE.

Mais rassurez-vous, beaucoup de chose se sont passés depuis 2012.

Le « bilan » de la BCE s’est accru de +6 200 Mds€ en 7 ans. Nous sommes même sur le point de le voir franchir le cap des 8 300 Mds€. Et passer ainsi la barre symbolique 10 000 Mds$. Ce sera chose faite d’ici le 30 septembre 2021.

Bien sûr, je n’aurais pas manqué de l’évoquer, et à plus forte raison si cela avait coïncidé avec un re-test des 6 944 points par le CAC40, soit un peu plus de 19 600 points pour le CAC40 « GR ».

Le retour du « quoi qu’il en coûte »

Non, le premier paragraphe de cette chronique n’est pas non plus un nouvel avertissement adressé à la BCE. Ce serait un peu à contretemps, j’en conviens. En effet, la BCE parle de « recalibrer » son PEPP (une sorte de super-« QE » post pandémie de 1 850 Mds€), c’est-à-dire de réduire avec mille précautions ses injections de liquidités mensuelles. Dont le cumul s’élève à plus de 3 600 Mds€ en 18 mois d’ici fin septembre. Cela semble faire 200 Mds€ par mois… c’est un peu plus compliqué, car les montants ont varié dans l’intervalle. Mais globalement, le système est saturé de liquidités.

Non, le premier paragraphe ne fait que traduire l’état des lieux tel que le décrivent plusieurs « brokers » et banquiers de la place parisienne. Ces derniers nous dévoilent leurs stratégies pour le prochain trimestre, c’est-à-dire les 14 semaines qui nous séparent de la fin de l’année.

Bien sûr, la question d’une réduction du PEPP de 10 à 15 Mds€ par mois, jusqu’à son extinction en mars 2022 est beaucoup débattue. Mais les craintes d’impact négatif sur les marchés sont largement tempérées par la BCE. La Banque Centrale Européenne ne va pas relever ses taux avant 2024 ou 2025. Si et seulement si les conditions économiques et sanitaires le permettent.

Et la BCE ne va pas retirer le soutien à l’économie qu’elle orchestre grâce à d’autres programmes et instruments. Elle va donc continuer d’imprimer de l’argent magique, beaucoup d’argent magique, et pour très longtemps encore.

Et si un nouveau « variant » du Covid-19 venait torpiller la reprise, la planche à billet de la BCE se remettra à tourner à plein régime.

Et si l’inflation ressurgit ? Trêve de balivernes et de peurs irrationnelles : c’est un phénomène transitoire puisque les salaires stagnent et que le prix du pétrole et des composants électroniques devrait rebaisser en 2022.

D’ailleurs, la fin du « quoi qu’il en coûte » signifie moins d’argent pour les chômeurs, les hôteliers, les restaurateurs, les spécialistes de l’événementiel, etc.

De quoi écarter le risque d’une inflation par la demande cet automne. Oui, mais la transition énergétique pourrait s’avérer inflationniste !

On verra bien… car la préoccupation du moment, c’est de lancer ce « grand reset » de nos modes de consommation énergétique. Et c’est parti pour 10 ans minimum ! La BCE a déjà annoncé qu’elle était prête à mettre beaucoup d’argent sur la table pour financer la réduction des émissions de CO², et la FED se montre tout aussi proactive.

La seule question que personne ne se pose, c’est « comment allons-nous rembourser tous ces investissements ? » Parce que c’est un secret de polichinelle… La BCE imprimera encore plus d’argent pour rembourser nos dettes. C’est le mécanisme bien connu du roulement éternel de la dette.

La planche à billets toujours en marche !

Pour résumer ce qui précède : aucun retour à une forme de normalité n’est anticipé dans un avenir prévisible par les stratèges.

Quel que soit le problème, la BCE sera là.

Quel que soit le problème, la BCE le résoudra en imprimant de l’argent, c’est-à-dire en corrompant la valeur de la monnaie.

Et pourquoi continuerait-elle ainsi indéfiniment ? Parce qu’absolument tous les professionnels ont maintenant la certitude qu’elle n’a plus le choix. Les vaccins « ARN » n’ont pas éradiqué le Covid-19 comme la plupart des gouvernements nous le promettaient, il n’y aura pas de « retour à la normale » sur le plan sanitaire, donc il y aura toujours besoin de soutenir des pans entiers de l’économie (secteur aérien, loisirs, commerce de détail, etc.).

Il n’y aura définitivement pas de retour au monde d’avant. Pas de retour aux politiques monétaires orthodoxes puisqu’aucun Etat ne serait en mesure de rembourser ses dettes.

Mais la vraie vérité, celle qui ne peut être dite au 20h, c’est que la crise sanitaire de mars 2020 a permis de pérenniser la planche à billet peu avant le plongeon de Wall Street et du CAC40 fin février. Elle n’avait d’ores et déjà comme seule justification d’éviter la désintégration de la « bulle de tout ».

La crise du Covid-19 a permis de justifier une fuite en avant sans précédent dans la création monétaire qui débouche inexorablement sur la hausse des actifs financiarisés. Et donc – mécaniquement – sur l’accroissement sans limite de la richesse des 1% qui détiennent 82% des actions, lesquelles capitalisent l’équivalent de 142% du PIB mondial.

Une toute bête règle de 3 permet de constater instantanément que les 1% détiennent presque 115% de la richesse créée sur la planète en une année par les 99 autres pourcents.

Et cela leur permet de détenir 100% des réseaux sociaux, 90% des médias presse/radio/TV, et donc de contrôler ce qui se dit de la façon dont fonctionne le système… Et de faire en sorte qu’il soit encensé et que personne ne puisse s’exprimer suffisamment fort pour le remettre en cause.

Les banques centrales avaient fait du système financier un énorme mensonge. De l’économie de marché, un système administré à la chinoise, et proche du basculement dans l’hyperinflation.

Toutes ces vérités étaient sur le point d’éclater – comme toutes les bulles – début 2020 et l’excès d’argent destiné à sauver les marchés a pu être noyé avec encore plus d’argent – pour des motifs sanitaires – sous les vivats de l’opinion publique qui s’émerveille de ce basculement dans un monde où tout est subventionné par de l’argent magique.

Qui voudrait qu’un tel miracle cesse ? Qui voudrait voir rechuter la valorisation des actifs financiers ?

Qui ne préfère pas un mensonge confortable à la nécessité de devoir régler l’addition ?

Et en ajoutant une seule lettre, comment les investisseurs pourraient-ils renoncer à leur addiction à ce mensonge que leur enrichissement est la juste rémunération d’une prise de « risque » ? Alors même que les banques centrales n’ont plus d’autre priorité que de l’anéantir, en subvertissant en permanence les mécanismes du marché par une « monnaie-mensonge ».

Ce qui justifie bien le titre : quand la monnaie devient un mensonge, toute l’économie le devient aussi.

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