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Perspectives 2022… d’autres pistes, certaines purement virtuelles

By 10 janvier 2022janvier 23rd, 2023No Comments

En avant 2022 ! Philippe Béchade s’intéresse aux nouvelles pistes d’investissements qui vont rythmer cette nouvelle année.

 

Les « oracles » de la Bourse ont désormais tous présenté leurs prévisions pour 2022. Nous passerons très vite sur l’incontournable hausse de 10% dans un marché qui ne « progressera pas en ligne droite » pour nous intéresser aux deux thématiques principales qui se détachent de leurs réflexions.

  1. Evaluation de l’impact d’une normalisation de la politique monétaire de la FED : quel calendrier, jusqu’où peut-elle aller pour juguler l’inflation sans plomber la reprise ?
  2. Les constituants de la dynamique haussière des indices bourriers semblent intacts, les alternatives aux actions restent inexistantes, à plus forte raison si les bons du Trésor poursuivent le repli amorcé le 20 décembre, au lendemain des « 4 sorcières » du 17 décembre dernier.

C’est ce second thème qui semble le plus inspirant parce qu’il explique la trajectoire des marchés en 2021, en dépit des anticipations d’extinction des « QE » (FED) et PEPP (BCE) en mars.

Examinons en détail ces « constituants »

Les entreprises du S&P500 (et les multinationales du CAC40) prévoient de dépenser encore plus en rachats d’actions en 2022, après 1 050 Mds$ de « buybacks » en 2021, dont 234,6 Mds$ au troisième trimestre et plus de 250 Mds$ au quatrième trimestre (chiffre non définitif).

La plupart des multinationales sont gorgées de liquidités importantes : les entreprises du S&P500 détenaient 3 780 Mds$ de trésorerie et d’équivalents de trésorerie (actifs réalisables pour financer une opération ou saisir une opportunité du jour au lendemain) à la fin du troisième trimestre 2021 contre 3 410 Mds$ fin septembre 2020 et seulement 2 190 Mds$ en 2019…

Plus fondamentalement, malgré un consensus tablant sur un loyer de l’argent augmenté de 100 points de base d’ici fin 2022, les conditions financières vont demeurer les plus accommodantes jamais enregistrées aux Etats-Unis en 108 ans.

La Réserve fédérale ne devrait guère pénaliser les entreprises faisant un large usage du crédit avec des taux réels qui seraient ramenés de -680 à -500 points d’ici un an, selon les modèles des économistes de Goldman Sachs.

Ils produisent une matrice de prédiction suivi de près par Wall Street qui prend en compte les changements de tendance boursiers américain, les mouvements du dollar et les coûts de financement par emprunt sur les marchés de capitaux… quasiment au plus bas de l’histoire puisque la catégorie « junk » rapporte à peine plus que du « BBB » il y a deux ans, avant crise.

Les bons du Trésor US devraient cependant se dégrader cette année et cela entraînera des hausses de rendement sur l’ensemble des « notations », les émissions en euro finiront par s’engager sur la même pente, à mesure que plus de pays, qui ont déjà devancé les Etats-Unis avanceront dans leur cycle de hausse des taux.

Comme le TINA bénéficiant aux actions fait partie du postulat de départ en 2022, j’imagine que plusieurs alternatives vous sont venues à l’esprit, comme les crypto-actifs, l’immobilier ou le marché de l’art.

De ce trio, c’est le marché de l’art qui a surclassé les deux autres en 2021 : ce n’était pas encore le cas le 10 novembre, quand le Bitcoin culminait à 68 900 $ et l’Ethereum au-delà de 4 850 $. L’ensemble de classe d’actifs pesait alors plus de 3 000 Mds$, autant qu’Apple ce 5 janvier.

En ce qui concerne l’immobilier, c’est « beaucoup plus gros » que le marché de l’art, mais si les prix explosent à la hausse (+18,5% sur douze mois dans le neuf), le nombre des transactions s’inscrit régulièrement en baisse depuis le début du deuxième semestre 2021, alors qu’elles explosent symétriquement dans les salles d’enchères physiques et virtuelles.

Notons tout de même qu’il est extrêmement rare d’observer – depuis 1960 – durant plusieurs mois d’affilée, des hausses à plus de 18 ou 20%, comme c’est le cas depuis avril dernier… et il s’agit bien d’évolution des prix sur un an, par exemple de novembre 2020 à novembre 2021.

Les grandes fortunes ont vu leur « poche » de crypto actifs se déprécier de près de 40% depuis 2 mois : ils restent certes largement en plus-values depuis le 10 janvier 2021, mais la sérénité s’étiole et les gains ne sont guère plus substantiels que dans l’immobilier.

Le marché de l’art lui, n’a jamais déçu l’an passé : les trois grandes maisons de vente aux enchères ont réalisé un chiffre d’affaires record de 15 Mds$ de transactions en 2021. Christie’s pèse pour près de 47,3% des ventes totales avec de 7,1 Mds$ (le total le plus élevé en cinq ans).

Sotheby’s revendique 7,3 Mds$ des ventes (48,5%), sa meilleure performance en 277 ans, et Artcurial complète le trio avec des 4,2% des ventes et 630 M$ de chiffre d’affaires.

Une des grandes « tendances » de l’année 2021, c’est le surgissement d’une vague massive de d’acheteurs ayant fait une fortune rapide avec les cryptos et le trading sur actions en ligne : ils ont commencé à acheter de tout, des œuvres d’art classiques, des véhicules de collections, divers produits de luxe, du vin… et ils ont tendance à tout surpayer puisqu’ils diversifient en se débarrassant de cryptos (toutes les maisons d’enchères acceptent le Bitcoin) qui leur brûlent les doigts.

Et participer aux enchères a ce côté fun et moins désincarné que le « trading en ligne », avec ce côté « rare » des grandes ventes qui ne surviennent qu’une ou deux fois par trimestre.

Et les amateurs de « cryptos » constituent le fer de lance d’une véritable « furia » qui a scotché les professionnels des maisons d’enchères les plus chevronnés : les NFT (œuvres d’art numériques négociables uniques) ont connu une ascension fulgurante.

Elles pourraient même constituer une passerelle transdimensionnelle entre les œuvres d’art physiques et leur équivalent immatériel dans le metaverse : quand il y a trop de liquidités disponibles, les investissements balancent souvent entre le coup de génie en mode « risque tout », et le grand n’importe quoi parce que tout le monde y croit.

Une poursuite de la chute des cryptos pourrait avoir deux effets diamétralement opposés : les moyens des acheteurs se retrouvent mécaniquement diminués et la folie des NFT s’évapore comme la bulle des « dot-com »… ou les détenteurs de cryptos se persuadent que les NFT constituent un bon moyen de stocker de la valeur pour le long terme, avec une volatilité à la baisse beaucoup moins pénalisante, ce qui les incite à arbitrer leurs « tokens » contre des pixels pour garnir leur galerie d’art numérique.

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