Face à la multiplication des crises géopolitiques impliquant les Etats-Unis, les cryptomonnaies pourraient émerger comme nouvelle réserve de valeur. Leur accessibilité et la fiabilité de la blockchain offrent en effet une solution intéressante aux pays cherchant à diminuer leur dépendance au dollar.
Par James Altucher
Ces dernières décennies, la plupart des gens ont cru que le monde fonctionnait sur la base de certaines règles.
Des accords commerciaux, des traités, des normes internationales.
Une poignée de mains, une signature sur un papier, et tout le monde était « réglo ».
Vrai ou faux, peu importe… ce monde est révolu.
La façade s’est écroulée. Il n’est plus question de règles mais de levier.
Si la Russie veut envahir l’Ukraine, elle le fait.
Si la Chine veut Taïwan, elle ne demandera pas la permission.
Et l’ONU ? L’organisation tient toujours des réunions. Mais personne n’en attend rien.
Le fameux levier ne se trouve pas dans les formalités mais provient de l’énergie, des puces, des terres rares, des semi-conducteurs, des satellites et des logiciels, de celui qui contrôle les ports, des pipelines, et des canaux de paiement.
Cette dynamique n’a rien de nouveau.
Il suffit de remonter à la Guerre Froide pour trouver un précédent. Et quand le système s’est effondré à l’époque – quand la confiance a échoué, les devises se sont effondrées et les alliances se sont disloquées – on s’est tourné vers l’or, des comptes offshores, des coffres en Suisse, des obligations au porteur, des poignées de main secrètes, des valises pleines de billets…
Mais c’était autrefois.
Cryptomonnaies : que se passera-t-il si le système s’effondre ?
Une part grandissante de ce monde fonctionne – et continuera de fonctionner – grâce à d’autres systèmes comme les accords bilatéraux, les pactes multilatéraux, les zones d’échanges commerciaux locales, le troc…
Et vous pouvez ajouter les cryptomonnaies à cette liste.
Ce n’est pas parce que les cryptomonnaies sont « cool ». C’est parce qu’elles fonctionnent quand rien d’autre ne marche.
Parce que c’est la seule chose au monde qui ait encore une neutralité crédible.
Ce n’est plus théorique.
Comme l’a récemment écrit Matthew Sigel, de VanEck :
« La Chine et la Russie ont, paraît-il, commencé à faire des transactions énergétiques en bitcoins et autres actifs numériques. La Bolivie a annoncé son intention d’importer de l’électricité en réglant en cryptomonnaies. Et EDF, le producteur d’énergie français, examine s’il peut miner du Bitcoin avec les excédents d’électricité actuellement exportés en Allemagne ».
Ce sont les signes précurseurs, selon Sigel, que les cryptomonnaies sont en train d’évoluer d’actif spéculatif à « outil monétaire fonctionnel, en particulier au sein des économies désireuses de contourner le dollar et de réduire leur exposition aux systèmes financiers dominés par les Etats-Unis ».
Si vous dirigez une entreprise dans un pays que les Etats-Unis n’apprécient pas… ou que la Russie n’apprécie pas… ou que la Chine n’apprécie pas…
Comment déplacer de l’argent ? Comment se fier à un contrat ?
Les banques traditionnelles sont à exclure, de même que SWIFT. Et le FMI ? Ah !
Il faut quelque chose de neutre. Il faut des cryptomonnaies, pas comme investissement mais comme infrastructure.
Il est là, le pari, pour les cryptomonnaies.
Dans un monde où personne n’est plus d’accord sur les règles, les cryptomonnaies prospèrent. Plus le monde se disloque, plus la neutralité des cryptomonnaies devient précieuse.
Par exemple, en 2019, plus de 18 Mds$ de Tether – un stablecoin adossé au dollar américain – ont afflué de Chine et d’Asie de l’Est vers d’autres régions.
Pourquoi ?
Pas parce que les gens s’attendaient à ce que sa valeur flambe, mais parce qu’ils avaient besoin d’un moyen rapide et neutre leur permettant de déplacer de l’argent.
Certains pensent encore que nous nous orientons une nouvelle fois vers un « hiver des cryptomonnaies ». Que le Bitcoin est fichu. Que les gouvernements interdiront purement et simplement tout ça.
Non.
Le Bitcoin atteindra 250 000 $. L’Ethereum atteindra 10 000 $. Solana atteindra 1 000 $.
Quand ? Difficile à dire. Mais cela arrivera.
Pas à cause du battage médiatique mais parce que tout cela fonctionnera encore quand rien d’autre ne marchera.
Voici le scénario :
- La guerre des tarifs douaniers va s’éterniser mais ne rompra pas le système.
- Le monde va arrêter d’attendre une résolution et aller de l’avant.
- Les marchés s’adapteront au chaos et s’habitueront à la nouvelle normalité.
- Et les cryptomonnaies ? Elles prendront de plus en plus d’ampleur en cours de route.
Songez aux stablecoins, aux smart contracts (contrats intelligents), aux identity layers [NDLR : couches d’identité, des systèmes permettant aux utilisateurs de prouver qu’ils sont autorisés dans un environnement décentralisé, sans dépendre d’une autorité centrale], aux oracles, et même aux accords commerciaux tokénisés.
Inutile de parier sur les cryptomonnaies parce qu’elles sont « cool ».
On parie dessus car elles offrent le seul moyen de sortir d’un système qui ne fonctionne plus.
Tous les « resets » de systèmes engendrent des millionnaires.
Les gagnants ne sont pas ceux qui prédisent le chaos mais ceux qui se concentrent sur ce qui va arriver.
A bientôt !
James Altucher
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Que pensez-vous de cette analyse ? Les cryptomonnaies vont-elles gagner encore plus de terrain à l’international selon vous ? N’hésitez pas à nous faire part de votre opinion dans les commentaires !
Nul ne peut prédire l’avenir, mais seulement émettre des hypothèses. Si un gouvernement mondial a lieu, multi-polaire ou unipolaire, les crypto-monnaies qui ne sont rien d’autre que l’évolution technologique des civilisations seront incontournables. Problème : Leurs décentralisations seront incompatibles avec un ou des pouvoirs politiques centralisés.
La technologie numérique, comme l’argent ne doit pas être un maître, mais un serviteur, et pour cela il faudrait que les populations soient des maîtres (vraie démocratie). Malheureusement cela est un débat d’une profondeur infinie au delà de la technologie des cryptos.