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Les marchés continuent de faire comme si les chars russes allaient… rester en Russie

By 21 février 2022janvier 23rd, 20232 Comments

S’il y a bien une chose qui inquiète Philippe Béchade, c’est bien le conflit Ukraine/Russie. Et surtout l’insouciance des marchés. La guerre aura-t-elle lieu ?

 

S’il existe une « aversion au risque », cela ne s’est pas traduit par un arbitrage massif des actions au profit du secteur obligataire. Malgré le battage médiatique prédisant une « guerre imminente », le taux des emprunts d’Etat américains à 10 ans n’a commencé à se replier que jeudi : d’abord de 2,05% vers 1,97%, puis de 5 points supplémentaires vendredi, à 1,92%.

Ce repli des rendements sous les 1,97% est d’ailleurs d’une importance technique cruciale : en restant ancré sous ses sommets de début janvier 2020, le rendement du « 10 ans » ne valide pas une échappée décisive en direction des 2,50%.

Un tel scénario n’aurait pas manqué d’impacter sévèrement Wall Street au cours des prochaines séances et des prochaines semaines : les supports moyen terme n’y auraient pas résisté.

Mais les indices US ont tenu ! Et ce, malgré l’Ukraine et malgré la perspective d’un week-end prolongé où « tout peut arriver ».

La « marge de sécurité » a cependant disparu. Le Dow Jones a atteint vendredi son plus bas niveau en clôture depuis le 1er décembre. Le Nasdaq-Composite se retrouve sur le fil du rasoir avec un repli vers 13 500, à 200 points seulement de son plancher annuel des 13 350 points. Le S&P500 se replie au niveau des 4 350 points, support qui fait office de « ligne de cou » d’une figure en « épaule/tête/épaule » (4 530/4 800/4 590).

Les investisseurs – certes, un peu prudents – ont réduit la voilure, mais les vendeurs ont trouvé une contrepartie qui ne s’est jamais dérobée. Il doit s’agir d’opérateurs faisant le pari que le week-end serait mis à profit par les diplomates pour reprendre la main, ce qui repousserait l’agenda (supposé) de la guerre d’une bonne semaine.

La guerre aura-t-elle lieu ?

La plupart des observateurs considèrent que Vladimir Poutine a tout son temps… alors qui entretient un climat anxiogène en évoquant un conflit imminent ? Et pourquoi ?

Washington et l’OTAN soulignent que le dispositif militaire de la Russie aux frontières de l’Ukraine n’a jamais été aussi important.

Les effectifs recensés oscillent en effet entre 60 000 et 100 000 hommes depuis 2014 (donc 80 000 en moyenne), au gré des différentes manœuvres annuelles orchestrées par Moscou, mais ils seraient proches du double avec 180 000 hommes cette année.

Cela peut paraître beaucoup, mais l’Ukraine, c’est 45 millions d’habitants, dont une majorité de non russophones qui sont prêts à en découdre.

Reste les habitants des deux républiques rebelles du Donbass, majoritairement d’origine russe, auquel il faut ajouter des habitants hostiles aux dirigeants installés à Kiev pour diverses raisons (crise économique, inflation galopante, dérives d’extrême droite des partisans du pouvoir actuel).

Les pourparlers téléphoniques du week-end menés par Joe Biden, Olaf Scholz, Emmanuel Macron puis Vladimir Poutine semblent avoir au moins servi à repousser l’amorce d’un conflit, mais Washington et le Pentagone continuent de prédire une invasion imminente de l’Ukraine. Ils affirment que la décision a été prise, que les soldats russes ont reçu l’ordre de marcher sur Kiev et d’investir le Donbass.

Des informations qui semblent d’une précision glaçante… mais qui ne paniquent pas les marchés, comme s’ils n’y croyaient qu’à moitié.

Et ils ne baissent même pas à moitié puisque le CAC40 entamait le terme de mars en hausse de +0,8% (tout près des 7 000) et l’Euro-Stoxx-50 sur un gain de près de +1% à 4 100.

C’est soit de l’inconscience à l’état pur, soit la preuve que les marchés ont leurs propres sources d’information… et elles ne valident pas le scénario d’une guerre imminente.

Les spécialistes des métaux précieux semblent avoir les mêmes puisque l’or rechute de -0,5% vers 1 895 $ (et l’argent de -0,9% vers 23,8 $/Oz) au lieu de prendre son envol vers les 2 000 $, comme cela semblerait couler de source si les chars russes s’apprêtaient à déferler à travers l’Ukraine avant la réouverture de Wall Street mardi à 15h30.

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