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Marchés actions : cascade de records durant la séance des « Trois sorcières »

By 19 avril 2021janvier 23rd, 2023No Comments

Plus rien n’arrête les marchés actions, toujours sur un petit nuage, et surtout pas une FED plus rassurante que jamais, nous explique Philippe Béchade dans sa chronique hebdomadaire.

 

Le terme « correction » (en l’occurrence une rechute de 10%) a en fait disparu du lexique boursier depuis fin septembre 2020. Celui de « consolidation » (-5%) a quant à lui disparu un mois plus tard, tandis que la notion de « micro pullback »(-0,5%) n’a plus lieu d’être depuis le 23 mars dernier. Pour faire simple, les deux premières semaines du deuxième trimestre se sont résumées, s’agissant du S&P500, à une succession de neuf records absolus en « intraday » en onze séances et à huit records de clôture, le tout sans le moindre repli supérieur à 0,35%. Impressionnant !

Le terme boursier d’avril s’est de surcroît achevé en beauté vendredi dernier avec une sixième échéance mensuelle positive d’affilée, du jamais depuis 2013, et une séance des « Trois sorcières » de tous les records avec un Dow Jones à 34 200 points, un S&P500 à 4 185 points, un Nasdaq100 à 14 050 points… et encore plus de records sur le « Dow Transport », le NYSE Composite, l’Euro Stoxx50, le DAX… et bien sûr le CAC40 « GR » (le CAC40 + les dividendes) à 17 564 points.

Oui, cela fait beaucoup de records, mais c’est devenu une litanie quotidienne depuis deux semaines, et ce le fut au moins à 15 reprises à Wall Street depuis la mi-août 2020.

La particularité de cette période ponctuée par les premiers trimestriels des « bon élèves » se situe donc ailleurs ; et davantage que le nombre de records indiciels ou le pourcentage de résultats supérieurs aux attentes, c’est le nombre d’interventions de membres de la FED depuis le 18 mars (c’est-à-dire la précédente journée des « 4 sorcières », une autre séance de tous les records) qui interpelle. On ne compte plus, en effet, les sorties de Jerome Powell – qui ne refuse plus une interview, ni une occasion de s’exprimer lors d’un forum universitaire qui lui offre la vedette – ou de ses lieutenants en l’espace d’un mois, mais si les orateurs sont nombreux et omniprésents, la thématique, elle, est unique.

L’inflation n’est pas un problème !

A en croire ces banquiers centraux, deux années merveilleuses s’annoncent, avec une forte croissance et une inflation (vite) contenue, le tout sur fond d’argent gratuit jusqu’à 2023. Car bien sûr, l’inflation anticipée dès cet été aux Etats Unis, et peut-être à la rentrée en Europe (vu le retard que va accumuler la France sur ses partenaires), ne constituera qu’une poussée temporaire n’appelant aucune réaction des banques centrales puisqu’elles sont même disposées à voir les prix accélérer jusque vers 3%, après avoir craint de les voir repasser sous les 1% il y a encore un an.

Alors que le « bilan » de la FED dépasse les 7 750 Mds$, soit 35% du PIB américain, et que celui de la BCE dépasse 71% du PIB de la zone euro, l’inflation est bien la dernière chose dont les marchés doivent se préoccuper car ce qui compte, c’est le retour au plein emploi… C’est du moins ce que les membres de la FED nous répètent sur tous les tons.

M. Powell a ainsi évoqué à plusieurs reprises ces derniers temps les SDF et les villages de tentes qu’il lui est arrivé d’apercevoir lors de ses déplacements professionnels et c’est à eux qu’il pense désormais. Or, qu’est-ce que l’inflation par rapport au malheur des populations confrontées aux conséquences de la pandémie ?

On peut tout de même s’étonner que le patron de la FED n’ait découvert l’existence et la détresse des « homeless » qu’au cours des 12 derniers mois, sachant qu’ils étaient des millions à la périphérie de chaque grande métropole (de préférence les plus riches, comme San Francisco, Boston ou Washington) depuis la crise de 2008. Sauf qu’il était malvenu de les évoquer puisque l’Amérique ne comptait que 3,5% de « chômeurs ».

Deux années de tranquillité ?

Statistiquement, ils ne pouvaient donc pas vraiment exister, mais maintenant qu’ils existent officiellement, ils justifient le plan de relance le plus ambitieux de l’Histoire du capitalisme, plan qui commence à porter ses fruits aux dires de la Réserve fédérale.

Selon Christopher Waller, l’un des gouverneurs de la FED, qui ne préside pas une région, mais l’institution elle-même, les derniers chiffres semblent témoigner d’une reprise qui prend l’apparence d’un « boom économique », mais « le chemin est encore long avant que la reprise soit achevée, et le niveau d’inflation qui reste inférieur à 2% n’est pas du tout préoccupant ».

Ainsi le boom économique – sans inflation, cela va de soi – ne ferait-il que commencer et le meilleur resterait à venir. Les marchés actions ne seraient finalement qu’au début d’un rally haussier qui pourrait durer deux ans, jusqu’à ce que la FED et/ou la BCE décident de freiner l’expansion de la taille de leur bina (« tapering »), ce qui ne constituera que l’étape préliminaire d’un débat interne sur l’opportunité de relever le loyer de l’argent avant de déterminer le rythme du resserrement.

Les investisseurs devraient donc être tranquilles jusqu’à fin 2023 avant que les taux bougent, mais d’ici là, de combien les taux « marché » auront-ils augmenté ? Question sans objet et la séance du jeudi 15 avril démontre que le « marché » lui-même sera aboli si jamais il s’avisait de démentir le discours officiel des banques centrales.

Les banques centrales ont ouvertement décidé d’abolir le réel… et tout comme pour les bulles d’actifs, chacun se demande combien de temps mettra le réel à « éclater » à son tour les banques centrales.

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