Comme promis, Donald Trump a mis ses menaces à exécution concernant l’imposition de nouveaux droits de douane lors du Liberation Day. En ciblant des partenaires commerciaux majeurs comme l’Europe, le Japon et surtout la Chine, ces mesures protectionnistes ont déclenché une série de réactions en chaîne : hausse de la volatilité, chute des indices boursiers et mouvements défensifs des investisseurs…
Le Liberation Day aura donc tenu ses promesses : Donald Trump a joint le geste à la parole en annonçant hier soir (après la clôture de Wall Street) la mise en place de droits de douane à l’encontre de tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Dans le détail, le président américain a annoncé la mise en place d’un droit de douane plancher de 10 % sur les biens importés. Première mesure qui, à l’heure de sa sortie hier juste après 22h, avait d’abord été saluée par une hausse de plus de 1 % des futures américains (cf. flèche verte sur le graphique intraday – base 10 minutes – du S&P 500 ci-dessous).
Cours du mini S&P500
Source : ProRealTime
Cependant, l’humeur « risk on » ne s’est pas éternisée : 10 minutes plus tard, un gros retournement a eu lieu (cf. flèche rouge + rectangle bleuté), après l’annonce de surtaxes spécifiques, pays par pays.
Personne n’est vraiment épargné. De l’Europe (20 %), en passant par le Japon (24 %), Donald Trump n’a pas fait dans la dentelle. Evidemment, Pékin n’est pas en reste, avec une hausse de 34 % des droits de douane à l’encontre de la Chine, auxquels s’ajoutent donc les 20 % de taxes déjà instaurés.
Donald Trump lors de la présentation des nouveaux droits de douane pays par pays le mercredi 2 avril.
Source : AFP – CHIP SOMODEVILLA
Ces mesures globalement « pires que prévu » conduisent depuis ce matin à des mouvements défensifs typiques.
Le VIX est en forte hausse, sans parler du rebond des marchés obligataires, avec une fuite vers la sécurité qui conduit le rendement du TNote (10 ans américain) à retomber vers les 4 %.
De leur côté, les futures US sont dans le rouge vif, en baisse générale de 3 % (voire de 4 % pour le Russell, cf. rectangle jaune ci-dessous).
Futures américains
Source : Investing.com
Liberation Day : panique sur les marchés ?
Les indicateurs de consensus ont eux aussi littéralement plongé en situation de peur extrême, comme le CNN Fear and Greed Index ci-dessous.
Indicateur Fear & Greed
Source : CNN Business
Même chose pour l’indicateur AAII, qui atteint un niveau de participation baissière record, au-delà des 60 % (cf. l’encadré jaune sur le screenshot ci-dessous).
Indicateur AAII
Source : AAII.com
Si cette tendance de moyen terme ne nous surprend que moyennement , nous aurions presque pu acter un hat trick avec des Put sur Apple pris lundi dernier dans Agora Trading Lab (cf. screenshot ci-dessous).
Agora Trading Lab, alerte du 31 mars 2025
Source : Publications Agora
Ceci alors qu’Apple part pour être dans les titres les plus attaqués ce jeudi avec une baisse attendue de 7 % à l’heure de la rédaction de cet article, compte tenu de sa dépendance à la Chine.
Je dis « presque pu acter un hat trick » puisque je n’avais pas tenu lesdits Put avant-hier soir en l’absence de données suffisantes.
Depuis le début de semaine, Wall Street rebondissait. La hausse concernait en particulier les valeurs de la tech US, emmenées notamment par Tesla (alors que des rumeurs, démenties depuis, parlaient d’un départ prématuré d’Elon Musk de la Maison Blanche).
Quoi qu’il en soit, les taxes douanières obnubilent l’attention des marchés ce jeudi. Et comme nous l’avons déjà évoqué ici, la stratégie de Trump n’a pas changé : taper d’abord et discuter ensuite. Espérons que des négociations permettront d’apaiser les tensions… d’autant que plusieurs pays ont d’ores et déjà promis de répliquer.
complètement fou ce TRUMP qui se prend pour le roi du monde, qui veut que tous les pays courbent l échine! comment les américains ont-ils pu faire confiance à ce clown et sa horde de milliardaires ??
Trump n’est pas fou et ce n’est pas un clown. Trump n’est pas seul. Il y a avec lui toute une administration. Un clown ce serait possible. Des centaines non. Trump a un problème : il a un déficit budgétaire énorme. Pourquoi ? Parce que les GAFAM et d’autres grosses entreprises notamment payent très peu d’impôts aux USA. Apple par exemple fait fabriquer des téléphones en Chine pour 100 dollars et les vend sur le marché américain à 1000 dollars mais déclare ses bénéfices en …. Irlande. C’est en fait ainsi l’Irlande qui exporte les téléphones aux USA. Et donc Trump taxe tous azimuths pour récupérer l’évasion fiscale. En fait c’est un levier de négociation envers les GAFAM et les pays complaisants sur le plan fiscal. Contrairement à ce que vous pensez, Trump travaille pour le contribuable américain et l’Etat américain. Les GAFAM le détestent.
Trump n’est pas fou. Devant une dette énorme et des déficits commerciaux chroniques, les taxes devraient donner une balance des paiements excédentaires qui pourraient payer une partie de la dette. En effet les multinationales n’auront d’autres choix que d’investir au USA. Il gère son pays comme une entreprise et « pompe » le reste du monde en particulier l’Europe qui ne mérite que cela. Les risques semblent faibles car les USA maitrisent en partie les nouvelles technologies et internet. La riposte de la Chine sera peut être militaire : Taiwan. Souhaitons que l’Europe se réveille.
TRUMP L’IDIOT ?
Pour un regard extérieur, non engagé, l’intérêt du « phénomène Trump » d’un point de vue socio-politique repose sur quatre constats :
1° Trump a mobilisé contre lui, avant même de parvenir au pouvoir, une très large majorité des médias occidentaux. Et même en Europe une quasi unanimité. ( Environ 80% aux USA. 99% en France…).
2° Malgré cet énorme handicap Trump est parvenu, deux fois, au pouvoir aux USA.
3° Trump a été désigné par une décision du peuple américain, contre les élites occidentales globalement maîtresses des médias.
4° Trump n’aurait jamais pu gouverner dans la Communauté Économique Européenne. Il n’aurait pas pu être candidat à une élection présidentielle comme celle française. Dans toute l’Europe le système politique et médiatique, toute « l’élite pensante » au pouvoir, pour laquelle Trump est un « guignol », l’aurait impitoyablement éliminé.
Il faut s’interroger à propos de cette situation : ses causes, ses acteurs, les intérêts en présence, les systèmes « démocratiques » en place, et poser certaines questions:
– Les « Lumières démocratiques » sont-elles chez les élites « éclairées » ou chez les peuples ?
– La « démocratie libérale » ? Aux USA ou en Europe ?
– Trump a-t-il été élu parce que les Américains sont « primitifs », alors que les Européens sont «évolués » ? L’image de Trump, « l’idiot caractériel » qui est présentée dans tous les médias occidentaux, français en tout cas, condamne ses électeurs : S’ils se sont reconnus en lui, c’est qu’ils sont idiots et caractériels.
– C’est un fait que Trump est contraire à la Religion des « Illuminés » qui croient que « Les Lumières » viennent d’en Haut, des élites. Les peuples sont appelés pour élire les dirigeants qui leurs sont désignés, pas ceux qui leur plaisent. L’élection de Trump est un raté de la Démocratie Libérale Contrôlée . Pour les élites occidentales il n’existe rien de pire que le « populisme », qualifié d’extrême droite pour mieux le disqualifier. La réalité c’est que les peuples dérangent les affaires de quelques uns et les prétentions à une intelligence supérieure de quelques autres. Trump dérange un peu à droite, avec son protectionnisme, qui ennuie certains, tout en arrangeant les affaires de beaucoup d’autres. Trump insupporte surtout à gauche. Pendant plus d’un demi-siècle les « Idiots éclairés » ont été utilisés par les hommes d’affaires pour leur servir de caution progressiste. Les «Idiots Illuminés» en ont aussi bien profité. Ce serait la fin d’un monde si les Affaires pouvaient se passer d’eux. Comment se reconvertir dans l’Intelligence Supérieure Qui Rapporte Gros ?
– Si Trump n’est pas assassiné, comme l’a été Kennedy, la réponse ne sera connue qu’au bout d’au minimum deux ou trois ans : Ou Trump freine le déclin économique et social aux USA, qui est une évidence depuis bien plus de 10 ans, et maintient une relative dynamique productive, ou il échoue.
La tache est difficile : les solutions étatistes communistes ont démontré leur inefficacité, mais le capitalisme n’a pas du tout acquis les capacités de se maîtriser. Au contraire : l’effondrement de son adversaire dans les années 1980-1990 a libéré tous les freins au profit exclusif d’une minorité qui se dit Néo-Libérale. Comment conserver la dynamique du Profit sans piétiner les peuples ? Le fait que la régression sociale (pas du tout celle économique) est un peu plus lissée en Europe qu’aux USA est une explication de l’élection de Trump et de la force des schémas d’opposition à Trump en Europe. Difficile synthèse à faire entre contrôle de l’Etat et celui d’une minorité de Grands Marchands.
– L’échec de Trump, et même sa réussite, ne résoudra pas une évolution inexorable : La Mondialisation implique le recul économique global et donc social des sociétés occidentales par rapport à ce qui n’est plus du tout « le Tiers Monde ». Les richesses se redistribuent dans le Monde et l’Occident n’est plus, comme il l’a été pendant deux siècles, exclusivement ou prioritairement, ni à leur source ni à leur aboutissement.
– Et si Trump n’était pas si idiot que cela ? Il semble que certains hommes d’affaires occidentaux, notamment juifs, l’aient compris. D’ailleurs Trump est un homme d’affaires. Il l’était avant de parvenir au pouvoir. Quant au soutien des Juifs, Trump a compris depuis longtemps qu’il était incontournable. C’est très loin d’être Idiot !
Rendez vous dans quatre ans.