Fondée par d’anciens employés d’OpenAI, la startup Anthropic est en train de créer un chatbot bien plus puissant que ChatGPT. A ce jour, cette pépite a déjà levé plus de 1,5 Md$ de fonds…
La guerre des robots arrive. Ou plutôt la guerre des robots de chat.
Si vous faites partie des personnes qui ont déjà interagi avec un chatbot d’IA, vous avez forcément utilisé ChatGPT d’OpenAI, ou Bing de Microsoft ou Bard de Google.
Grâce à son partenariat unique avec Microsoft, OpenAI a eu accès aux données requises pour bâtir un « Grand modèle de langage » ou « LLM » (Large Language Model) assez bien entraîné pour permettre à ChatGPT de fonctionner. Mais ce n’est pas une coïncidence si ces géants technologiques sont les seuls véritables aspirants au titre de Maître des Chatbots.
Apple, titan leader du marché, est curieusement absent de cette course. Bien qu’il ait plongé un orteil dans cette technologie en travaillant sur l’intégration de l’IA dans ses produits existants, il ne s’est pas jeté à fond dans cette tendance, contrairement à la plupart de ses concurrents directs.
Du moins jusqu’à maintenant…
Il paraît qu’Apple aurait déjà développé son propre système fonctionnant avec l’IA – appelé Ajax en interne – ainsi qu’un chatbot nommé officieusement « AppleGPT ».
Il n’est peut-être pas surprenant qu’Apple ait attendu avant de se jeter dans l’arène de l’IA, puisque l’entreprise est connue pour peaufiner et commercialiser ses produits une fois que le marché est bien établi.
Mais les récents progrès réalisés dans le domaine de l’IA semblent arriver à point nommé pour Siri, l’assistant vocal d’Apple dont la popularité a chuté en l’absence d’améliorations significatives ces dernières années.
Bien qu’il soit optimiste à l’égard de la technologie d’IA, Tim Cook – le P-DG d’Apple – a confirmé l’approche prudente et attentiste caractéristique d’Apple, en déclarant lors d’une conférence que l’IA posait « un certain nombre de questions qu’il fallait évaluer » et qu’Apple intègrerait l’IA en ayant « réfléchi sérieusement ».
Aucun projet de déploiement de cet « AppleGPT » dans le grand public ou d’intégration d’Ajax n’a été évoqué pour l’instant.
Claude : un outsider parmi les chatbots
Bien que les géants technologiques disposent d’une énorme avance grâce à la manne de données qu’ils ont accumulée, il se pourrait que le plus puissant chatbot disponible aujourd’hui soit celui d’une entreprise peu connue : Anthropic.
Cette startup spécialisée dans l’IA a lancé son chatbot d’IA de deuxième génération, Claude 2, désormais accessible aux utilisateurs des Etats-Unis et du Royaume-Uni.
Fondée par d’anciens employés d’OpenAI, Daniela et Dario Amodei, Anthropic a conclu un partenariat avec Google pour bénéficier de son cloud informatique, et a déjà levé des fonds de plus de 1,5 Md$.
Les chatbots d’Anthropic se débrouillent déjà étonnamment bien face à ChatGPT, l’agent conversationnel le plus populaire à l’heure actuelle :
- Claude 2 peut résumer jusqu’à 75 000 mots, contre 3 000 mots pour ChatGPT. Cela veut dire que le chatbot d’Anthropic parvient à résumer un roman comme Le Portrait de Dorian Gray alors que ChatGPT n’a pas réussi à résumer Le Cœur révélateur, une simple nouvelle ;
- la base de connaissances de ChatGPT s’arrête au mois de septembre 2021, alors que celle de Claude va jusqu’au début de l’année 2023 ;
- Claude surperforme GPT4 au test d’entrée à l’université Graduate Record Examination (GRE), au test de programmation [Python] HumanEval, et à l’examen du barreau américain ;
- on peut importer tout un PDF dans Claude 2 ;
- pour les développeurs, l’utilisation de Claude 2 est jusqu’à cinq fois moins chère que GPT4, le LLM d’OpenAI.
Résultats de Claude 2
Outre le fait qu’il est largement plus puissant que ses concurrents, Claude a également été conçu avec une attention particulière sur la sécurité et l’éthique, préoccupation partagée par tout le monde en ce qui concerne l’IA.
Avec la méthode utilisée par Anthropic pour entraîner son chatbot, on voit que l’entreprise donne la priorité à des réponses plus sûres et plus éthiques par rapport à d’autres solutions plus dangereuses.
Cette méthode épurée s’appelle l’IA constitutionnelle, constitutional AI en anglais.
Anthropic pense avoir la possibilité (et la responsabilité) de créer une IA puissante qui place en priorité la sécurité et l’éthique. L’équipe espère développer « Claude Next » au cours des prochaines années, une nouvelle version qui renforcerait plus de dix fois les capacités actuelles de l’IA.
Mais une société comme Anthropic peut-elle prioriser la sécurité tout en restant compétitive face à des géants tels que Google, Microsoft et désormais Apple ?
Les paris sont ouverts !
A un avenir radieux !
Ray Blanco
