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La France se dote de 10 sites d’hydrogène

By 24 octobre 2022janvier 23rd, 20235 Comments

Avec son nouveau plan Hydrogène, le gouvernement Borne est bien décidé à tout miser sur cette nouvelle forme d’énergie décarbonée. Etienne Henri dévoile le nom des valeurs éligibles au PEA qui pourraient faire de notre pays le leader mondial de l’hydrogène vert.

  

 Dix projets pour une transition énergétique, c’est l’équation voulue par le gouvernement français.

La première ministre Elisabeth Borne a confirmé mercredi 28 septembre le lancement de dix programmes autour de l’hydrogène vert. Accompagnée d’un aréopage de ministres composé de Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure et Laurence Boone, elle a esquissé les contours de ce qui est l’un des plans d’investissement les plus ambitieux du XXIe siècle.

A grand renfort de financements publics (2,1 Mds€) et privés (3,2 Mds€), notre pays va faire sortir de terre dix sites industriels d’envergure internationale. Implantés dans sept régions, ils permettront de créer plus de 5 000 emplois directs.

Ce plan n’est qu’un prélude : d’ici à 2030, la France devrait investir jusqu’à 9 Mds€ pour amorcer cette nouvelle filière qui pourrait représenter, à la fin de la décennie, 100 000 à 150 000 emplois.

Il faut dire qu’en la matière, nous disposons de champions placés à toutes les étapes de la chaîne de valeur – de quoi faire de notre pays un leader mondial dans bien des métiers autour de l’hydrogène vert.

 

Place à l’industrialisation !

 Après une phase de méfiance puis de soutien du bout des lèvres, voici que l’État est all-in dans l’hydrogène, et plus particulièrement son utilisation comme énergie. Production, stockage, distribution : il ne s’agit plus simplement de financer la recherche fondamentale ou même la R&D mais bien d’accélérer la construction de sites industriels capables de production de masse.

« Avec l’hydrogène, nous pourrons décarboner massivement notre économie, y compris les secteurs les plus consommateurs comme la sidérurgie ou la mobilité lourde. Nous améliorerons notre bilan carbone. Nous pourrons faire émerger une nouvelle filière, synonyme d’emplois durables et d’indépendance énergétique » se félicitait ainsi la première ministre.

Ce faisant, l’État retrouve son rôle de moteur pour faire naître des grands noms tricolores d’envergure internationale. Nous avions eu au XXe siècle le TGV, les réacteurs nucléaires et la fusée Ariane. Place aux acteurs de l’hydrogène-énergie.

Parmi eux, certains sont déjà connus des investisseurs pour leur activité historique parfois éloignée des questions énergétiques, tandis que d’autres sont des startups spécialisées dans l’hydrogène et, à ce titre, des investissements de niche.

Qu’il s’agisse d’industriels en transition énergétique ou de startups mono-produit qui vont enfin pouvoir passer à la vitesse supérieure, tous peuvent se féliciter aujourd’hui d’avoir le soutien des pouvoirs publics. Cet adoubement leur apportera à la fois de précieuses liquidités pour financer leurs installations et une légitimité sur la scène internationale.

 

Plastic Omnnium croit à l’hydrogène-carburant

A tout seigneur tout honneur. Plastic Omnium (EPA : POM – FR0000124570), qui recevait la délégation ministérielle sur son site de Venette près de Compiègne (Oise), fait partie des entreprises qui ont le plus à gagner avec le Plan Hydrogène français.

L’équipementier automobile fait face, comme tous les acteurs du secteur, à une nécessaire mue due à la décarbonation des véhicules particuliers. La disparition des voitures thermiques prévue d’ici 2035 et l’augmentation du prix moyen des véhicules est à double tranchant. D’un côté, nos voitures n’ont jamais embarqué autant d’équipements à forte valeur ajoutée… mais de l’autre, les volumes d’immatriculations s’effondrent. Et la transition énergétique va rendre caduques de nombreuses références présentes au catalogue des équipementiers.

Plastic Omnium ne compte pas rester les bras croisés et laisser ses ventes péricliter à mesure que les moteurs thermiques prendront leur retraite. L’entreprise, spécialisée entre autres dans les réservoirs de carburant, travaille depuis plusieurs années sur des réservoirs à hydrogène. Or, la technicité est sans commune mesure. Si, auparavant, un réservoir était un produit étanche aux liquides dont les contraintes principales étaient d’avoir le prix le plus bas possible tout en conservant son intégrité pendant la durée de vie du véhicule, un réservoir à hydrogène doit stocker un gaz sous pression hautement inflammable, sensible à la température, et qui a la mauvaise manie de traverser les parois.

 

Contrairement à un réservoir d’essence, un réservoir d’hydrogène est un produit à forte valeur ajoutée. Photo : Plastic Omnium

 

Ainsi, le français a acquis ces dernières années un savoir-faire qui sera difficile à égaler pour la concurrence.  Et après la barrière à l’entrée technologique, voici venu le temps de la barrière à l’entrée capitalistique : l’usine de Venette aura une capacité de production qui devrait être la plus importante d’Europe.

Avec une cadence prévue pour atteindre les 80 000 unités par an en rythme de croisière, elle offrira au groupe des économies d’échelles incomparables. Ses premiers réservoirs à hydrogène devraient sortir des lignes d’assemblage d’ici trois ans.

 

McPhy avance sur sa giga-factory

 A l’autre bout de la chaîne de valeur, et de l’échelle des capitalisations boursières (McPhy pèse près de 10x moins que Plastic Omnnium à la Bourse de Paris), la startup grenobloise McPhy (EPA : MCPHY – FR0011742329) va construire, dans le cadre du Plan Hydrogène, la première « gigafactory » tricolore d’électrolyseurs de nouvelle génération.

L’électrolyse est l’étape qui permet de transformer l’électricité (que l’on espère décarbonée) en hydrogène. Elle est critique non pas par sa complexité intrinsèque (la technique de base est connue et maîtrisée depuis plus d’un siècle) mais par son rendement global qui reste, actuellement, à parfaire. Dans cette course vers la qualité, les électrolyseurs McPhy, même produits en France, sont capables de rivaliser sur la durée avec les modèles chinois du fait de coût d’usage réduit et d’une durée de vie plus élevée.

La giga-factory de Belfort, dont les travaux ont commencé, devrait produire les premières séries en 2024.

 

Des relais de croissance en pagaille pour l’industrie

Plastic Omnium et McPhy ne sont pas les seuls à avoir beaucoup à gagner dans le cadre du plan d’investissement.

Alstom, déjà en pointe sur les trains régionaux à hydrogène, va développer une locomotive de manœuvre alimentée par le gaz propre. Arkema va concevoir des matériaux durables de haute performance adaptés à la motorisation à hydrogène. Faurecia concevra des systèmes de stockage, tandis que la startup Hyvia commercialisera des véhicules utilitaires légers équipés de piles à combustible.

Pour toutes ces entreprises, la disparition des énergies fossiles n’est pas un sujet d’inquiétude : c’est au contraire la garantie que leur offre décarbonée va être de plus en plus pertinente.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

5 commentaires

  • Avatar Misse dit :

    Bonjour,
    Votre appréciation sur la gigafactory concernant notamment Mcphy énergie est intéressante mais il y a deux cette société de situait à 40 € en bourse.
    Séduit par l’hydrogène et son avenir certain j’ai investi sur mon Pea à 26€, donc déjà en nette baisse, et depuis la valeur de traine entre 10 et 13 €!!
    Ou est le problème ….et comment dans ces conditions donner confiance aux investisseurs .
    Merci pour votre retour
    Cordialement
    Fifi dépité

  • Avatar Legrand dit :

    Dommage question pertinente que je partage sur McPhy et pas de réponse…

  • Avatar bourdonnec patrick dit :

    à suivre

  • Avatar Adrien ZELLMEYER dit :

    Bonjour
    Une question toute simple,vous parlez des sociétés qui ont beaucoup a gagner dans le domaine de l’hydrogène,pourquoi oublier air liquide qui est une entreprise qui a un savoir faire dans ce domaine non négligeable?
    Cordialement

  • Avatar claveau dit :

    L’hydrogene c’est bien mais un peu trop theorique, car il faut de l’electricité pour l’hydrolyse …..avec quoi produirons nous cette electricité indispensable…? Panneaux solaires et eoliennes sont, ce me semble, pas encore au max et pas avant longtemps, de leur production ….donc s’il faut de l’atome pour l’electricité qui fera de l’hygrogene, le rendement general n’est pas favorable à ce combustible….?
    OUI …NON…?

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