Des Jeux Olympiques… sous dopants !

Des JO sous dopants, qui l’eût cru ? Si le projet paraît totalement fou d’un point de vue sportif, il pourrait représenter une expérience intéressante d’un point de vue scientifique. Ici, notre analyste américain Chris Campbell nous explique en quoi le fait de sortir la science de ses carcans institutionnels habituels favorise les découvertes, et comment les scientifiques les plus audacieux financent ces projets avant-gardistes.

 

 Le célèbre Peter Thiel refait des siennes…

Non content d’avoir cofondé PayPal et le spécialiste du big data Palantir, il a aidé à financer Próspera, cette ville startup du Honduras où j’ai séjourné… et il a récemment financé les « Enhanced Games » [NDLR : des jeux améliorés] où les athlètes ont le droit d’utiliser (et on les y ENCOURAGE) « ouvertement et honnêtement » des produits dopants en vue d’améliorer leurs performances.

Des stéroïdes anabolisants ?  Oui.

Des hormones de croissance ? Oui.

Des thérapies de remplacement de la testostérone (TRT) ? OUI.

Et qu’est-ce que j’en pense ? Je suis pour.

Non seulement ils pourraient surpasser les Jeux Olympiques en termes d’audience (et de divertissement) mais nous en saurions davantage sur la façon dont le corps réagit à ces produits. Or, la connaissance est une bonne chose, surtout quand les participants sont volontaires.

Et ces jeux olympiques autorisant le dopage nous révèleront des choses que nous ne savions pas au sujet de « l’amélioration biologique » (« biological enhancement »).

 

La semaine de l’intelligence artificielle (IA)

Il y a quelques mois, une série de conférences ont eu lieu à Vitalia, cité éphémère créée dans Próspera. Après celle intitulée « Cryptomonnaies et les villes startup », nous sommes entrés sur le territoire de l’Intelligence Artificielle.

Cliquez pour agrandir l’image

Les discussions portaient sur de nombreux sujets: la « bio-singularité », l’IA dans le domaine de la biotechnologie, mais aussi décentraliser Hollywood, la philosophie techno-optimiste, utiliser l’IA pour créer une organisation « trustless » [NDLR : n’obligeant pas à se fier à un tiers/intermédiaire de confiance pour réaliser une transaction sécurisée], et beaucoup d’autres choses encore.

Comme les spécialistes intervenant à Vitalia s’intéressent énormément à la longévité, une idée forte a retenu mon attention : la science décentralisée, ou « DeSci ».

Le problème que pose la science centralisée

C’est ironique mais, dans le domaine de la science centralisée, une bonne partie des plus grands progrès de l’Histoire ne s’est pas accomplie au sein de grandes institutions.

Et ces grands progrès n’ont pas fait non plus l’objet d’une planification centrale, ni même été accomplis volontairement.

Bon nombre d’entre eux ont été accomplis par des individus – souvent des outsiders – qui ont tenté quelque chose de nouveau et fait des découvertes de façon fortuite :

La pénicilline de Fleming ? Un accident.

Les rayons X de Röntgen ? Fortuits.

Le caoutchouc vulcanisé de Goodyear ? Une erreur !

La plupart des gens ont conscience des gros problèmes que pose la science centralisée. Non seulement elle étouffe l’innovation, la créativité et les nouvelles découvertes… mais elle dresse également des barrières compliquant l’accès et la participation.

Les financements et les ressources étant concentrés dans les mains de quelques rares institutions ou individus (rigides), la recherche peut se focaliser sur certains domaines jugés « rentables » ou « sûrs », et négliger potentiellement des idées révolutionnaires.

DeSci : la science décentralisée, c’est plus cool

A l’aide de la blockchain, des DAO (entreprises décentralisées), des NFT de propriété intellectuelle (« IP-NFT »), de l’IA, du financement participatif, et de bien d’autres choses… la science peut redevenir « cool ».

Et c’est là qu’intervient la DeSci, qui favorise une recherche plus indépendante et redonne une vraie place aux évènements fortuits dans le processus de découverte scientifique : c’est le secret du progrès.

 

1. Les contributions ouvertes

Elles suppriment les barrières en permettant à tout le monde, indépendamment de ses liens institutionnels ou de son lieu de résidence, de contribuer à la recherche et au développement scientifiques.

2. Le financement participatif ouvert (DAO)

Via des mécanismes tels que les DAO (« Decentralized Autonomous Organizations » : organisations autonomes décentralisées), la DeSci permet à la communauté de financer directement la recherche, en évitant les traditionnels canaux de financement qui privilégient souvent des projets bien établis. Cela ouvre la porte à des recherches présentant un rapport risque/rendement élevé qui n’auraient pas été financées en temps normal.

3. Les « IP-NFT » : NFT de propriété intellectuelle

Même si le terme « IP-NFT » ressemble à un étrange amalgame de lettres, il s’agit en fait d’une façon intelligente de gérer et de partager la propriété des découvertes scientifiques.

Les NFT ne se résument pas à des images de singes : ce sont des certificats numériques enregistrés sur un registre décentralisé. Ils offrent donc un moyen de gérer de façon sécurisée et transparente la propriété des découvertes scientifiques en s’appuyant sur la technologie de blockchain.

Et, en fait…

 

La DeSci est déjà là

Cette structure est déjà utilisée par des projets tels que Molecule.

Molecule possède 30 M$ dans ses caisses, a distribué près de 2 M$ à des startups biotechnologiques, et compte plus de 15 000 membres.

Son site rassemble tous les projets de DeSci en un seul lieu. Et ces projets traitent toutes sortes de sujets, aussi bien la perte des cheveux et la cryopréservation que la biologie de synthèse.

La DAO Molecule se sert des IP-NFT et de mécanismes d’incubation et de financement uniques afin de modifier la façon dont les innovations biotechnologiques sont financées, développées et partagées.

En décentralisant la gouvernance et le financement de projets biotechnologiques, l’équipe a pour objectif de créer un écosystème ouvert, collaboratif et efficient en faveur de la recherche et de l’innovation scientifique.

Cela pourrait accélérer le rythme des progrès biotechnologiques et les rendre plus accessibles dans le monde entier, en brisant les barrières traditionnelles associées à la propriété intellectuelle et aux financements.

 

 

A très bientôt !

Chris Campbell