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Les Américains font le pont aujourd’hui, ce qui promet une journée fort ennuyeuse sur les places européennes. L’occasion pour Philippe Béchade de revenir sur les dernières actualités boursières.

 

Avec un lundi férié pour la fête nationale de la veille, Wall Street vient d’aborder le pont du « 4 juillet » sur un double record absolu pour le S&P500 à 4 352 points et le Nasdaq à 14 639 points.

Ces deux indices ci-dessus ont été dopés par les GAFAM qui ont fait l’objet d’un ramassage aussi ciblé que massif : Google et Amazon se sont envolée de +2,3%, Microsoft de +2,2%, Apple de +2%. Le cas de Facebook est un peu différent puisqu’il a fini quasi stable, tout en affichant une jolie hausse de 3,6% sur la semaine écoulée, devancé seulement par Apple avec +3,8%.

Mais aussi et surtout, le S&P500 a inscrit pas moins de 7 records historiques consécutifs qui couronnent une neuvième hausse en dix séances ! Un exploit qui ne s’explique que si le marché est administré à la soviétique par une banque centrale toute puissante.

La FED s’est surpassée avec Wall Street, mais pas seulement. La barre des 1 000 Mds$ de prises en pension (stockage de liquidités excédentaires contre rémunération des intermédiaires financiers) a failli être atteinte vendredi.

Misez sur le staking

Le système est saturé de liquidités, les PMI dans l’euro zone sont au zénith historique, les coûts salariaux s’envolent de 3,6% en rythme annuel aux Etats-Unis… mais les banques centrales continuent à en imprimer plus que nécessaire, ce qui apporte de l’eau au moulin des promoteurs des cryptos (outil de lutte contre la dépréciation monétaire, stigmatisation des banques centrales, potentialités infinies des blockchains…).

Après les déclarations aussi fantasques que contradictoires d’Elon Musk, les prévisions délirantes des frères Vinkelvoss et d’Anthony Pompliano prédisant un Bitcoin à 1 M$ début juin à Miami… (et plus c’est gros, mieux ça passe.) L’univers des cryptos vient de bénéficier ce vendredi 2 juillet d’un renfort de 1er plan qui crédibilise l’univers Ethereum !

JP-Morgan estime que le « staking » – le « portage » ou la détention d’unités de devises numériques contre une rémunération – devrait combler le déficit de rendement des crypto-actifs par rapport aux actions (dividendes) ou aux produits de taux (coupons). Dans la même veine, JP-Morgan assure que le staking (qui génère déjà le versement de 9 Mds$ d’intérêts/an) rendra « l’écosystème cryptographique plus attrayant en tant que classe d’actifs ».

Le staking devrait permettre de verser aux « porteurs » de cryptos jusqu’à 20 Mds$ d’ici fin 2021 et 40 Mds$ d’ici 12 mois.

JP Morgan change de stratégie

La banque assure que les plateformes d’échanges de cryptomonnaies comme le géant Coinbase pourrait percevoir jusqu’à 500 M$ de revenus grâce au staking d’ici fin 2025. Et ce, avec le basculement imminent des protocoles du Proof of Work – ou PoW, très gourmand en puissance de calcul et donc générateur de Co² – au Proof of Stake – ou PoS, preuve d’enjeu, ou contrôle allégé des maillons de la blockchain, qui équivaut à plus de rapidité et à plus d’économie d’énergie.

N’est-ce pas merveilleux ?

Mais au fait, qui paye des particuliers ou des institutionnels pour le privilège de détenir des crypto-actifs qui n’ont pas de valeur intrinsèque, ne génèrent pas de flux (ni de richesse réelle comme un entreprise), à moins que l’on en crée artificiellement.

Donc cela nous renvoie à la question initiale : qui paye ?

La réponse, c’est le « système » lui-même. Un peu comme s’il engendrait une génération spontanée de revenus ex-nihilo. Un tel « système » semble ne procéder que de lui-même, mais où il faut attirer plus de détenteurs de l’actif pour qu’il se valorise ou accroisse sa rémunération, cela s’appelle un « Ponzi ».

Vous pourrez dérouler les explications techniques les plus alambiquées, noyer le profane sous un flot de terminologies exotiques et l’étourdir d’un lexique jargonnesque… Mais quand il faut attirer plus de participants vers un système où de l’argent jaillit miraculeusement de nulle part, alors c’est un « ponzi », peu importe son niveau de sophistication.

Lors de la bulle de fin 2017, Jamie Dimon, le PDG de JP-Morgan, considérait le Bitcoin comme « une fraude ». Mais depuis, les conseillers de la banque qu’il dirige pressent leurs clients d’investir 1% de leur portefeuille dans les cryptomonnaies. Et JP-Morgan s’apprête à leur donner accès à une plateforme de trading de Bitcoin !

Alors que Wall Street est fermé ce lundi, le comportement des cryptos sera à surveiller de près (la journée sera soporifique sur les places européennes, zéro opportunité de faire des écarts) puisque c’est le seul « casino » financier qui permettra de pimenter un peu cette journée fériée.

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