Cette opération financière est un événement. Elle a contribué, à elle seule, à réveiller le marché des introductions en Bourse (IPO) si mal en point depuis le début de l’année. Le 15 septembre dernier le concepteur de puces ARM a fait ses premiers pas boursiers sur le Nasdaq. Après un premier succès, le plus dur reste à venir…
Pour son IPO, le concepteur de puces électroniques ARM, contrôlé par le Japonais Softbank depuis son rachat pour 32 Mds$ en 2016, été valorisé plus de 50 Mds$ via une levée de fonds de 5 Mds$…
On est loin des records du Chinois Alibaba qui, en son temps, avait levé 21,8 Mds$ ou encore de Facebook et ses 16 Mds$ en 2012. Pour autant, cette opération reste malgré tout la plus importante de ces deux dernières années sur le marché américain. C’est même la cinquième meilleure opération tech de tous les temps.
Il n’est donc pas étonnant de voir au capital se côtoyer des noms prestigieux comme Nvidia ou encore Intel et Alphabet (Google).
Jusqu’ici tout va bien (ou presque)
Sans surprise non plus les premières cotations se sont bien passées. Introduit à 51 $, le titre a marqué un plus-haut à 69 $ avant de refluer vers les 55 $.
Attention toutefois, la société commence à se payer très cher avec notamment un multiple de 30 fois son chiffre d’affaires. Cela veut dire qu’elle n’a pas le droit à la moindre erreur sur le plan financier.
Dans le cas présent, l’opération a marché parce que la société a accueilli beaucoup d’investisseurs de renom. Mais aussi parce qu’elle n’a placé en Bourse qu’une petite fraction de son capital, à peine 5 Mds$.
Désormais, le plus dur commence pour la société, née au début des années 1990 au Royaume-Uni. En effet, hier, une petite semaine après son IPO, le titre a pour la première fois plongé sous son prix d’introduction. Les vendeurs à découvert sont arrivés…
Quelques défis à relever
Côté business, si vous ne connaissez pas ARM, son activité est très simple à comprendre. L’entreprise conçoit les puces qui font tourner de nombreux appareils électroniques dont tous les smartphones de la planète, soit 99 % du marché.
Il faut savoir qu’outre les smartphones, les ordinateurs, les voitures et même les réfrigérateurs s’appuient – tout ou partie – sur les 6 000 ingénieurs d’ARM pour fonctionner.
Comme vous pouvez le constater, ARM est incontournable dans son secteur d’activité. Mais, le groupe doit trouver de nouveaux relais de croissance…
Le marché des smartphones est en effet en perte de vitesse, ce qui s’est vérifié dans les comptes d’ARM : sur le dernier exercice fiscal le chiffre d’affaires a reculé de 1 % à 2,6 Mds$.
Voilà pourquoi ARM, en quête de nouvelles sources d’activité, cherche par exemple à se développer dans le cloud et à combler son retard sur le segment de l’intelligence artificielle. De même, vu le contexte géopolitique actuel, il lui faudra s’émanciper de la Chine, pays dans lequel l’entreprise réalise pas moins de 25 % de son chiffre d’affaires.
Autant de défis qu’il lui faudra relever pour se réinventer et séduire de nouveaux investisseurs. Un pari risqué… qui me conduit de vous conseiller d’attendre un peu avant de vous intéresser à l’action.
