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[Antitrust] Google victime de son succès ?

By 20 septembre 2023No Comments

C’est officiel, l’action antitrust la plus retentissante de ces 20 dernières années est lancée. Cette bataille oppose Alphabet et Google à la justice américaine. Son issue peut radicalement transformer l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il y a déjà eu un précédent… Avec Microsoft et Internet Explorer. Le point.

Google se bat contre le Département américain de la Justice dans une procédure qui devrait durer jusqu’à la mi-novembre, et dont l’issue aura un sérieux impact à la fois sur sa maison-mère, Alphabet, et sur tous les utilisateurs d’Internet.

Lors de son exposé préliminaire, l’avocat du Département de la Justice, Kenneth Dintzer, a déclaré ceci :

« Cette procédure concerne l’avenir d’Internet et la question de savoir si Google sera un jour confronté à une concurrence significative. » 

Il faut dire que « moteur de recherche » et « Google » sont de nos jours deux termes interchangeables. Aux Etats-Unis, pour dire « rechercher quelque chose sur Internet », on emploie même le verbe « (to) google » !

Google : victime ou coupable ?

Bien évidemment, cela se traduit parfaitement dans la part de marché de Google qui est de… 90 % ! Et ce, tous moteurs de recherche confondus.

Des concurrents tels que Microsoft l’affirment, les quelques recherches réalisées ailleurs que sur Google ne créent pas assez de données pour que leurs produits s’améliorent de façon significative. Et la confortable avance de Google dans ce domaine décourage également l’innovation – dit-on – dans la mesure où Google n’a aucune raison d’améliorer son produit.

Les publicitaires se sentent également lésés par le monopole (supposé) de Google. En effet, l’énorme volume de trafic généré par la plateforme et l’absence d’alternative forte ont permis à Alphabet de faire grimper à sa guise le prix de ses espaces publicitaires.

Mais la question centrale, dans cette action intentée par le Département de la Justice contre Google, sera de déterminer si l’entreprise est seulement victime de son succès ou s’il y a bien eu volonté délibérée de créer et d’exploiter un tel monopole ?

Par exemple, Google a versé des milliards à Apple et Samsung pour que son moteur de recherche soit installé par défaut sur tous leurs appareils. Dans le cas de son accord avec les fabricants d’appareils basés sur Android, ils ont l’interdiction de livrer des appareils munis d’un autre moteur de recherche.

Les arguments en défense de Google sont notamment que le géant a fait des offres équitables et que les utilisateurs peuvent facilement passer à un autre moteur de recherche que celui qui est installé par défaut.

Un dangereux précédent

La dernière fois qu’une action antitrust de cette envergure a été intentée remonte à 1998, année où le Département américain de la Justice a remporté l’action intentée contre Microsoft, le juge ayant accepté 23 des 26 arguments invoqués contre l’entreprise.

21 ans plus tard, cette action intentée par les Etats-Unis contre Microsoft sera au cœur de celle qui est intentée par le Département américain de la Justice contre Google, dans la mesure où ces procédures visant les deux géants technologiques ont de nombreux points communs.

Le premier argument contre Microsoft était le suivant : Internet Explorer était illégalement « lié » aux systèmes d’exploitation Windows. Bon nombre des mêmes arguments ont été utilisés dans la phase préliminaire de ce nouveau procès.

A l’époque, Microsoft a eu du mal à argumenter que l’entreprise ne s’était pas servi de sa position dominante pour décourager la concurrence, lorsque le vice-président d’Intel, Steven McGeady, a témoigné qu’un haut responsable de Microsoft avait exprimé son intention de « couper l’oxygène de Netscape » en proposant un clone gratuit de ce navigateur.

Finalement, en novembre 1999, le jugement a prononcé que Microsoft représentait un monopole et que l’entreprise serait contrainte de se scinder en deux entités bien distinctes.

En appel, cette décision a été partiellement annulée et une transaction amiable est finalement intervenue en 2001. Microsoft a accepté de rendre son code source accessible à des tiers, en gros, pour ne pas créer de nouveaux obstacles à la concurrence au sein de son système d’exploitation.

Cela a été considéré comme une grande victoire pour Microsoft, dans la mesure où l’entreprise n’a pas été obligée de subir les contraintes d’une scission. Mais Google ne devrait pas espérer bénéficier des mêmes bonnes grâces…

Si l’appel de Microsoft a été un succès, c’est en partie à cause du comportement du juge Thomas Penfield Jackson, qui a enfreint le code de conduite des juges en parlant de l’affaire dans les médias alors qu’elle était en cours de jugement. Cette fois-ci, il est peu probable que Google bénéficiera du même avantage, si la décision du Département de la Justice lui est défavorable.

Le Département de la Justice s’est déjà énormément appuyé sur la comparaison, en déclarant que Google suivait la méthode de Microsoft depuis les années 1990 pour créer et exploiter un monopole technologique. Bien entendu, Google invoque que la comparaison ne s’applique pas… Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

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