Kering serait-il passé de mode ? Si les stars se précipitent toujours autant aux défilés pour découvrir les nouvelles collections, les ventes, elles, se font attendre. Largement dépassé en chiffre d’affaires et en popularité par ses concurrents LVMH et Hermès, le groupe cherche à se défaire de sa dépendance à Gucci, dont les résultats inquiètent d’année en année…
Lorsqu’on fait la liste des déceptions micro-économiques de l’année 2023, on pense bien entendu à l’effondrement de Worldline entraînant sa sortie du CAC 40, à la décrépitude d’Atos empêtrée dans des cessions d’actifs qui n’en finissent pas, aux sérieux problèmes de cash-flow d’Alstom entraînant une baisse historique de son action durant l’automne… Mais rarement à Kering.
En effet, Kering c’est du luxe, avec ses marques Gucci, Balenciaga ou autres Yves Saint Laurent, et dans l’ensemble, le luxe se porte bien…
Sauf que ce n’est absolument pas le cas pour le groupe de la famille Pinault, surtout en Bourse, avec une baisse de près de 35 % en l’espace d’un an, et un cours divisé par plus de deux depuis son plus-haut historique de 798 €…
L’action Kering a poursuivi sa chute en 2023. Source : Investing.com
La capitalisation boursière du groupe est ainsi revenue à 44 Mds€, bien loin des 330 Mds€ de LVMH, ou encore des 190 Mds€ d’Hermès…
Kering est devenu le parent pauvre du secteur. C’est la société que plus personne n’a envie d’avoir en portefeuille, en dépit de ratios boursiers très attractifs.
En effet, son PER n’est que de 14 quand dans le même temps, les ratios sont respectivement de 21 et 43 pour LVMH et Hermès.
Alors comment expliquer un tel mouvement de défiance de la part des investisseurs institutionnels ?
Gucci fait souffrir sa maison mère
Il faut comprendre que même si le groupe dispose de nombreuses marques déjà évoquées plus haut auxquelles on peut ajouter par exemple Bottega Veneta, elle est « Gucci dépendante ». Cela veut dire qu’elle dépend en grande partie des résultats de la maison Gucci, qui représente environ deux tiers de ses profits.
Or, la marque ne se porte pas très bien actuellement, avec d’ores et déjà une dégradation de sa rentabilité opérationnelle. On estime ainsi, via la bouche du directeur financier du groupe, que cette marge opérationnelle devrait baisser de l’ordre de 200 points de base sur l’exercice 2023 pour s’établir à 33,6 %.
Au-delà des chiffres, il faut bien comprendre que Gucci a un réel problème de positionnement. C’est certes une marque de luxe, mais elle est surtout prisée par les millennials et la génération Z, très sensibles à la conjoncture.
D’ailleurs, elle fait moins rêver que ses concurrentes Louis Vuitton ou Christian Dior, positionnées sur le très haut de gamme.
Un nouveau directeur artistique est arrivé – en l’occurrence Sabato de Sarno – et sa première collection, commercialisée en ce moment, suscite beaucoup d’attentes.
Pour le reste, les autres marques vacillent quelque peu, à l’image d’Yves Saint Laurent qui a connu un troisième trimestre compliqué, marqué par un recul de 12 % des ventes et une baisse de 13 % de l’activité globale. Que dire également de Balenciaga, en recul de 15 %…
Kering a pris la sage décision de réduire la vente en gros afin de limiter les promotions et de faire monter ses marques en gamme. Mais cela a un coût temporaire : on sait d’ores et déjà que la rentabilité opérationnelle ne progressera pas en 2024, laissant entrevoir une nouvelle période morose pour le groupe.
Il y a également une autre raison, selon moi, beaucoup plus terre à terre .Avez vous vu les horreurs qu’ont sorti Gucci et Balianciaga ces dernières années ? Si oui ,vous comprendrez surement le pourquoi du moindre succès de ces marques ….