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DSV place ses pions pour les dix prochaines années

By 30 septembre 2024No Comments

La semaine passée, nous avons vu que le mouvement de concentration dans le secteur bancaire européen était inévitable, et causait déjà de grands mouvements de capitaux à hauteur de milliards d’euros. Le secteur du transport de marchandises suit exactement la même tendance, notamment chez DSV.

 

Si vous aimez la vague d’OPA qui se profile chez les banques, vous adorerez celle qui a débuté dans le monde du transport. Ce secteur d’activité, bien que moins financiarisé, met aussi en jeu des montants à onze chiffres comme le prouve le rachat record de DB Schenker par DSV pour 14,3 Mds€. Le Danois a mis la main sur 100 % du capital de la filiale de la Deutsche Bahn, un rapprochement qui donnera naissance à un acteur d’envergure mondiale dans la logistique.

 

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Avec le rachat de Schenker, DSV atteint la taille critique pour devenir leader de la logistique externalisée. Photo : DSV

 

La période post-pandémie a été l’occasion de prouver, à qui pouvait encore en douter, que la mondialisation n’allait en aucun cas s’arrêter. Si les considérations sanitaires ont, un temps, conduit les économies à se concentrer sur leurs productions locales, les velléités de relocalisation de l’industrie se sont bien vite heurtées au principe de réalité.

L’année 2023 a confirmé le caractère inéluctable de la mondialisation avec une croissance de 3 % des volumes échangés par voie maritime. Plus de 12 400 millions de tonnes de marchandises ont transité sur la planète l’an passé, et le transport maritime devrait générer plus de 380 Mds$ cette année.

 

Une nécessaire concentration

Le fait est que le transport de marchandises reste une composante irremplaçable de nos sociétés industrielles. En complément du transport maritime, les solutions multimodales sont de plus en plus prisées par les entreprises pour assurer les déplacements de marchandises point à point.

De fait, la logistique terrestre et aérienne vient parfaitement complémenter le transport par navire qui excelle surtout sur le déplacement de conteneurs standards entre les principaux ports mondiaux.

Ces dernières années, les solutions de logistique se sont progressivement étoffées pour intégrer les offres multimodales, la numérisation des échanges, les formalités douanières, et le suivi des marchandises en temps réel. Les logisticiens sont devenus des partenaires clés des industriels, et c’est grâce à eux qu’une part croissante de l’activité des entreprises – même les PME et ETI – peut profiter des effets bénéfiques de la mondialisation.

Mais après la phase de foisonnement de ces vingt dernières années, durant laquelle le métier de logisticien s’est complexifié, le temps de la consolidation sectorielle est venu.

Progressivement, les offres des différents acteurs se sont étoffées au point de converger. Le groupe CMA CGM venait du transport maritime, et s’est diversifié à l’aérien. Il possède aujourd’hui ses propres avions-cargos. DHL, qui était spécialiste de la logistique terrestre, opère désormais une flotte de plus de 300 avions (plus qu’Emirates), et vend à ses clients des prestations de transport maritime.

L’augmentation brutale des capacités globales après 2022, qui va aller en s’intensifiant jusqu’en 2028, a changé les grands équilibres du secteur. Désormais, tous les logisticiens peuvent tout faire et, aucun mode de transport n’étant en tension extrême, les clients peuvent faire jouer la concurrence. Les épisodes déflationnistes sur les prix se multiplient, et le temps est venu pour le secteur de se consolider pour rationaliser l’offre globale.

 

La naissance de géants taillés pour l’avenir

Jusqu’au début de cette décennie, le secteur de la logistique était resté relativement fragmenté.

Si la surcapacité globale qui se manifeste de plus en plus fortement depuis l’année dernière a été l’étincelle qui a déclenché la course aux rachats, ce sont surtout les milliards accumulés durant la pandémie qui ont permis les rapprochements.

En début d’année, CMA CGM a racheté Bolloré logistics pour près de 5 Mds€. Cette acquisition, qui fut la plus grande de l’histoire du groupe, a nécessité le feu vert de Bruxelles au vu de ses enjeux macro-économiques.

La vente de DB Schenker à DSV n’aurait certainement pas non plus eu lieu sans les folles années de confinement.

Du fait de la hausse vertigineuse des prix de fret maritime lors de la pandémie, Schenker a représenté jusqu’à plus de 40 % du chiffre d’affaires consolidé de la Deutsche Bahn. Ce qui était une activité annexe avait fini par prendre une place disproportionnée dans les comptes de l’opérateur ferroviaire allemand.

La vente était d’autant plus séduisante que la Deutsche Bahn est, à l’instar du rail français, criblée de 34 Mds€ de dettes et a encore dû essuyer pour plus d’1,2 Md€ de pertes d’exploitation au premier semestre.

Alors qu’elle doit répondre aux injonctions de Berlin qui lui demande de mener un plan de rénovation de son infrastructure d’ampleur inédite, les 14,3 Mds€ du rachat permettront d’apurer les comptes tout en se recentrant son métier historique.

 

La bonne affaire de DSV

Si la vente tombe à pic côté vendeur, côté acheteur, c’est le jackpot.

Une fois Schenker absorbé, le groupe DSV dégagera un chiffre d’affaires approchant les 40 Mds€, et verra ses effectifs tutoyer les 150 000 salariés. C’est un quasi-doublement par rapport à son étiage d’activité de l’an passé (20 Mds€) et un dépassement de l’année historique 2023 (31 Mds€).

DSV surpassera ainsi largement son grand rival suisse Kuehne + Nagel (28 Mds€ l’an passé), qui était jusqu’ici le leader de la logistique externalisée. Selon les analystes de Citi, le deal pourrait s’avérer encore plus rentable avec la possibilité de dégager jusqu’à 460 M€ de synergies.

Le Danois va pouvoir définitivement tourner la page de sa mauvaise fortune lors de l’OPA infructueuse sur Ceva Logistics en 2018. Le rachat manqué à 1,3 Md€, refusé par les actionnaires de Ceva qui ont fini par préférer l’offre de CGA CGM, est désormais oublié. Après l’acquisition de Panalpina en 2019 pour 4,1 Mds€, l’absorption de Schenker confirme la stratégie de croissance externe de DSV – avec l’aval de la Bourse qui n’a pas manqué de saluer la nouvelle.

 

DSV_action_290924

Les marchés ont salué l’annonce du rachat de Schenker, offrant +11 % en ligne droite à l’action DSV.  (CPH:DSV).

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

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