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Saint-Gobain toujours plus rentable

By 26 août 2024No Comments

L’an passé, les analystes s’inquiétaient des perspectives du groupe Saint-Gobain pour 2024. Entre un secteur de la construction sinistré et des perspectives industrielles en berne en Europe, les relais de croissance semblaient bien minces. Mais les chiffres du premier semestre sont venus rassurer les investisseurs les plus prudents…

 

L’ancienne Manufacture royale des glaces, fondée par Colbert au XVIIe siècle, n’en finit plus de se réinventer.

Le groupe français spécialiste des matériaux, désormais connu sous le nom de Saint-Gobain, a conclu la semaine passée le rachat d’Ovniver Group pour un montant de 815 M$ (740 M€). Avec cette acquisition, Saint-Gobain continue sa croissance externe en renforçant ses capacités dans la chimie et la construction.

Le groupe poursuit ainsi à marche forcée la réorganisation de son portefeuille. En seulement cinq ans, c’est désormais plus de 40 % de sa capitalisation boursière qui a été achetée ou vendue. De quoi continuer d’optimiser les bénéfices à venir, et soutenir une croissance des résultats qui ne ralentit pas, comme l’ont prouvé les derniers chiffres semestriels.

Après avoir brièvement dépassé son plus-haut historique établi durant la vague d’inflation de 2007, le titre a réussi à se maintenir durant l’été sur un plateau haut, et ce malgré la débandade des indices. Une stabilité de bon augure pour les investisseurs de long terme qui souhaitent capitaliser sur les entreprises en croissance saine et continue.

 

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Portée par l’exécution sans faille d’une stratégie payante, l’action Saint-Gobain s’échange non loin de ses plus-hauts historiques.

 

 

Un souci permanent de la rentabilité

Malgré son grand âge, Saint-Gobain n’a rien d’une belle endormie. Depuis la pandémie, le groupe s’est attaché à remanier en profondeur son portefeuille d’actifs pour maximiser son rendement.

Au dernier décompte, les mouvements de portefeuille dépassent les 16 Mds€ sur cinq ans, avec comme critère permanent l’amélioration de la marge d’EBITDA. Celle des activités achetées a été, en moyenne, quatre fois plus importante que celle des activités vendues.

Le premier coup de maître fut le rachat de Chryso, un acteur d’envergure mondiale de la chimie de construction en mai 2021. La proie, spécialiste des additifs créés à partir de procédés chimiques innovants, a apporté au groupe un chiffre d’affaires de 400 M€ et un EBITDA de 85 M€, soit une marge d’EBITDA supérieure à 21 %. Dans un marché attendu en croissance de 7 % par an, les synergies entre la pépite et sa nouvelle maison mère sont estimées à terme à 50 M€ par an (15 M€ sur les coûts, 35 M€ sur les ventes).

Au mois de décembre de la même année, Saint-Gobain a vu encore plus gros en rachetant GCP Applied Technologies pour plus de 2,3 Mds$ (2 Mds€). Là encore, l’opération a permis au groupe d’augmenter la rentabilité moyenne de ses activités : la marge d’EBITDA de GCP approchant en effet les 20 % avant le rachat, et les synergies permettant d’espérer une croissance de 50 % de la rentabilité à trois ans.

Il y a quelques jours, Saint-Gobain a reproduit la performance avec son opération sur le mexicain Ovniver. Le fabricant de revêtements de façade, colles à carrelage, et solutions d’étanchéité peut se prévaloir d’une marge d’EBITDA actuelle de 21,7 %. C’est moitié plus que celle de Saint-Gobain en 2023 (14,6 %), et l’absorption d’Ovniver permettra également au Français de se renforcer en Amérique.

Non seulement les activités d’Ovniver sont plus rentables que le groupe dans son ensemble, mais elles signent en plus une croissance bien supérieure. Alors que le chiffre d’affaires 2023 de Saint-Gobain s’était établi à 47,9 Mds€, en légère baisse de -0,9 % sur un an à périmètre comparable, celui d’Ovniver Group connaît, sur les 5 dernières années, une croissance annualisée de 20 %.

Avec l’acquisition d’Ovniver, Saint-Gobain portera son chiffre d’affaires total dans la chimie de construction à 6,5 Mds€, dans 76 pays. Grâce aux synergies, il est même attendu que l’EBITDA de la cible passe de 56 M€ à 92 M€ d’ici trois ans.

Certes, l’opération ne sera pas indolore pour les comptes de l’entreprise dans la mesure où les 815 M$ sont apportés en numéraire. Mais Saint-Gobain peut se le permettre, comme le prouvent les résultats trimestriels publiés au cœur de l’été.

 

Saint-Gobain: un modèle à l’épreuve de la crise

L’an passé, les analystes s’inquiétaient des perspectives du groupe pour 2024. Il est vrai qu’entre un secteur de la construction sinistré et des perspectives industrielles en berne en Europe, les relais de croissance semblaient bien minces.

La chute de -5,5 % des volumes entre 2022 et 2023 avait jeté un froid, et la hausse de 4,6 % des prix pratiqués semblait peu durable avec un pouvoir d’achat des ménages et des entreprises en berne.

Les chiffres du premier semestre 2024 sont venus rassurer les plus prudents des investisseurs. Grâce à la restructuration des actifs, la marge d’exploitation a atteint un plus-haut historique, à 11,7 %. Le marché européen s’est finalement avéré stable, et le groupe a su capitaliser sur la hausse de la rentabilité en Amérique et en zone Asie-Pacifique pour augmenter ses marges.

Malgré un chiffre d’affaires toujours en contraction de -4,9 % sur un an, la génération de free cash-flow a augmenté de 12 %, à 2,5 Mds€ sur le premier semestre 2024. Le résultat net a augmenté dans des proportions encore plus importantes, bondissant de 14,5 % à 1,66 Md€.

A ce rythme, Saint-Gobain devrait voir son résultat net retrouver le niveau de 2022, voire le dépasser. La direction peut d’ores et déjà se féliciter de voir les principaux indicateurs financiers du groupe dépasser les objectifs fixés dans le cadre du plan 2021-2025 :  croissance interne du chiffre d’affaires, taux de conversion du free cash-flow, ROCE, et ratio dette/EBITDA sont déjà tous meilleurs qu’anticipé à horizon 2025.

Seule la marge d’exploitation, actuellement à 10,5 % sur les trois derniers exercices, n’a pas encore dépassé la fourchette prévue des 9 % à 11 %. Mais avec les derniers arbitrages, il ne fait guère de doutes que cet indicateur excèdera, à son tour, les objectifs quinquennaux avant la clôture du prochain exercice.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

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