Plutôt Bitcoin ou argent-métal ? Avec la hausse du BTC de ces derniers jours et les prévisions des analystes sur l’argent, la question se pose. Chris Campbell , notre fervent défenseur des cryptomonnaies partage ici son analyse, et elle est plus surprenante que ce qu’on pourrait croire…
En 2012, un ami m’a contacté en disant : “J’ai 5 000 $. Je cherche à investir sur 10 ans. Que me conseilles-tu ?”
Il cherchait quelque chose d’amusant, une idée en dehors des sentiers battus.
Quelque chose d’audacieux.
Je lui ai dit d’acheter à la fois de l’argent et du Bitcoin. C’est ce qu’on appelle la stratégie des haltères : miser à la fois sur des actifs peu risqués (comme l’argent), et sur des actifs plus risqués mais à fort potentiel (comme les cryptomonnaies). Après tout, nous étions sûrs que l’argent ne se déprécierait jamais jusqu’à atteindre zéro, et qu’il avait même des chances de prendre de la valeur avec le temps. Le Bitcoin, lui, pouvait perdre la totalité de sa valeur, mais il pouvait aussi atteindre les 100 000 $ ou plus.
Il m’a regardé comme si j’étais fou.
Un bitcoin valait environ 100 $ à l’époque. Il n’y avait aucune chance qu’il atteigne un jour 100 000 $.
“Un bitcoin à 100 000 $, quand on sait que le nombre maximal de bitcoins est de 21 millions, cela représente une capitalisation boursière de 2,1 billions de dollars”, a-t-il dit. “Sais-tu combien vaut 1 billion de dollars ?”
Pour sa défense, il faut comprendre que 1 billion de dollars était une somme quasi-inimaginable à l’époque.
De plus, en 2012, personne dans les médias financiers alternatifs ne parlait du Bitcoin. S’ils en parlaient, c’était pour dire que c’était une arnaque.
Par contre, TOUT LE MONDE parlait de l’argent.
Mon ami a donc acheté 5 000 $ d’argent-métal à 34 $ l’once.
Douze ans plus tard, il est toujours en perte.
Mais voilà : s’il avait misé ne serait-ce que 2 500 $ sur le Bitcoin à l’époque, son investissement vaudrait plus de 1,5 M$ aujourd’hui.
Ne vous en faites pas pour mon ami. Il s’en est très bien sorti même sans Bitcoin – il prend ce genre d’anecdote avec philosophie.
Et il a toujours son argent-métal.
“Comme une piqûre de rappel”, m’a-t-il dit un jour.
Un rappel de quoi ? Aucune idée. Je n’ai pas osé demander.
Malgré tout cela, si quelqu’un me demandait aujourd’hui : “Devrais-je acheter de l’argent ou des cryptomonnaies ?”
Ma réponse, au grand désarroi de mon ami, resterait la même : “Pourquoi pas les deux ?”
L’envolée de l’argent
Ces derniers mois, l’argent-métal a fait les gros titres.
Les dirigeants des sociétés minières d’argent et les analystes qui suivent de près le secteur estiment que l’argent va entrer dans une phase de marché haussier, stimulé par une conjonction parfaite de facteurs d’offre et de demande.
(Cette fois-ci, c’est du sérieux !)
L’un des principaux catalyseurs est le déficit d’approvisionnement croissant sur le marché de l’argent. En effet, pendant quatre années consécutives, la demande en argent a dépassé l’offre, le déficit devant atteindre le chiffre impressionnant de 250 millions d’onces en 2024.
Cette pénurie structurelle est le résultat de nombreuses années de sous-investissement dans les nouvelles mines, associées à une demande en forte croissance, provenant à la fois du secteur industriel et des investisseurs. Du côté de la demande, la fabrication de panneaux solaires, très gourmande en argent, représente à elle seule environ 35 % de la consommation totale (!).
Avec la transition mondiale vers les énergies renouvelables, l’adoption du photovoltaïque devrait s’accélérer. Et il faut savoir que les nouvelles technologies de panneaux utilisent des quantités d’argent toujours plus élevées. Certaines projections montrent que la demande en énergie solaire pourrait représenter 50 % de la consommation totale d’argent dans les années à venir.
De plus, l’argent-métal est de plus en plus recherché par les investisseurs, notamment sur les marchés asiatiques clés que sont l’Inde et la Chine.
Ces derniers mois, les importations d’argent dans ces pays ont explosé : l’Inde en a importé plus au cours des trois derniers mois que sur toute l’année 2022, et les importations chinoises atteignent des niveaux records.
Les analystes estiment que les acheteurs de ces pays ont une vision plus claire des fondamentaux de l’offre et de la demande que les investisseurs occidentaux, ce qui les incite à constituer des stocks de métal.
Argent-métal : un scénario de base à 66 $
L’offre en argent-métal semble de plus en plus restreinte. Environ 70 % de l’argent est extrait en tant que sous-produit des mines de métaux de base comme le cuivre, le plomb et le zinc.
Cependant, le développement de nouvelles mines dans ces secteurs est confronté à des délais d’exécution longs et à des défis croissants. La quantité d’argent produite pourrait donc se réduire davantage à mesure que ces sources connaissent une croissance limitée.
Certaines estimations suggèrent que les mines d’argent primaires, tout en bénéficiant de prix plus élevés, auront tout de même du mal à dégager des revenus significatifs.
La nationalisation des ressources dans les principaux pays producteurs d’argent comme le Mexique, le Pérou et le Chili aggrave les problèmes d’approvisionnement.
Les gouvernements de ces pays cherchent à capter une part plus importante des bénéfices miniers, tandis que les réglementations de plus en plus strictes et la dégradation du climat social rendent plus difficile que jamais la construction de nouvelles mines d’argent.
Enfin, le contexte monétaire est également favorable à l’argent.
Les banques centrales du monde entier accumulent de l’or à un rythme effréné (le plus rapide depuis des décennies), alors que la confiance dans le dollar américain s’effrite.
Ce changement profitera à l’argent, qui a tendance à suivre les mouvements de l’or, mais avec une volatilité plus élevée.
Bien souvent négligé au profit du métal jaune, l’argent est peut-être en train de connaître son moment de gloire.
Evidemment, je crois très fort dans l’avenir des cryptomonnaies. Mais je ne peux pas m’en empêcher : j’aime toujours l’argent.
Chris Campbell
Merci, pourquoi ne pas aborder l’hypothèse, pour le moment peu probable, d’un retour au bimétallisme. Cordialement.