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2024 sera l’année des spin-offs

By 8 janvier 2024One Comment

Chargeurs, Europcar, EDF… En dépit de leur popularité, nombreuses sont les OPA qui ont laissé les actionnaires de longue date sur leur faim. Alors, cette année, pensez aux spin-offs ! Parfaits pour profiter d’une dynamique boursière favorable, ils ne comportent pas les risques inhérents à la spéculation sur les offres publiques d’achat.

 

Dans un contexte d’indices toppish, avec un CAC 40 qui a violemment reflué sous les 7 500 points lors de la première semaine de cotation de l’année, les investisseurs ont à cœur de protéger leur capital. Rien ne dit en effet que l’indice phare français, qui a terminé 2023 sur un gain de 16,52 %, soit en mesure de reproduire la performance en 2024.

Pas question, donc, d’acheter sans discrimination « le marché » en investissant à l’aveugle dans les premiers de cordée des indices ou, pire encore, dans des ETF qui seront ballottés au gré de la liquidité disponible.

La bonne nouvelle est que des options existent pour générer de la plus-value en environnement incertain. Car un CAC 40 à 7 500 points et un Euro STOXX 600 à 474 points ne justifient pas de liquider les positions actions pour se réfugier dans l’or, le cash, ou les matières premières.

Pour qui cherche à placer des liquidités excédentaires en ce début d’année, il reste deux réservoirs de valeur en Bourse qui ne demandent qu’à être exploités.

Le premier est celui des valeurs décotées, dont le prix est massacré du fait de l’inconstance des opérateurs et des effets de mode. L’an passé, la valeur médiane de la performance du CAC 40 a été quasiment identique à la moyenne, ce qui signifie que pas moins de la moitié des titres ont sous-performé l’indice et pourront bénéficier d’un effet de rattrapage. Dans le même temps, le CAC Mid & Small a terminé l’année en territoire négatif, malgré la pléthore de records battus par les grands indices – cela signifie que, toutes choses égales par ailleurs, les petites valeurs sont désormais bien moins chères que les big caps. Nous évoquons d’ailleurs régulièrement dans ces colonnes les bonnes affaires boursières à réaliser lorsque les fondamentaux des dossiers sont en décalage avec leur cours de Bourse.

Le second réservoir de valeur est dans la mise sur le marché de filiales par le biais de spin-offs. Il s’agit du moment où un groupe décide de se séparer d’une de ses activités. Moins théâtraux que les OPA qui sont souvent annoncées un soir ou un week-end et dont l’effet se fait sentir dès les premières minutes du jour suivant de cotation, les spin-offs sont souvent des processus plus itératifs durant lesquels les modalités et les valorisations sont longuement discutées. Ils sont donc moins médiatisés – alors qu’ils offrent un potentiel de gain bien supérieur pour les investisseurs. Et leur nombre devrait se multiplier en 2024.

 

Les spin-offs, compléments lucratifs des OPA

Lorsque le cours d’une action chute suffisamment bas, l’entreprise devient une proie intéressante pour les grosses mains qui souhaitent en prendre le contrôle à bas prix. Pour s’attirer les faveurs des régulateurs boursiers, les acheteurs proposent alors un rachat à un prix sensiblement supérieur aux derniers cours de Bourse, ce qui permet aux actionnaires en position de générer des gains de 20 %, 30 %, voire plus en une seule séance.

Sur le papier, le mécanisme est simple et les gains alléchants. En pratique, les OPA participent à la spoliation des petits épargnants par les grosses mains dans le cadre d’une mécanique bien huilée.

Lors d’une OPA, un groupe rachète une cible en vendant à ses actionnaires que le rapprochement sera à même de créer de la valeur ajoutée du fait des synergies entre les activités.

Lors d’une scission, un groupe se sépare de l’une de ses branches en vendant à ses actionnaires que la séparation des activités créera de la valeur en permettant de libérer les talents.

Les deux opérations, pourtant l’inverse l’une de l’autre, sont censées être bénéficiaires aux actionnaires. Il est évident qu’il n’est pas possible de gagner de l’argent à l’infini en regroupant et séparant des divisions d’entreprises. Si tel était le cas, il suffirait de fusionner et de séparer des entités encore et encore pour enrichir à l’infini la maison mère.

D’où vient donc cette richesse prétendument créée ? En réalité, elle vient de ceux qui s’appauvrissent entre les deux phases de ce mouvement quasi-perpétuel : ceux qui possèdent des actions de la petite entité qui perd de la valeur en Bourse.

Bien souvent, la prime offerte lors d’une OPA ne compense que quelques semaines ou quelques mois de baisse du cours de Bourse de l’entreprise rachetée. Les actionnaires au long cours, qui ont été fidèles au dossier durant les années de vache maigre, ne récupèrent qu’une fraction de leur mise. Et lors des OPA avec radiation de la cote, ils ne peuvent même pas refuser d’apporter leurs titres et se retrouvent dépossédés sans possibilité de recours.

C’est uniquement lorsqu’une cible est rachetée à vil prix que se crée la valeur dans le cycle fusion/scission. Investir dans les OPA nécessite donc de disposer d’une solide boule de cristal, car il s’agit non pas d’entrer sur le dossier lorsque le cours est inférieur à la valeur intrinsèque, mais lorsque l’annonce de l’offre d’achat est imminente. A défaut, le gain à deux chiffres n’efface souvent pas les pertes subies !

 

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L’OPA sur Chargeurs, considérée comme l’une des plus belles de 2023, n’a pas empêché les actionnaires de perdre -20 % sur un an et -54 % sur deux ans.

 

Pour dormir l’esprit tranquille et que le temps joue pour vous, mieux vaut donc vous positionner à l’opposé : lorsque les groupes sont prêts à se scinder.

 

Un rare moment d’alignement des intérêts grosses mains/petites mains

Si les OPA sont souvent un moment de spoliation pour les actionnaires, les spin-offs sont, a contrario, l’une des rares situations où les intérêts des petits actionnaires sont alignés avec ceux des grosses mains qui détiennent la majorité du capital.

Pour que des spin-offs aient lieu dans de bonnes conditions, il faut que les titres de la filiale soient cédés au plus haut. Il est donc dans l’intérêt des principaux actionnaires que le groupe soit en croissance, que son titre soit sur une bonne dynamique… et que le spin-off soit valorisé au mieux.

C’est ainsi que Vivendi, qui subissait une importante décote de conglomérat, a décidé d’introduire en Bourse Havas et Canal Plus, deux de ses joyaux. L’annonce a été saluée par les marchés avec un bond de 10 % du titre lors de l’annonce.

Le chimiste Solvay, dont la santé financière était devenue délicate ces derniers mois, a pu créer de la valeur pour ses actionnaires en se séparant de Syensqo, son entité dédiée à la chimie de spécialité. Le cours du spin-off a bondi de 27 % durant les premiers jours de cotation. Celui de la maison mère a connu une hausse du même ordre de grandeur lors de l’opération.

Même succès lorsque Sanofi s’est séparé d’Euroapi l’an passé. La filiale de Sanofi spécialisée dans la fabrication de principes actifs a vu son cours de Bourse bondir de +37 % en moins de six mois… avant de prendre le chemin de la baisse, ce qui permettra sans nul doute à un groupe pharmaceutique de proposer une OPA à bon compte une fois que le dossier aura été oublié.

Nous pourrions également citer Telekom Austria avec la scission d’EuroTeleSites, le britannique Melrose avec Dowlais Group, ou encore Sodexo, qui apporte les dernières touches à la scission de Pluxee prévue pour le 1er février.

En termes d’évolution de structure du capital, une scission est l’équivalent d’une IPO (introduction en Bourse). Ce sont les actionnaires en position avant l’opération qui ont toutes les cartes en main pour céder les actifs qu’ils possèdent à des investisseurs moins avertis. La différence est qu’il est bien plus aisé, pour un investisseur particulier, d’acheter des actions d’un conglomérat sur le point de se restructurer que d’une entreprise non cotée avant son IPO.

Se positionner sur des groupes au fort potentiel de scission permet de profiter d’une dynamique boursière favorable et d’un alignement des intérêts avec les faiseurs de marché, sans prendre les risques inhérents à la spéculation sur les OPA.

 

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