La Banque centrale européenne va annoncer dans la journée si elle poursuit sa politique de durcissement monétaire, dans un environnement économique déjà incertain pour la zone euro et pour les marchés financiers du continent. Quoi qu’il arrive, les investisseurs vont devoir apprendre à naviguer dans des eaux de plus en plus agitées…
Des indicateurs témoins d’une contraction économique
Malgré une progression particulièrement importante de l’indice STOXX Europe 600 (+15 % depuis janvier), et une avancée encore plus marquée de l’EURO STOXX 50 (plus de 17 % de hausse), la réalité économique est de plus en plus préoccupante.
Plusieurs indicateurs clés, dont les résultats préliminaires des enquêtes auprès des directeurs d’achat (PMI), font état d’une fragilité croissante de l’économie européenne.
PMI en zone euro I Source : Bloomberg
Les enquêtes PMI, souvent considérées comme des baromètres fiables de la santé économique, montrent une contraction significative de l’activité manufacturière, avec un PMI de 42,7 pour la zone euro en juillet, bien en dessous du seuil de 50 indiquant une contraction économique avérée.
Cette contraction est d’autant plus inquiétante qu’elle est la plus importante depuis le début de la pandémie, signe que la croissance économique pourrait basculer en territoire négatif et qu’une récession n’est finalement plus si lointaine, contrairement à ce qu’affirmait Christine Lagarde, Présidente de la BCE.
Au-delà des chiffres globaux, l’étude des économies nationales révèle également une détérioration généralisée.
L’Allemagne, souvent qualifiée de « moteur de la zone euro », affiche un PMI manufacturier de seulement 38,8, signe d’une récession profonde.
Du côté de la France, (nous sommes le second géant économique de la zone euro), le PMI manufacturier a atteint un creux de 38 mois à 44,5.
Ces tendances suggèrent que nous pourrions être à l’aube d’une récession plus profonde que ce qu’on croit.
BCE : un nouveau coup de massue ?
Paradoxalement, alors que l’économie européenne montre des signes de faiblesse, la BCE maintient une politique monétaire stricte, concentrée sur la maîtrise de l’inflation.
Cette approche, bien que justifiée par des préoccupations légitimes de stabilité monétaire à long terme, risque d’exacerber les défis actuels.
En effet, un durcissement monétaire se traduit généralement par une augmentation des taux d’intérêt, rendant l’emprunt plus coûteux pour les entreprises et les particuliers.
Dans un contexte de contraction économique, une telle politique pourrait freiner davantage l’investissement et la consommation, deux moteurs clés de la croissance.
Demande de crédit en zone euro I Source : Bloomberg
De plus, une augmentation des taux d’intérêt pourrait également peser sur les marchés boursiers, rendant les actions moins attractives par rapport aux obligations et autres investissements à revenu fixe.
Il convient aussi de noter que l’inflation en zone euro est plus persistante que l’inflation américaine, ce qui pourrait compliquer encore un peu plus la tâche de nos banquiers centraux.
Analyse technique du CAC40
Sur le plan technique, la phase de latéralisation actuelle du CAC40 illustre parfaitement cette dégradation économique.
Nous restons pour l’heure bloqués sous les 7 400 points. C’est le niveau clé que l’indice devra aller chercher pour espérer s’envoler vers de nouveaux plus-hauts historiques (peut-être pas pour tout de suite du coup…)
Pour autant, le CAC40 n’est pas encore entré en tendance baissière. Si l’on devait prendre une position vendeuse, nous attendrions un franchissement à la baisse des 7 150 points.
Demande de crédit en zone euro I Source : Bloomberg
Face à une détérioration des indicateurs économiques et à un durcissement des conditions monétaires de la BCE, l’horizon semble incertain pour les marchés boursiers européens. Surtout quand on ajoute à cela des valorisations relativement élevées…
Il est donc crucial pour les investisseurs de suivre attentivement ces tendances, tout en se préparant à naviguer dans des eaux de plus en plus agitées.
Cette vigilance accrue sera d’autant plus nécessaire dans le contexte actuel, où la contraction économique et le durcissement monétaire ajoutés à l’instabilité économique de la Chine pourraient converger pour créer une tempête parfaite pour les actions européennes.