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Combien de temps Wall Street va-t-il se réjouir de T-Bonds à 1,685%, bientôt à 1,95% ?

Le Dow Jones à 33 000, le S&P500 à 3 984… les records absolus s’enchainent inexorablement : Wall Street comptait sur la FED – et Jerome Powell – pour trouver les « mots justes » susceptibles de placer Wall Street dans les meilleures dispositions pour lancer le sprint (haussier) final à 48h de la séance des « 4 sorcières ».
Mission accomplie s’agissant des principaux indices boursiers… le résultat s’avère beaucoup plus discutable pour les bons du Trésor US qui inscrivent simultanément leur pire niveau de clôture depuis début février 2020 (à 1,643%) alors que le taux directeur de la FED était de 1,75%.
Durant la 1ère quinzaine de février 2020, les T-Notes de 3 mois à 1 an affichaient un rendement comparable au « 10 ans », autour de 1,60%.
Le « 2030 » oscillait alors entre 1,58 et 1,63%, tantôt un peu au-dessus, tantôt un peu en-dessous du « jour le jour »… illustrant un phénomène d’aplatissement de la courbe de taux, prélude à un scénario de récession économique (mais personne n’imaginait un effondrement de 32% du PIB un mois plus tard, parce que cela ne s’était jamais produit dans toute l’histoire des Etats Unis, et encore moins en temps de guerre).
En ce 18 mars, c’est à dire le jour anniversaire du plancher touché par les principaux indices US, Jerome Powell ne pouvait pas se permettre de provoquer un « pullback » qui aurait pu marquer l’inversion de polarité du plus puissant mouvement haussier de l’histoire de Wall Street.
Il a donc déroulé en conférence de presse tous les « éléments de langage » que Wall Street souhaitait entendre, et notamment cette phrase-clé : « la FED maintiendra des taux d’intérêt quasi nuls pendant plusieurs années encore ».
Autre phrase-clé : « l’inflation restera contenue sous 2% d’ici 2023. »
Autrement dit, la FED a réussi à convaincre Wall Street que la croissance du PIB américain allait accélérer de 4,2 à 6,5% (+55%), avec un recul du taux de chômage 6,5 à 4,5% (-33%), et le tout sans inflation, malgré des records pluriannuels sur le prix du cuivre, de l’acier, du bois de charpente, du Nickel (prix doublé depuis début 2019), sans oublier un pétrole au plus haut depuis 15 mois.
A 48h de la séance des « 4 sorcières », les gérants actions étaient preneurs de n’importe promesse miraculeuse… les spécialistes des marchés de taux se sont montrés beaucoup plus circonspects.
Le « 10 ans » a tutoyé les 1,68% pour la 1ère fois depuis le 2 février 2020, un scénario devenu très prévisible depuis le débordement des 1,45%, l’ex-plancher de mi-juillet 2016 (il y a presque 5 ans) puis d’août et septembre 2019 (18 mois).
Le rendement du « 10 ans » affiche 115 points depuis le 2 août 2020 mais il pourrait en afficher 30 de plus d’ici 1 mois ou 2 et tester les 1,95%, le zénith du 6 novembre au 31 décembre 2019/2 janvier 2020.
Combien de temps les « faiseurs d’opinion » parviendront-ils à convaincre que la hausse de taux est le plus encourageant des précurseurs conjoncturel et faire oublier que le rendement de 90% des valeurs du S&P500 est inférieur au « taux sans risque » que représente le T-Bonds 2031 ?
Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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