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Wall Street : un premier trimestre placé sous le signe du chiffre 65

Résolument haussier, le premier trimestre boursier a été marqué par des évolutions majeures, sans doute inéluctables, en matière de trading. Avec aussi un chiffre que Philippe Béchade a retrouvé à plusieurs reprises en décortiquant les coulisses de ce qui est en train de se tramer…

Le plan de relance de Joe Biden est presque passé comme une lettre à la poste au Sénat, tout juste freiné par une petite bataille d’arrière-garde d’amendements…

L’essentiel est cependant sauf, à savoir que 1 900 Mds$ vont être déversés dans la première économie mondiale, essentiellement sous forme d’aides sociales et de chèques de 300 $ par semaine en faveur des citoyens américains qui gagnent moins de 80 000 $ par an. Ce qui, soit dit en passant, représente 6 666 $ par mois, ou 5 300 €, bien au-delà du seuil de richesse des 4 000 € retenu par nombre d’idéologues en France.

465 Mds$ (soit environ 2% du PIB américain) seront par ailleurs injectés sous forme d’« helicopter money », comme en avril 2020 et en janvier dernier ; et à en croire Goldman Sachs, JPMorgan, la Deutsche Bank et d’autres courtiers, de 33 à 37% du montant des « chèques Covid » seront dépensés sous forme d’achats d’actions, d’ETF, de CFD et d’options négociables à Wall Street. Cela représentera l’équivalent de 170 Mds$ de nouveaux flux, soit presque trois fois les 65 Mds$ collectés par les fonds investis en actions américaines depuis le début de l’année.

Ce chiffre de 65 est décidément omniprésent actuellement puisque 65% des ordres émanant de particuliers ont été passés en 2020 par des nouveaux venus en Bourse (comprenez ayant ouvert un compte à partir d’avril 2020) et 65% de ces nouveaux venus ont moins de 36 ans.

Plus ils sont jeunes, plus ils sont « actifs » et l’adjectif « frénétiques » leur correspondrait mieux car grisés par neuf mois de succès, ils se croient géniaux et invincibles, d’où des prises de risques et des leviers spéculatifs vertigineux.

Alors que la Bourse est entrée dans l’ère des réseaux sociaux et des « humeurs de marché », les influenceurs de Reddit et autres Robinhood leur ont offert en guise de bienvenue cette incroyable révélation : les banques centrales impriment de l’argent qui fait monter les cours. Et comme elles paniquent dès que les cours baissent, elles font tout pour qu’ils remontent !

Les corrections au long cours ont vécu

A partir de là, il est devenu impossible de ne pas gagner et la stratégie la plus contre-productive consiste désormais à « couvrir » les positions, à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier (acheter Tesla puis se ruer sur les « calls » Tesla, puis sur des ETF Bitcoin) et à refuser de prendre un levier de 10 quand un ETF spécial « SPACS » ou spécial « cryptomonnaies » devient disponible.

Dans un tel contexte, les corrections ne peuvent pas aller bien loin et de toute façon, l’argent ne quitte pas la table : c’est simplement la hauteur des piles de jetons qui évolue suivant une rotation sectorielle réduisant la taille des « technos » et augmentant celle des « value ».

Moyennant quoi, après le bref épisode correctif des 2, 3 et 4 mars derniers, c’est une reprise en « V » qui s’est dessinée dès la mi-séance vendredi et elle aura été particulièrement spectaculaire sur le Nasdaq, lequel est remonté de 12 400 vers 12 940 points (+ 540 points donc, ou +4,4%), et au-delà du support majeur des 13 000 points en transactions hors séance.

De son côté, le S&P500 devrait renouer avec les 3 870 points (l’ex-zénith de la mi-février) dès ce lundi, tandis que le Dow Jones ne devrait pas tarder à rééditer les 32 000 points.

Tout cela corrobore en tout point les dernières recommandations adressées aux abonnés à la lettre Béchade Confidentiel : laissez-vous porter par la vague qui devrait propulser le CAC40 vers 5 950 points – avec l’aide enthousiaste des « 65 » –, mais ne perdez pas de vue pour autant que celle-ci ira se briser contre la falaise des rendements obligataires, la rémunération des bons du Trésor à dix ans américains étant désormais plus élevée que l’ensemble des titres du S&P500.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

2 commentaires

  • Avatar Casimir dit :

    Bonjour,
    Il y a un truc qui m’échappe.
    A 1,6%, la rémunération des bons du Trésor US devient plus élevée que celle des actions ce qui pourrait détourner les capitaux vers les bons du Trésor au détriment des actions qui, de surcroît, sont plus risquées.
    Le raisonnement tient effectivement debout.
    Mais, si la rémunérations des bons du Trésor augmente, n’est pas justement parce que leurs détenteurs les vendent ?

  • Avatar MS dit :

    300dollars par semaine ça fait 1200 pas 6666

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