Alors que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis semblent se cristalliser autour des droits de douane, la réalité est bien plus complexe. Derrière les discours sur l’emploi et le commerce, une bataille technologique décisive se joue : celle des robots et de l’intelligence artificielle physique. La Chine a pris les devants de cette révolution industrielle, tandis que l’Occident peine à suivre…
Sur TikTok, on pense que les tarifs douaniers concernent les t-shirts à 5 $, les consoles de jeu Xbox, et les tenues de yoga de luxe.
On se trompe évidemment. Mais à quel point ?
Hier, j’ai appelé le fondateur d’une entreprise à Hong Kong, qui produit des logiciels de modélisation spatiale en 3D pour les robots.
Considérez que c’est un GPS 3D pour C-3PO [NDLR : nom du robot droïde de la saga Star Wars].
Voici ce qu’il m’a dit :
« Tout le monde pense que les tarifs douaniers ont quelque chose à voir avec les emplois, ou le commerce, ou les biens de consommation. Il n’en est rien. C’est une question de robots. De robots chinois. »
A Washington, ce n’est pas l’inflation qui fait vraiment peur, ni les emplois qui quittent le sol américain, ni les déficits commerciaux. Aucun rapport.
Je vais vous exposer quelque chose qui donne à réfléchir.
Robots : Jensen Huang nous avait pourtant prévenus
Cette année, à l’occasion du Consumer Electronics Show (ou CES, le grand salon consacré à l’innovation technologique qui se tient chaque année à Las Vegas), Jensen Huang, le P-DG de Nvidia, a dit tout haut ce que l’on pense tout bas :
« Le prochain cap à franchir pour l’IA, ce sera l’IA physique ».
Traduction : l’IA ne vaut pas grand-chose sans les robots.
Si vous ne construisez pas une IA physiquement incarnée – des machines qui bougent, agissent, construisent, touchent – vous n’avez rien de plus entre les mains qu’un jouet.
Et la Chine n’a pas seulement de l’avance à cet égard : elle fait la course en solo.
- SenseTime, société basée à Hong Kong spécialisée dans la vision par ordinateur a été la plus grande entreprise d’IA du monde, avant OpenAI.
- La société DJI, également basée à Hong Kong, détient 90 % du marché des drones grand public et 73 % de celui des drones commerciaux.
- En 2015, la Chine possédait autant de robots industriels que les Etats-Unis. En 2023, un robot sur deux dans le monde était vendu par la Chine.
- Aujourd’hui, la moitié des robots du monde évoluent sur le sol chinois.
Et quelle est la vérité la plus cruelle ?
Les grands modèles de langage (LLM) comme ChatGPT sont en réalité l’innovation la moins révolutionnaire en termes d’IA et de robotique.
Figure AI, l’une des entreprises de robotique les plus importantes des Etats-Unis, a récemment mis fin à son partenariat avec OpenAI.
Pourquoi ?
D’après Figure AI, les grands modèles de langage représentent la partie la moins intéressante de sa « pile technologique » [NDLR : ensemble de technologies utilisées pour faire fonctionner un produit/service].
En fait, Figure AI a mis de côté ses projets LLM, pour se consacrer à des objectifs beaucoup plus ambitieux.
Lesquels ? Une production flexible.
Le fondateur à qui j’ai parlé m’a confié qu’un jour, il avait besoin d’un module caméra spécifique pour un projet de robotique. Il n’a pas réussi à trouver un seul fournisseur occidental répondant aux spécifications. Il s’est rendu à Shenzhen : « Ils l’ont produit en deux semaines et me l’ont expédié pour moins de 1 000 $ ».
Ça, c’est totalement impossible aux Etats-Unis.
L’Occident a oublié comment on produit
Une entreprise européenne appelée Northvolt – fondée par un ancien dirigeant de Tesla – a levé 16 Mds$ pour fabriquer des batteries à partir de matières premières.
Et elle n’y est pas arrivée. Elle n’en a même pas produit une seule.
Pourquoi ? Parce qu’elle devait importer des matériaux de cathodes… de Chine.
Une entreprise chinoise contrôle plus de la moitié du marché mondial des batteries.
La Chine contrôle 75 % des terres rares au cœur de tous les drones, robots et puces.
Et dans le même temps, l’Amérique n’a plus de production. Les Etats-Unis l’ont externalisée et, à présent, ils se retrouvent avec une économie très douée pour monétiser les gags sur les réseaux sociaux mais incapable de fabriquer une cathode.
Les Etats-Unis se réveillent
Cette analogie revient sans cesse : dans les années 1930, les Etats-Unis étaient au niveau actuel de la Chine, celui d’une puissance industrielle émergente. Et l’Europe de l’Ouest était le consommateur surendetté.
Nous savons tous comment cela s’est terminé.
La Chine ne tient pas seulement à fabriquer votre grille-pain. Elle tient à fabriquer les grille-pain, les usines qui les produisent, les robots qui font tourner les usines et l’IA qui gère ces robots.
C’est le véritable modèle à l’origine de « Made in China 2025 », ce projet lancé par le gouvernement chinois visant à dominer tous les secteurs high-tech qui comptent : les puces, les drones, les véhicules électriques et… oui… les robots.
Et comment l’Amérique a-t-elle riposté ? En annonçant une augmentation des tarifs douaniers.
Pas juste pour le plaisir d’augmenter les taxes. Pour ralentir l’influence grandissante de la Chine dans les hautes technologies.
Les Etats-Unis ne vont pas se contenter d’appliquer des droits de douane sur des objets bon marché, ils vont cibler directement l’élément moteur de l’ascension de la Chine : les secteurs qui alimentent sa future domination.
C’est là-dessus, selon ce fondateur d’entreprise, que les tarifs douaniers mettent le doigt.
Pas sur les emplois, ni les t-shirts, mais sur les outils qui construisent les machines de la prochaine révolution industrielle.
Car si les Etats-Unis perdent cette course, peu importe la qualité de leurs grands modèles de langage. Ils resteront de brillants esprits sans corps.
Et la Chine dominera à jamais le monde physique.
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Excellent. Trump n’est effectivement pas un idiot complet. Contrairement à ce que publient 80% des médias occidentaux. La grande question qui est posée à l’Occident est de survivre face à une mondialisation qui a renforcé des civilisations qui lui sont étrangères, mais surtout simplement économiquement concurrentes. Après avoir dominé le monde l’Occident va devoir aussi apprendre à s’en protéger. Surtout contre une petite minorité de « Grands Marchands » occidentaux dont le Profit prime toute considération ethnique ou culturelle.
« Et si les prochains géants du monde technologique étaient chinois ? »: C EST DÉJÀ LE CAS, EN SOUS-TRAITANCE ! Ainsi va le monde!