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Varta, la panne inéluctable ?

By 19 août 20242 Comments

Malgré un repositionnement bien senti pour compenser le déclin de la pile alcaline traditionnelle, Varta n’évitera pas la case restructuration. Un crève-cœur pour la société allemande qui dégageait encore 800 M€ de bénéfices en 2022…

 

L’actualité économique de l’été a été dominée par le krach du Nikkei (-12 % en une séance), qui a entraîné dans son sillage les Bourses occidentales (-8 % en trois semaines pour l’Euro Stoxx 50).

Ces mouvements ont été abondamment commentés dans la presse économique, et l’ampleur des dégagements a même fait les gros titres de la presse généraliste. Mais, loin du tapage médiatique, le marché a également mené un grand ménage sur des valeurs oubliées de la cote.

Le constructeur iconique de piles Varta en a fait les frais. Etouffé par la baisse continue de son chiffre d’affaires, le groupe allemand né en 1904 a annoncé un plan de restructuration financière en plein cœur de la torpeur estivale. La Bourse a sanctionné la nouvelle en faisant baisser sa capitalisation boursière de 70 % en une séance, une perte qui s’est creusée à -85 % dans les jours qui ont suivi.

Les nostalgiques de la marque pourraient être tentés de se positionner sur le dossier maintenant que la restructuration est assumée. Mais, à l’instar d’Orpea et d’Atos, il est probable que les actionnaires en place se retrouvent laminés à l’issue de la restructuration. Même avec l’importante décote de cet été, le titre Varta pourrait voir sa baisse continuer jusqu’à l’annulation quasi-totale de la valeur de ses actions.

« Le plaisir dure plus longtemps », promettait Varta dans ses publicités des années 1980. Près d’un demi-siècle plus tard, c’est la débâcle boursière qui tarde à toucher à sa fin.

 

Un baroud d’honneur infructueux

A l’instar de Kodak, Varta a vu sa rente industrielle disparaître avec l’arrivée d’une nouvelle technologie.

Le groupe d’Ellwangen avait construit sa fortune sur la commercialisation de piles, et l’arrivée des batteries au lithium dans les objets du quotidien a fait fondre ce marché qui semblait immortel.

Pourtant, Varta ne s’est pas laissé mourir sans combattre. Prenant acte de la disparition inéluctable du marché des piles, le groupe s’est réorienté dans le stockage d’énergie à haute performance. En proposant des accumulateurs pour les voitures et les produits électroniques high-tech, Varta pouvait valoriser son outil industriel et son savoir-faire plus que centenaire auprès de clients peu regardants à la dépense.

Varta pouvait d’ailleurs se féliciter d’avoir décroché des contrats avec des industriels de renom comme Porsche, qui lui commandait des accumulateurs lithium-ion haute capacité, et Apple, qui achetait des micro-batteries pour ses AirPods.

Pourtant, malgré ce repositionnement pertinent, le volume d’affaires, qui a bondi après la pandémie, n’a jamais réussi à apporter la même rentabilité que son activité historique. Tandis que le chiffre d’affaires s’est envolé, de 270 M€ en 2018 à près de 800 M€ en 2022, le bénéfice de +35 M€ s’est transformé en perte de 200 M€ sur la même période.

 

Varta_facturations_et_benefices_190824 

Evolution comparée des facturations (à gauche) et des bénéfices (à droite) de Varta depuis 2017. La hausse de l’activité s’est faite au prix d’un effondrement de la rentabilité.

 

 

L’été où Varta s’est effondrée

L’an passé, le milliardaire autrichien Michael Tojner (principal actionnaire du groupe) avait réinjecté 50 M€ d’argent frais dans les caisses. Un montant significatif, mais bien insuffisant pour éponger les pertes constatées sur l’exercice 2022.

Le répit fut de courte durée. La communication financière du groupe a pris du retard et la direction a cessé de communiquer ses résultats trimestriels en novembre 2023. Avant l’annonce de la restructuration au cœur de l’été 2024, les analystes n’avaient d’autres informations à se mettre sous la dent qu’une perte de 115 M€ constatée entre janvier et septembre 2023.

Le silence radio de la direction a été du plus mauvais effet : elle n’est sortie du bois qu’au bout de neuf mois pour annoncer un défaut partiel sur sa dette.

Mais même la sanction boursière de cet été ne reflète pas la gravité de la situation. Dans son communiqué de presse, la direction indique son intention de se placer sur le régime allemand StaRUG sur les faillites, qui permet de maintenir l’activité industrielle en l’échange d’un haircut sur la dette (réduction du principal dû aux créanciers).

Or, les modalités du StaRUG sont formelles : le mécanisme ne peut être déclenché que si « la valeur des actions existantes est réduite à zéro et qu’une injection de capital supplémentaire a lieu ». Cela impose une perte de -100 % aux actionnaires existants, et un besoin en liquidité estimé à « près d’une centaine de millions d’euros », toujours selon le communiqué de presse émis par le groupe fin juillet.

La direction se félicite d’avoir obtenu des manifestations d’intérêt de la part de Michael Tojner, de Porsche, et d’autres investisseurs qui pourraient avoir intérêt à signer un nouveau chèque pour ne pas voir leurs investissements passés disparaître totalement.

Mais pour les petits porteurs qui seraient tentés d’entrer sur le dossier à la rentrée, l’équation est différente. Aucun des scénarios possibles n’est à leur avantage.

Si la restructuration échoue, Varta ne parviendra pas à retrouver la rentabilité. Sous le poids de ses pertes, elle ne parviendra pas à lever les sommes nécessaires à sa survie qui représentent, rappelons-le, l’équivalent de sa capitalisation boursière actuelle. La faillite sera inéluctable.

En revanche, si la restructuration a bien lieu selon les modalités imposés par le StaRUG, la dette sera renégociée, de l’argent frais réinjecté, et il est possible que l’activité de Varta continue. Mais, entre-temps, la valeur des actions actuellement en circulation aura été réduite à zéro comme le prévoit la réglementation.

A moins d’un miracle, il est donc probable que le titre continuera de s’enfoncer jusqu’à la restructuration ou la cessation d’activité. Maintenue en lévitation par le manque de liquidités et la méconnaissance des enjeux d’une partie de l’actionnariat, l’action Varta reste hors de prix, même à 4 €.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

2 commentaires

  • Avatar Arcens dit :

    Pourquoi Porsche vient de rentrer au capital de Varta?

    • Avatar S dit :

      La direction se félicite d’avoir obtenu des manifestations d’intérêt de la part de Michael Tojner, de Porsche, et d’autres »
      Dans le texte ! Soit vous parlez d’une news soit vous ne savez pas lire.
      Et c’est expliquer, pour sauver leurs investissements, des commandes pour des produits !!!

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