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Marchés US

Trump, un Warren G. Harding à l’ère du Wi-Fi

By 16 avril 2025No Comments

Si le programme de Donald Trump pour réduire la dette américaine reste flou, il est important de rappeler que la situation que nous vivons n’est pas inédite. Au début du 20e siècle, les Etats-Unis ont déjà connu un président autoritaire – élu après une pandémie – qui prônait l’America First via une augmentation des tarifs douaniers…

 

Par Chris Campbell

Warren G. Harding ne tweetait pas. Il ne proférait pas des sarcasmes du haut d’une tour en forme de lingot d’or [NDLR : l’Hôtel Trump à Las Vegas].

En revanche, il insultait ses ennemis depuis son bureau délabré, au-dessus d’une salle de billard, armé de rien d’autre qu’une rotative, d’un cigare bon marché et d’un thésaurus rempli de façons polies de traiter quelqu’un d’escroc.

A 19 ans, Harding avait économisé assez d’argent pour racheter un quotidien en difficulté : le Marion Daily Star. Ensuite, il l’a transformé en tribune florissante vantant la ténacité des gens du Midwest. (Qu’est devenu ce journal ? Il appartient désormais au groupe Gannet, propriétaire de USA Today, et c’est devenu un titre de presse quelconque. C’est dommage).

Que dit-on généralement à propos de Harding ?

Qu’il fut un médiocre président des Etats-Unis, qu’il était corrompu et paresseux, qu’il s’intéressait davantage au poker et à ses maîtresses qu’aux politiques de l’Etat.

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Portrait du président américain Warren G. Harding.
Source : Adobe

Ce que l’on ne vous raconte pas, c’est qu’il est en quelque sorte le « ghostwriter » (écrivain fantôme) de Trump.

Autrement dit…

 

Trump n’est qu’un Harding à l’ère du Wi-Fi

En 1921, l’inflation était galopante, la dette n’était pas remboursable, le pays venait juste de surmonter une guerre et une pandémie. Les villes grouillaient de chômeurs.

Wall Street voulait de l’argent facile. L’Europe voulait des garanties américaines. La Société des Nations (SDN) était attrayante. La presse et les universités soutenaient fermement une collaboration internationale.

Et c’est là qu’Harding est entré en jeu.

Il a fait campagne sur le slogan et les thématiques ci-dessous :

  • « America First » (l’Amérique d’abord).
  • Les tarifs douaniers sont une arme de souveraineté.
  • L’indépendance industrielle est une question de sécurité nationale.
  • Il faut profondément se méfier des interconnexions mondiales, des partisans d’une gouvernance mondiale utopique, et des sauveurs transnationaux.

Harding n’a pas tweeté « nous construirons le mur » mais il a bel et bien signé la loi « Emergency Quota Act » de 1921 [NDLR : loi sur l’immigration].

 

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« Le Mexique vient d’être classé deuxième pays le plus meurtrier au monde, après la Syrie. Le trafic de drogue en est en grande partie la cause. Nous construirons le mur ! »
Source : Donald Trump sur X (anciennement Twitter) en 2017


Il n’a pas mené une guerre des tarifs douaniers contre TikTok, mais il a bel et bien signé la loi « Emergency Tariff of 1921 » (loi d’urgence sur les tarifs douaniers) et soutenu la loi Fordney-McCumber Tariff [NDLR : loi renforçant les droits de douane] pour protéger les exploitations agricoles et les usines américaines d’un afflux de produits étrangers bon marché, après la Première Guerre mondiale.

Quel était son slogan ? « Le retour à la normale ».

Une fois président, il a réduit de 50 % les dépenses (en grande partie à cause de la démobilisation d’après-guerre, mais tout de même), baissé les taux d’imposition les plus élevés, licencié des hordes d’employés fédéraux et laissé le marché se débrouiller avec les ravages de la guerre et de l’inflation.

Et puis tout d’un coup, l’économie a été florissante. L’Amérique est entrée dans les années 1920, les « Années Folles ».

MAIS… il y a un mais.

Les politiques d’Harding ont fonctionné un temps, mais sa présidence s’est achevée dans la tragédie.

Le scandale du Teapot Dome a enseveli son héritage dans le pétrole et la corruption. Son Attorney General (ministre de la Justice) – nommé sur une entente secrète – a transformé le Département de la Justice en distributeur de pots de vin.

Harding fut horrifié par la corruption qui s’était développée autour de lui. Il a voulu faire le ménage mais n’en a jamais eu l’occasion.

Il est mort dans un hôtel à San Francisco. (Un auteur a soupçonné sa femme d’avoir empoisonné sa soupe de palourdes. Curieusement, elle a refusé l’autopsie et brûlé sa correspondance personnelle).

Mais revenons à ce qui se passe aujourd’hui.

 

Le prochain boom

Arrive l’année 2020.

On imprime 7 000 Mds$ en 24 mois.

Les taux d’intérêt tombent à zéro.

Les prêts PPP (« Paycheck Protection Programs » : pour maintenir le paiement des salaires et l’emploi) fleurissent.

Les plans de relance sont mis en place.

Les entreprises « zombies » survivent

Une Bulle de Tout se développe.

Et puis l’inflation apparaît, comme elle l’avait fait en 1919.

Jerome Powell (le président de la Fed) relève rapidement les taux d’intérêt. Wall Street hurle. Sur Robinhood, tous les gosses fans d’actions virales deviennent silencieux.

Observez le parallèle :

 

Elément Années 1920 Années 2020
Guerre/Pandémie Première Guerre Mondiale/Grippe Espagnole de 1918 COVID + Confinements mondiaux
Excédent de liquidités Bulle du crédit d’après-guerre Relance COVID + QE (assouplissement quantitatif)
Flambée d’inflation 15 % en 1919 9,1 % en 2022
Politique de la Fed Hausses agressives des taux Hausses de taux les plus rapides de Powell
Réaction Austérité + Liquidations QT (resserrement quantitatif) + Tarifs douaniers + Relocalisation
Slogan politique « America First » (l’Amérique d’abord) » « Make America Great Again » (restituer sa grandeur à l’Amérique)

 

 

Quelle est la leçon à en tirer ?

Les empires dépassent toujours les bornes. La dette explose toujours. Les dieux de l’argent s’engraissent toujours.

Qu’il s’agisse de Harding ou de Trump n’a pas d’importance. Les présidents changent. Le cycle reste le même. Les crises se produisent de toute façon… avec ou sans leur aide.

Mais c’est après l’incendie que se trouve la partie la plus intéressante.

Après la débâcle des années 1920, l’Amérique a explosé en termes d’innovation. L’électrification. La radio. L’automobile. Le cinéma. L’aviation. Les gratte-ciel. Le jazz.

Les innovations actuelles ? Les cryptomonnaies, l’IA, la robotique, la fabrication automatisée, les nouvelles formes d’énergie. Les outils ont changé, mais le schéma reste le même.

En ce moment, certains investisseurs regardent en arrière, beaucoup paniquent.

Pendant ce temps, les vrais bâtisseurs sont tranquillement en train d’anticiper le prochain boom.

Si vous cherchez des signaux…

Ne regardez pas ce qui brûle.

Observez ce qui se renforce dans le désordre…

 

A bientôt !

Chris Campbell

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