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TotalEnergies : faut-il vendre ou acheter ?

By 20 février 2023mai 15th, 2023No Comments

 

Haro sur TotalEnergies ! Les résultats annuels de l’énergéticien ont déclenché une nouvelle effusion politico-médiatique. Comme chaque année, le groupe français a été l’objet de toutes les attentions et, des journalistes aux députés, d’innombrables voix sont venues critiquer des profits « indécents » et des actionnaires « qui se gavent ».

 

L’investisseur particulier pourrait s’affranchir de tout jugement de valeur et conclure au vu des résultats de l’entreprise que le dossier TotalEnergies (FR0000120271 – TTE) est un véhicule idéal pour faire fructifier facilement son épargne. Après tout, les valeurs mal aimées pour des raisons non financières sont souvent celles qui rapportent le plus sur le long terme.

La situation du groupe est pourtant plus complexe qu’il n’y paraît. Si nous aimons détester notre champion national pour ses succès se chiffrant en milliards, ceux-ci sont en trompe-l’œil.

Le secteur de l’énergie est, cette année plus que jamais, hyper-politisé. Pour bien y investir, il convient de s’affranchir du bruit médiatique pour analyser les fondamentaux des entreprises.

TotalEnergies, avec des résultats diamétralement opposés au tableau que brossent les médias et les hommes politiques, ne fait pas exception à la règle. Voici comment bien comprendre les chiffres 2022 de l’énergéticien, et l’opportunité boursière que le groupe représente en fonction de votre profil d’investisseur.

 

Des profits par si « super »

Fidèle à ses marronniers, la presse généraliste s’est jetée sur les résultats annuels de TotalEnergies pour n’en retenir qu’un élément chiffré : le résultat net dépassant les 20 Mds$.

La thèse développée ad libitum ces derniers jours est que TotalEnergies échapperait à l’impôt, serait un « profiteur de guerre », et génèrerait de fait des désormais fameux superprofits.

Commençons par les premiers éléments, les plus politiques. Dans les comptes du groupe, le résultat avant impôts est de 53 Mds$. La direction annonce laconiquement avoir versé, à l’échelle internationale, pour plus de 33 Mds$ d’impôts et taxes, plus du double que lors de l’exercice 2021. Avec une imposition à hauteur de 62 % du résultat, et qui augmente près de deux fois plus vite que le chiffre d’affaires (+43 % sur un an), les fiscalistes de TotalEnergies sont loin de faire les miracles qui leur sont prêtés.

L’effet de la guerre en Ukraine est tout aussi difficile à quantifier. La raréfaction de l’énergie en Europe a bien sûr porté les ventes des énergéticiens sur les neuf derniers mois de l’année, mais TotalEnergies a également dû se désengager en urgence de ses activités en Russie. Dans cette Bérézina comptable, le groupe a dû matérialiser pour 15 Mds$ de pertes – soit les trois quarts du résultat net de l’exercice.

Mais le plus gros contresens est sans doute au niveau de l’interprétation des profits.

Certes, le groupe a signé une année record en 2022. Les 20,5 Mds$ de résultat net part du groupe sont historiques.

Mais, comme je vous le rappelais il y a quelques jours, dans un contexte de forte inflation, les analystes doivent reprendre l’habitude de comparer les exercices en euros constants, et non en nominal. Les +28 % de hausse du résultat net sont nettement moins impressionnants une fois corrigés de l’inflation. Et la progression est encore moins reluisante par rapport à celle des autres majors de l’énergie – un dossier ne s’étudiant jamais seul, mais par comparaison avec la performance de ses concurrents directs.

Tandis que TotalEnergies augmentait son bénéfice net de +28 % pour une activité en hausse de +43 %, le groupe ExxonMobil a vu le sien bondir de 23 Mds$ à 55,7 Mds$ (+142 %) à hausse d’activité quasi-identique (+44 %).

De même, le Norvégien Equinor a vu son résultat après impôts s’envoler de 10 Mds$ à 22 Mds$ (+120 %) sur la même période. Son dividende sera augmenté de 50 %, contre une modeste hausse de +7 % pour TotalEnergies.

Ainsi, malgré la passion médiatique qu’il déchaine, le groupe TotalEnergies est loin d’avoir pleinement profité du contexte géopolitique et économique de l’année 2022. Sa performance est très moyenne par rapport à celle de ses concurrents.

 

Faut-il acheter TotalEnergies en 2023 ?

Bien entendu, toutes ces considérations ne sont, pour les investisseurs, que des éléments de décision pour répondre à la seule question qui compte : Faut-il acheter, ou vendre ?

 Vous l’avez compris, à court terme, la performance de TotalEnergies est loin d’être impressionnante. Ce qui aurait dû être une année d’anthologie s’est matérialisé par une croissance molle, qui marque d’ailleurs le pas (la progression sur un an du résultat n’étant plus que de 11 % sur le quatrième trimestre 2022).

Ajoutez à cela un CAC40 toppish, et tous les éléments sont rassemblés pour un piètre retour sur investissement à court terme.

A long terme, en revanche, l’action reste bien placée pour figurer en fonds de portefeuille.

D’une part, le groupe peut toujours s’appuyer sur sa rente d’hydrocarbures. Si la production de gaz naturel s’est contractée de -6 % sur l’année, l’extraction d’huiles (tous liquides confondus) a enregistré une modeste croissance de 1 % à 1,51 million de barils équivalent-pétrole par jour. Dans un contexte de pic de production pour les majors, TotalEnergies gère et valorise bien sa ressource.

En parallèle, et c’est bien là ce qui justifie de conserver l’action en portefeuille sur le long terme, le groupe continue de préparer l’après-pétrole.

Au 31 décembre 2022, sa capacité brute de renouvelables installée dépasse les 17 GW. Sur l’année, la production d’énergie verte a bondi de +53 % pour dépasser les 10 TWh. Plus intéressant encore, les efforts dans les énergies vertes vont encore en s’accélérant. Tordant le cou à la légende urbaine récurrente qui veut que les pétroliers cherchent à étouffer le secteur du renouvelable, les projets en développement ont augmenté de +76 % sur un an, passant de 26 GW en 2021 à 46 GW en 2022.

En additionnant capacités installées (17 GW), capacités en construction (6 GW) et capacités en développement (46 GW), nous pouvons anticiper que TotalEnergies sera bientôt à la tête d’un parc renouvelable de près de 70 GW – l’équivalent, de la consommation électrique-crête de la France !

Le groupe est donc bien engagé pour réussir sa transition énergétique. Sachant que, aujourd’hui, les achats du groupe représentent 65 % de son chiffre d’affaires, les résultats seront sans commune mesure une fois que la production d’énergie se fera à coût marginal quasi-nul.

En 2022, TotalEnergies a vendu pour 263 Mds$ d’énergie mais n’a pu dégager que 20 Mds$ de résultat net. Contrairement au bruit médiatique, l’action TotalEnergies n’a actuellement rien d’une martingale.

A horizon 2030-2040, en revanche, la disparition progressive des 171 Mds$ d’achats annuels permettra, enfin, de générer de vrais superprofits. Avis aux investisseurs de long terme…

 

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

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