Après Volkswagen et Bosch, c’est désormais au tour du géant de la sidérurgie ThyssenKrupp de dévoiler un plan social d’envergure. L’entreprise prévoit de licencier plus de 40 % des effectifs de sa branche métallurgie : une décision qui reflète la crise profonde que traverse l’industrie en Allemagne, mais aussi en France…
Prenant acte de la baisse inexorable de la demande de ses clients, l’aciériste ThyssenKrupp a décidé de procéder à une coupe drastique dans ses effectifs. Selon le plan annoncé par la direction, le groupe allemand va procéder à la suppression de 5 000 emplois dans sa branche sidérurgique d’ici 2030, et transférer 6 000 postes supplémentaires.
L’officialisation du plan social a eu lieu quelques semaines seulement après l’annonce de Volkswagen, qui a brisé en octobre le tabou de la fermeture d’usines en Allemagne, pour accompagner le ralentissement du marché automobile européen. ThyssenKrupp espère ainsi faire baisser ses coûts de personnel de 10 % par an d’ici la fin de la décennie, pour maintenir ses comptes à l’équilibre malgré des ventes qui devraient être toujours atones ces prochaines années.
Plus qu’un simple ajustement de la masse salariale, il s’agit d’une véritable hécatombe. Les 11 000 salariés qui seront remerciés ou reclassés représentent plus de 40 % des effectifs de ThyssenKrupp Steel, qui compte environ 27 000 employés. Les investisseurs sont maintenant en droit de se demander comment le sidérurgiste compte remonter la pente avec un outil industriel vieillissant et une masse salariale diminuée de moitié.
La stratégie de décroissance de ThyssenKrupp pose la question de l’avenir de l’industrie allemande, et de manière plus large celle des perspectives du tissu européen. Si le secteur de l’acier est le premier à être pris en tenaille entre la baisse de la demande et la hausse des coûts, la même problématique va se poser chez de nombreuses autres anciennes stars de l’industrie européenne.
L’évolution de l’action ThyssenKrupp, avec ses -45 % perdus en un an, illustre cruellement ce qui se produit lorsqu’une valeur réputée intouchable voit sa rentabilité s’éroder au point de faire plonger ses comptes dans le rouge. Même le versement de dividendes ne peut plus soutenir les cours lorsque l’activité ne génère plus assez de trésorerie pour les maintenir à un niveau élevé.
Avec 86 % de sa valeur effacée sur dix ans, l’action ThyssenKrupp n’en finit pas de ruiner ses actionnaires. Infographie : Investing.com
Dans ces situations, les investisseurs ne doivent pas confondre militantisme et pragmatisme : posséder des actions d’entreprises dont la chute est inévitable n’a pas d’effet bénéfique sur notre tissu industriel ou économique. C’est simplement se condamner à subir des pertes toujours plus grandes sans espoir de rebond. En revanche, prendre une position baissière permet de profiter de la chute des cours pour engranger des gains, alors même que la valeur boursière des actions évolue à la baisse.
ThyssenKrupp : quand l’automobile achève l’industrie allemande
Depuis 2022, il était de notoriété publique que le modèle industriel allemand était à bout de souffle. Ses deux piliers, l’exportation de machines-outils et l’industrie lourde, se sont successivement effondrés. Le premier a été terrassé par la frilosité des industriels chinois qui ont dû faire face au ralentissement mondial, tandis que le second a été heurté de plein fouet par la fin de l’ère de l’énergie quasi gratuite.
En l’absence d’achats massifs de la part des usines chinoises et de possibilité d’importer des milliards de mètres cubes de gaz russe tous les ans, l’industrie allemande a définitivement trébuché.
De fait, entre 2022 et 2023, l’économie de notre voisin a oscillé entre stagnation et récession. Cette année, le ralentissement du secteur automobile est venu infliger un nouveau coup de massue au tissu industriel qui n’en avait vraiment pas besoin.
Evolution de la croissance trimestrielle allemande depuis trois ans.
Infographie : Trading Economics
Fin de la suprématie marketing de la Deutsche Qualität à l’international, attentisme du marché européen qui voit poindre la fin de la voiture électrique, ou tout simplement insolvabilité des consommateurs : le fait est que les automobiles allemandes se vendent de moins en moins.
En octobre, le groupe Volkswagen signait un aveu de défaite en envisageant la fermeture d’usines sur le territoire national – une première qui a fait l’effet d’un véritable scandale politique. Fin novembre, c’est l’équipementier Bosch qui marquait les esprits en annonçant la suppression de 5 500 emplois. La purge est tout aussi sévère pour son concurrent Schaeffler, qui s’apprête à faire une croix sur 4 700 postes.
Cette réduction de l’envergure des équipementiers ne laisse rien présager de bon pour l’industrie automobile allemande. Dans ce secteur où le savoir-faire est roi, les postes ne sont supprimés qu’en dernier recours – et en tout état de cause, ils ne pourront pas être re-crées en cas de rebond de la demande. Citoyens, décideurs politiques et investisseurs doivent donc se préparer à une contraction pérenne du volume d’affaires.
Autres industries, autres pays, mais mêmes effets
Les annonces de réduction d’effectifs dans le secteur automobile allemand ne doivent pas être prises pour des événements isolés. Dans l’Hexagone, le groupe Stellantis a annoncé fin novembre que la production de véhicules neufs ne dépasserait certainement pas les 600 000 unités cette année en France, contre une prévision précédente de plus de 750 000. Passons, par charité, sur le fait que cet aveu n’ait été fait qu’à moins de 40 jours de la fin de l’année. Peut-être la direction espérait-elle un miracle sur le dernier trimestre. Le fait est qu’en France comme en Allemagne, l’ensemble du secteur automobile est à la peine, faisant face aux mêmes facteurs fondamentaux défavorables.
Attendez-vous donc à voir les estimations revues à la baisse sur toute la chaîne de valeur. Constructeurs, équipementiers, fournisseurs de composants et de matières premières dépendent tous in fine de la présence de consommateurs solvables. En l’absence de ceux-ci, c’est toute une industrie qui s’écroule.
Il en est de même pour bien d’autres secteurs européens qui se retrouvent pris en étau entre des ventes en berne est des coûts de production en hausse. Même si l’inflation ralentit, les coûts salariaux en Europe sont sur des plus-hauts historiques. Les prix de l’énergie restent volatils et élevés (le gaz naturel est d’ailleurs repassé au-dessus des 49 € le MWh le 22 novembre). L’Europe a toujours le plus grand mal à faire naître son marché unique des capitaux, et les entreprises du Vieux Continent ont structurellement plus de mal à trouver des fonds que leurs concurrentes américaines.
Dans ce contexte compliqué pour nos industriels, ne vous sentez pas obligé de procéder à des achats militants dans ces secteurs malmenés. Parfois, les actions voient leur valeur boursière diminuer pour d’excellentes raisons.
En revanche, investir à la baisse sur ces dossiers permet non seulement de couvrir le reste de votre portefeuille, mais en plus de générer des gains qui peuvent rapidement atteindre des niveaux colossaux.
*[Heureusement, il existe des solutions qui permettent aux investisseurs de résister face à l’effondrement brutal des piliers de l’économie européenne. Nous les avons résumées en quelques vidéos. Cliquez ici pour en savoir plus…]
*contenu potentiellement promotionnel ou commercial