Qu’on suive la sphère financière de près ou de loin, personne ne peut passer à côté : Apple est un géant. Philippe Béchade déplore la surexposition des portefeuilles à Apple…
Le phénomène d’ultra-concentration des achats des institutionnels permet à Wall Street d’aligner record sur record. Le tout avec un nombre toujours plus faible de « locomotives » et de titres inscrivant des plus hauts absolus. Ce phénomène ne saurait trouver meilleure illustration qu’avec le plus célèbre portefeuille de la planète : c’est à dire celui de Warren Buffett !
En effet, et il faut le noter : à la fin du deuxième trimestre, le titre Apple représentait pas moins 42,5% de la valeur globale du fonds Berkshire Hathaway, soit 125 Mds$ sur 294 Mds$.
On y trouve également pêle-mêle : Bank of America avec 42,6 Mds$ d’action, American Express, 25,1 Mds$, Coca-Cola, 21,6 Mds$, Kraft Heinz, 13,7 Mds$… Bref, environ 228 Mds$ sur 294, soit 77,5% du total pour cinq titres.
Et si l’on rajoute Verizon, où Warren Buffet s’est renforcé au premier trimestre (+8,25% à 10 Mds$), cela représente 81% du portefeuille sur six titres. Dont Apple représente encore plus de la moitié (125 sur 238 Mds$).
Les derniers mouvements les plus significatifs observés dans le portefeuille de Berkshire Hathaway concerne le secteur de la santé – les laboratoires et pharmacies – : les positions ont été soit liquidées comme pour Biogen, soit réduites (-37% sur Merck, -10% sur AbbViee, -6% sur Bristol-Myers Squibb).
Mais il n’y a pas eu que des positions diminuées. En effet, on peut remarquer le renforcement le plus significatif sur Kroger au deuxième trimestre. +21%, soit 61 788 actions supplémentaires pour une valeur de 2,37 Mds$ (le ramassage se poursuit depuis fin 2019).
Cela représente à peine 1/50ème de la position constituée par Apple.
Apple superstar !
Warren Buffett n’est pas le seul à avoir Apple constituer sa plus importante ligne dans la catégorie « actions » : c’est le cas de la quasi-totalité – et même la totalité – des fonds indiciels passifs reproduisant le S&P ou le Nasdaq.
Les gérants d’actions US, dont Apple ne représente pas l’actif numéro 1, sont de réelles exceptions.
Autrement dit : la quasi-totalité des fonds sont exposées ou surexposées au titre Apple. Et dans le cas de Warren Buffett, Berkshire Hathaway appartient à la seconde catégorie.
C’est un euphémisme de prétendre que la bonne fortune de beaucoup de gérants dépend furieusement du seul titre Apple… surtout que le titre sous-performe le S&P500 cette année avec 10% de gains seulement contre 17% pour l’indice phare.
Mais il existe une autre raison de tenter sa chance sur Apple : il n’est pas rare de voir les échanges dépasser la barre des 100 millions de titres en séance, soit environ 15 Mds$ (ou 12 Mds€… soit une semaine de chiffre d’affaires du CAC40 !), ce qui signifie une liquidité quasi-infinie, et donc en théorie, une large porte de sortie en cas de vents contraires.
Aucune validation en vue pour les 150 $
Pour ce qu’il en est du 18 août, c’est le repli de -2,5% d’Apple qui a pesé de tout son poids sur Wall Street. Le titre flirtait encore avec son record absolu en début de séance (bonne entame de cession avec un test des 105,7 $) et a fini à 146,35 $.
Rappel : lors du franchissement des 151 $ en intraday ce mardi 17, la capitalisation d’Apple a brièvement atteint puis dépassé les 2 500 Mds$, soit 2 000 Mds€.
Ce pullback sous 151 $ est en réalité le troisième à ce niveau en quatre semaines, après les plafonnements sous 150 $ des 15 et 26 juillet dernier.
Sans pouvoir valider un scénario de triple-top, l’inversion de polarité est potentiellement alarmante.
Ce retournement des 16 et 19 juillet avait été brutal, mais s’est pourtant avéré sans conséquence. Un nouveau sommet avait été inscrit à peine une semaine plus tard.
Mais il apparaît prudent de ne pas compromettre des gains déjà assez maigres cette année en conservant le titre s’il enfonçait les 145 $.
La cassure du support court terme pourrait déboucher sur un test du support oblique moyen terme qui gravite vers 128 $ (et 130 $ fin août).
Prenez garde à la chute…