Malgré une baisse par rapport au pic de 2022, l’inflation reste élevée aux Etats-Unis. Selon certains observateurs, sur l’année 2025, elle pourrait même dépasser l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale américaine. Ils redoutent notamment une nouvelle flambée du prix des matières importées en cas de réforme des droits de douane par l’administration Trump. Une perspective inquiétante qui pourrait remettre en question le calendrier de baisse des taux d’intérêt de la Fed…
La semaine dernière, les publications trimestrielles supérieures aux attentes de certains acteurs taïwanais tels que Foxconn (fournisseur d’Apple), laissaient espérer une nouvelle phase de hausse pour le Nasdaq, et plus largement pour l’ensemble de la tech américaine.
Mais depuis, rien n’est moins sûr.
Alors que les publications vont s’étoffer, en particulier à partir de demain dans le secteur bancaire américain (avec des noms comme Citigroup, JP Morgan ou encore BlackRock), cette lueur d’espoir pourrait s’éteindre.
Hier par exemple, Moderna, (l’une des valeurs stars de la crise Covid), trébuchait de plus de 20 % après un sales warning cette année.
Il faut dire que dans l’intervalle, la macroéconomie américaine a refait parler d’elle.
Comment va l’économie américaine ?
Au premier abord les statistiques sont plutôt bonnes, comme en attestent l’lSM des services publié mardi dernier, ainsi que les chiffres de l’emploi US sortis vendredi. (D’ailleurs, de nouveaux chiffres sur le front de l’inflation sont à suivre, avec le PPI – l’indice des prix à la production attendu dès 14h30 ce mardi – avant, demain, le CPI – indice des prix à la consommation).
Cependant, le risque d’une inflation persistante se ressent sur les taux (cf. ci-dessous le rendement du 10 ans américain sur les 4,80 %).
Source : TRADINGVIEW
D’ailleurs, le pump du baril de Brent au-dessus des 80 $ depuis les sanctions américaines contre le pétrole russe risque de ne pas faire les affaires des projections d’inflation.
De plus, le calendrier de la détente des taux de la Fed pose question.
Si certaines banques d’affaires américaines ne bougent pas (comme Citigroup qui table toujours sur cinq baisses de taux après le printemps), d’autres ont assez brutalement ajusté le tir (comme Bank of America, qui n’attend désormais plus de baisse de taux de la Fed cette année, et songe même à un relèvement).
S&P 500 : un ETE de retournement en cours ?
Lors de mon intervention sur le plateau de l’émission Trade ou pas Trade en milieu de semaine dernière, je rebondissais sur les propos de mon confrère Jean-Louis Cussac par rapport à l’éventualité d’une structure de retournement de type épaule-tête-épaule (ou « ETE ») actuellement en formation sur le S&P 500.
La configuration serait presque trop « propre » techniquement parlant (cf. flèches + croix rouges ci-dessous).
Depuis vendredi après-midi, nous sommes en plein test de la ligne de cou de la figure (cf. rectangle bleuté).
Zone en cassure de laquelle une poursuite de la baisse était posée (baisse en direction de la cible théorique de sortie de la structure antérieure en biseau ascendant ; cf. flèche noire à double sens sur la gauche de la structure en pointillés noirs).
Mais c’était sans compter sur une nouvelle sortie du chroniqueur de CNBC Jim Cramer.
Comme souvent, alors qu’il mettait en avant le risque de sell off à venir, le marché a très vite pris le sens inverse en amorçant une remontada haussière intraday (cf. screenshot ci-dessous).
Source : X / TrendSpider
Sur ce coup-là, je ne lui jette pas la pierre.
Car en toute transparence, la situation me semblait également à risque.
« Fondamentalement », le salut est venu de rumeurs de Bloomberg évoquant la mise en place de droits de douane de manière seulement progressive de la part de l’administration Trump.
Approche qui aurait le mérite de réduire le risque d’une flambée du prix des matières importées (et donc de l’inflation).
En résumé, alors que nous sommes à peine à la mi-janvier, force est de constater que les marchés (et donc le S&P 500) risquent de faire preuve de beaucoup de volatilité intraday sous l’ère Trump… comme en début de semaine dernière après les annonces du Washington Post, ou mercredi, après celles de CNN.