Le fonds activiste Muddy Waters ne lâche pas sa proie et Solutions 30 est en conséquence victime d’un nouveau trou d’air boursier. Attention, dossier brûlant !
Encore une séance à marquer d’une pierre noire pour SOLUTIONS 30 (FR0013379484-S30), qui a déjà perdu près de 9% hier. En ce jeudi, le titre du spécialiste des services multi-techniques de proximité abandonnait encore près de 8% ce jeudi en milieu de matinée dans des volumes toujours très étoffés, d’où une capitalisation désormais sous le seuil symbolique du milliard d’euros.
L’annonce d’une forte croissance des revenus en base organique au dernier trimestre aura littéralement fait pschitt et les investisseurs s’inquiètent des nouvelles – graves – accusations portées par le fonds activiste Muddy Waters. Fin 2020, déjà, un rapport anonyme d’une centaine de pages dénonçait des liens entre la société et… le crime organisé italien.
Consciente du préjudice, la direction avait alors riposté en ordonnant un audit indépendant, mené conjointement par Deloitte (concernant les questions de gouvernance et de réputation) et par Didier Kling Expertises et Conseil (pour la partie comptabilité) et dont on attend encore les conclusions. Elle n’est toutefois pas au bout de ses peines puisque Muddy Waters, connu pour sa pugnacité (le géant de la distribution alimentaire Casino en sait quelque chose) vient de se fendre d’une nouvelle missive dans laquelle il fait état de soupçons de blanchiment d’argent impliquant un associé de Solutions 30.
Bataille juridique
A l’en croire, la société détiendrait une participation minoritaire dans Remote 30 Eastern Europe, entreprise de Federico Salmoiraghi, présenté comme l’un des principaux partenaires commerciaux de « S30 » en Italie et en Europe de l’Est. Or, les comptes bancaires de Remote 30 Eastern Europe ont été clôturés l’an passé en Roumanie en raison de soupçons de blanchiment d’argent.
On a évidemment connu meilleure publicité, mais le management de Solutions 30 a immédiatement réagi à travers un démenti catégorique et, surtout, l’annonce du dépôt d’une plainte pour diffamation. Celle-ci fait en réalité suite à une autre auprès du Parquet National Financier et à la saisie de l’AMF, à la suite de la diffusion du rapport susmentionné.
Le groupe, qui dénonce une campagne de déstabilisation, est donc engagé dans un véritable bras de fer juridique qui occulte totalement ses bonnes performances comptables, le bond de 20,3% de ses revenus au dernier trimestre (+17% en organique) à 238,3 M€ – d’où un chiffre d’affaires annuel en augmentation de 19,4% (+14% en organique) à 814,7 M€ – pour citer la plus récente.
Des performances sur lesquelles Muddy Waters émet en outre de très sérieux doute, le fonds évoquant rien moins qu’une manipulation destinée à « gonfler de manière trompeuse la croissance organique et la rentabilité publiées ».
En attendant de connaître le fin mot de l’histoire, l’action a effacé tous ses gains depuis le début de l’année en à peine 24 heures (après, déjà, un décrochage de près de 22% mardi) et affiche maintenant une perte de 10,3%. Sur trois mois, elle se replie même de 36%.
Il y aura sans doute fort à faire pour regagner tout le capital confiance perdu ces dernières semaines.
Bonjour,
Je trouve quand même pour le moins anormal, voire totalement immoral, qu’un fonds « vautour » pratique la vente à découvert et en même temps use de tels arguments destinés à faire chuter un titre et augmenter ses gains à la baisse.
Pourquoi sont des Hedges comme ce terrible Muddy pas interdits, simplements interdits ?