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Après deux semaines de suspension de cotation, l’action Solutions 30 a vécu une séance du 24 mai apocalyptique. Pilonné par le fonds Muddy Waters, le groupe, objet de lourdes accusations, n’est pas sorti de l’auberge. Explications.

 

C’est une onde de choc comme le marché en connaît heureusement peu. Une de ces séances de nature à laisser une trace durable, voire irréversible. Un de ces jours noirs qui donne à penser que la société concernée ne pourra jamais s’en remettre.

Ce 24 mai, lundi de Pentecôte, a été calme pour toutes les valeurs de la cote parisienne. Toutes sauf Solutions 30 (FR0013379484-S30), qui pour la reprise de sa cotation, après quinze jours illiquides, a vu son action s’effondrer de… 70,6% avec plus de 35 millions de titres échangés !

Il n’y a plus d’acheteurs sur ce spécialiste de l’installation de compteurs électriques, parmi lesquels le controversé Linky, pensionnaire du SBF120 dont la capitalisation a chuté sur des niveaux de 335 M€ et que nous avions quitté le 6 avril en le pensant à tort, avouons-le, sorti du tunnel. Il faut dire que le groupe venait d’être blanchi de graves accusations quant à une collusion avec le crime organisé italien émanant du fonds activiste Muddy Waters à travers les conclusions d’un audit indépendant que d’aucuns pensaient implacables et irréfutables.

Respectivement président du conseil de surveillance et du directoire, Alexander Sator et Gianbeppi Fortis n’avaient alors pas caché leur satisfaction, renouvelé leur confiance à l’endroit du management dans son ensemble, et promis d’accélérer les efforts de transformation de Solutions 30 et de renforcer les procédures internes pour conforter le développement de la société à long terme. Plus étonnant encore étant donné l’incroyable rebondissement d’hier, la comptabilité avait elle aussi été disculpée par Deloitte (pour les questions de gouvernance et de réputation) et Didier Kling Expertises et Conseil (concernant l’aspect comptabilité), le prestigieux duo en charge de l’audit susmentionné. De quoi envisager une remontada au long cours.

L’annonce d’une suspension de la cotation le 10 mai dernier avait cependant semé le trouble et donné le sentiment que le feuilleton, poisseux à souhait, n’était en réalité pas terminé. Les investisseurs en ont eu la douloureuse confirmation et en ont finalement appris la raison avant-hier. Chose rarissime, les commissaires aux comptes Ernst & Youg (EY) n’ont pas été en mesure de formuler une opinion sur les états financiers de l’entreprise, accordant par là-même un crédit considérable à la thèse de Muddy Waters, vendeur à découvert chronique et qui tire à boulets rouge écarlate sur Solutions 30 depuis six mois.

Vers un retrait de la cote ?

Comme sourd aux démentis et autres clarifications de la direction, qui a également déposé plainte contre lui au pénal, le fonds n’a jamais lâché sa proie et a fait savoir qu’il n’était pas surpris par cette issue « qui renforce (sa) conviction que S30 est probablement impliqué dans du blanchiment d’argent ». Le groupe, lui, a indiqué être « en profond désaccord » avec la position « inhabituelle » des commissaires, laquelle ne constitue « ni une certification, ni une certification avec réserve, ni une opinion défavorable ». De même, il a réfuté la conclusion d’EY selon laquelle « des anomalies non détectées pourraient être à la fois significatives et avoir un caractère diffus » et se réserve la possibilité de nommer un nouveau réviseur d’entreprise. Enfin, Solutions 30, qui par la voix de M. Fortis a dénoncé des attaques « sans preuve », jure ne pas être confrontée à des défections de clients et assure que « le contexte est bon », a saisi le président du Tribunal de commerce de Bobigny aux fins de solliciter la désignation d’un conciliateur pour l’assister et engagé un processus de sélection de banquiers conseils dans l’optique d’activer la recherche d’actionnaire(s) de référence, un projet qui pourrait déboucher sur une sortie de la cote.

Le chant du cygne ? Le baroud d’honneur d’un management qui se saurait acculé et confondu ? En supposant que le groupe reste dans l’univers coté, il aura en tout cas fort à faire pour trouver un second souffle boursier, quand bien même l’action rebondissait vivement ce mercredi matin, alors que M. Fortis a demandé sur le plateau de BFM Business un délai de « quelques mois pour régler ces problèmes », et restaurer définitivement le lien de confiance avec un actionnaire qui semble se dire qu’il n’a aujourd’hui plus de raison de croire en l’authenticité des comptes et en la probité des dirigeants.

Le dossier sentait déjà le soufre, mais il est maintenant devenu une véritable bombe à retardement. Un rebond technique ne peut être exclu, mais les incertitudes sont trop importantes et trop nombreuses, les enjeux trop graves et les griefs trop lourds pour s’y aventurer.

Tel semble également l’avis du broker Oddo, qui a dégradé sa recommandation de « neutre » à « surperformance » et placé son objectif de cours sous revue. Du côté des analystes aussi, des dégâts sont à prévoir…

1 commentaire

  • Avatar Patrick dit :

    Surperformance vous êtes sûrs ? Dixit: Tel semble également l’avis du broker Oddo, qui a dégradé sa recommandation de « neutre » à « surperformance »

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