Emmanuel Macron l’avait prédit, le secteur bancaire est en pleine concentration. Alors que les débats se multiplient sur la prochaine cible, les actionnaires en profitent pour voir les performances latentes de leurs comptes de courtage repasser sérieusement dans le vert…
Lundi dernier, nous revenions sur le rachat d’Axa IM par le groupe BNP Paribas, qui préfigure d’un changement d’échelle du groupe parisien dans la gestion d’actifs.
Ce deal à 5 Mds€ n’aura été qu’un amuse-bouche pour le secteur bancaire européen. Il y a quelques jours, l’Etat allemand a annoncé la cession d’une tranche de 4,49 % du capital de Commerzbank. L’heureux acquéreur est le groupe italien UniCredit, dont la participation au capital se monte désormais à 9 % en comptant une quantité équivalente de titres achetés sur le marché.
Avec 700 M€ mis sur la table pour acheter les titres détenus par Berlin, UniCredit valorisait Commerzbank sur la base d’une capitalisation totale de 15,6 Mds€. Après l’annonce de la prise de participation, l’action de la cible s’est envolée et la capitalisation boursière a gonflé jusqu’à atteindre les 18,4 Mds€ en fin de semaine dernière.
Comme toujours dans ces situations, les investisseurs qui étaient actionnaires de la cible peuvent profiter d’un gain à deux chiffres en quelques heures. La récompense est d’autant plus appréciable que les enchères ont continué de monter les jours suivants, UniCredit indiquant ne pas exclure une prise de contrôle totale.
Evolution du cours de l’action Commerzbank suite à l’annonce de la cession des parts détenues par l’Etat allemand à UniCredit. Les grandes manœuvres font la joie des actionnaires courtisés par l’acheteur. Infographie : Investing.com
Que l’ampleur du mouvement boursier sur le titre Commerzbank ne vous donne pas l’impression qu’il est trop tard pour investir sur la concentration du secteur bancaire : le rapprochement entre les deux groupes n’est certainement que la première étape d’une tendance bien plus large.
Emmanuel Macron, adepte des phrases choc et provocatrices, l’avait annoncé il y a plusieurs semaines : le secteur bancaire européen est « mûr pour une consolidation ». Sur le moment, la déclaration du président de la République avait fait grincer des dents dans toute l’Europe. Les acteurs du secteur avaient commencé à se regarder de travers pour déterminer qui allait jouer le rôle de prédateur et qui allait servir de proie.
S’il est toujours délicat pour des groupes parfois centenaires de se faire racheter comme de vulgaires startups, la prime à l’achat est très appréciable pour les actionnaires – d’autant qu’ils ont souvent l’option, s’ils le souhaitent, de rester au capital de la nouvelle maison mère si elle est cotée en Bourse.
Et en France comme chez nos voisins, les opportunités ne manquent pas.
Secteur bancaire : un cas d’école de sauvetage réussi
L’aventure Commerzbank mérite de figurer dans les manuels d’économie. Le groupe bancaire a été sauvé, lors de la crise financière de 2009 par le gouvernement fédéral allemand, qui lui avait accordé 10 Mds€ contre une participation de 16,49 % au capital.
Malgré la présence de l’Etat parmi les actionnaires, Commerzbank n’a bénéficié d’aucun passe-droit. Entre 2016 et 2020, l’enseigne a été contrainte de se séparer de plus de 17 % de ses effectifs pour améliorer sa rentabilité. Un nouveau plan de réduction des coûts a été mis en place en 2021, avec 10 000 suppressions d’emplois supplémentaires et la fermeture de 340 filiales (40 % de ses entités allemandes). Le groupe a également été inquiété par la justice dans le cadre d’une procédure pour évasion fiscale.
Cette remise à plat a porté ses fruits puisque la Commerzbank réorganisée aiguise l’appétit de ses concurrentes. Avant UniCredit, Deutsche Bank avait évoqué un rapprochement qui avait été enterré durant la pandémie au vu de la grogne que le projet soulevait chez les syndicats.
Si l’absorption complète a lieu, UniCredit mettra la main sur un groupe qui a retrouvé la rentabilité, avec 2,2 Mds€ de profits générés l’an passé. De son côté, l’Italien changera totalement d’échelle, absorbant un bilan de 560 Mds€.
Les futurs candidats au rachat
Dans les prochains jours, analystes et comités de direction vont scruter la réaction des instances politiques, des marchés, et des syndicats. Si tous les voyants sont au vert, il ne fait aucun doute que nous verrons d’autres groupes bien capitalisés sortir du bois pour tenter d’absorber des cibles plus petites (ou tout simplement moins bien organisées).
Le monde de la banque était resté estomaqué par le sauvetage rocambolesque de Credit Suisse par son rival UBS, sur fond de décision éminemment politique et de spoliation des détenteurs de CoCo. Les fameux titres AT1 avaient alors vu leur valeur mise à zéro alors que les actionnaires n’avaient pas été dépossédés au préalable, comme le veut normalement la hiérarchie des créanciers.
Mais depuis cet événement malheureux dans l’histoire du secteur bancaire, l’Espagnol BBVA a mené une OPA sur sa petite sœur Sabadell. Menée dans les règles de l’art, elle a rassuré sur la capacité du secteur à se concentrer sans avoir recours à des méthodes contestables.
Ce retour à des opérations menées de manière plus convenable a de quoi rassurer les actionnaires, qui sont de nouveau disposés à étudier des rapprochements.
En France, c’est bien évidemment la Société Générale qui fait l’objet de toutes les spéculations. Son nom était sur toutes les lèvres lors de la petite phrase d’Emmanuel Macron, et les emplettes d’UniCredit n’ont fait que raviver les rumeurs.
Le groupe rouge et noir a vu la valeur de son action bondir de 8 % sur un mois, tandis que le CAC 40 ne s’octroyait que +2,5 %. Une surperformance appréciable, alors que la banque française accuse un retard de -18 % sur l’indice national sur 12 mois.
Dans le rôle de l’acheteur, les analystes voient bien évidemment le groupe BNP Paribas, dont les velléités de croissance externe sont désormais étalées au grand jour.
Bonjour Etienne,
Quand est-il de secteur de l’énergie et en particulier de l’autoroute énergétique.
Belle journée.