Dans cette chronique, Philippe Béchade dénonce l’augmentation des prix de l’essence et du gaz.
Le baril de WTI a battu un nouveau record ce vendredi 22 octobre sur le NYMEX. Ça y est, on a atteint les 84,2 $ !
Le Brent plafonne sous 86 $ et l’écart se resserre. Et ça nous donne quelques indices de ce qu’il se passe : la rareté se situe du côté américain.
La flambée du Brent pousse inexorablement le prix du Sans-Plomb 98 et du Diesel Excelium vers les 2 €.
Dès mercredi dernier – le 20 octobre –, la plupart des stations-service autoroutières – toutes marques confondues – affichaient des tarifs de 1,999 €.
Les vacances scolaires de la Toussaint démarrent ce week-end et le moment halloween (frissons d’horreur garantis) pour les grands – plus que pour les petits –, ce fut le passage à la pompe avec le franchissement du cap des 100 € pour un plein de 50 litres.
Des taxes, toujours des taxes… Et en contrepartie ?
Pour rattraper le coup et tenter de laisser un bon souvenir après cette expérience traumatisante, les groupes pétroliers pourraient offrir aux infortunés automobilistes une citrouille à tous ceux qui feront un plein à trois chiffres et des mandarines – pour rester dans la thématique « orange » – à ceux qui auront lâché plus de 50 €.
C’est sûrement un cadeau plus honnête que les 38 millions de chèques à 100 € offerts aux français gagnants moins de 2 000 €… parce que ce chèque carburant va aboutir à la restitution d’environ 60 € à l’état sous forme de taxes en passant à la pompe.
Et c’est rageant !
Surtout pour les salariés qui gagnent 1 961 € et qui venaient d’arracher une augmentation de 2% (portant ainsi leur rémunération à 2 000,2 €) pour contrebalancer la hausse du coût de la vie, notamment à cause de la hausse des carburants et du gaz.
Pour en revenir au coût d’un plein d’essence : la partie hydrocarbure représente à peine 0,55 € avec un baril à 85 $, les taxes, plus de 1 € (quasiment le double).
Mais les investisseurs préfèrent voir les Etats faire pression sur les pays producteurs plutôt que de faire preuve de plus de modération en matière de matraquage fiscal. En effet, les recettes sur les carburants rapportent plus que l’impôt sur le revenu dans un pays comme la France.
Du Covid-19 à la Guerre Froide ?
Et pour des Etats surendettés après la crise du Covid-19 et une fuite en avant dans le « quoi qu’il en coûte », les recettes fiscales, c’est sacré.
Pensez aux pauvres milliardaires qui placent leurs excédents de trésorerie dans les dettes de pays qui courent après l’argent. Si des difficultés budgétaires (des soucis pour rembourser les créanciers) surgissaient, c’est un coup à en perdre le sommeil !
Donc, il faut convaincre l’OPEP et la Russie de faire preuve de réalisme et d’adopter un esprit de saine coopération avec leurs principaux clients. Après tout, la demande progresse plus vite que prévu et les énergies alternatives ne sont pas à la hauteur des attentes pour l’instant.
N’oublions pas que le principal moteur de la croissance en Occident, ça reste la consommation. Et si la majorité des ménages n’arrive plus à finir le mois, la hausse des PIB risque de décevoir et les marchés risquent de ne pas apprécier un scénario de stagflation.
Bien évidemment, il faut compter avec la mauvaise volonté de Poutine qui est « très méchant » : et c’est parce qu’il est méchant que les Etats-Unis ne veulent pas autoriser la mise en service du gazoduc Nordstream-2 (Russie/Allemagne).
Car si ce gaz atteignait les côtes germaniques, il serait possible de réduire l’activité de centrales au charbon et au fioul pour privilégier celles fonctionnant au gaz. Gaz qui reste très abondant dans le sous-sol terrestre.
De ce fait, les prix pourraient retomber, l’inflation s’assagir, et les Etats remballer leurs chèques-cadeaux.
Et l’Etat tient énormément à distribuer cette aumône de 100 € à chacun des 38 millions de français gagnant moins de 2 000 €. En effet, une occasion de paraître généreux et de renforcer une situation de dépendance, ça ne se refuse pas !