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Rolls-Royce, le retour de la star oubliée

By 30 octobre 2023No Comments

Marqué par un passage à vide durant la pandémie, le groupe Rolls-Royce revient largement sur ses niveaux de rentabilité pré-Covid. Pour qui n’est pas encore en position, le moment est venu de considérer l’ouverture d’une ligne : le doublement de l’action sur un an prouve que le flux acheteur revient, et le retour de la rentabilité pourrait offrir au titre une nouvelle hausse de +50 %…

 

Pour le grand public, la marque Rolls-Royce est associée à l’automobile de prestige. Excellence de conception, exclusivité des circuits de vente, tarifs hors de portée du commun des mortels : l’image de luxe du constructeur est bien ancrée dans les esprits – et le fait qu’il possède également l’enseigne Bentley ne nuit en rien au positionnement haut de gamme revendiqué. Alors que Rolls-Royce Motors est désormais dans l’escarcelle du groupe BMW, détenir ses actions est un rêve aussi inaccessible que de conduire ses voitures pour la plupart des investisseurs.

Mais, loin de cette image de luxe et de raffinement à l’anglaise, la marque Rolls-Royce s’illustre également sur des activités moins connues. Oubliez les fauteuils en cuir, le confort d’une voiture avec chauffeur, le silence d’un véhicule pensé pour être un véritable salon roulant… Rolls-Royce Holdings (GB00B63H8491 – RR.), grande sœur du constructeur automobile, est surtout un acteur de référence de l’industrie lourde.

Aéronautique, spatial, énergie, défense : depuis sa naissance en 1904, le groupe a accompagné toutes les étapes de la révolution industrielle et s’est constitué un outil de production et un savoir-faire inégalés.

 

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La marque Rolls-Royce est aussi une référence dans l’industrie lourde. Photos : Rolls-Royce Holdings

Après d’importantes difficultés durant le début de la pandémie, le groupe a su se réorganiser pour assurer sa survie. Désormais plus agile, il sort renforcé et les derniers chiffres laissent même espérer qu’il redevienne une machine à cash pour ses actionnaires.

Ce type de recovery industrielle offre souvent les meilleures opportunités pour les actionnaires. Si le gros de la crise est passé, l’inertie des cours fait que le marché tarde à effacer la prime de risque imposée à l’action à partir de 2020. Les actionnaires historiques hésitent – c’est compréhensible – à renforcer leurs positions au vu des moins-values potentielles qu’ils ont subies par le passé.

Mais pour qui n’est pas encore en position, le moment est venu de considérer l’ouverture d’une ligne. Le plus que doublement de l’action sur un an prouve que le flux acheteur revient, et le retour de la rentabilité aux niveaux pré-pandémie pourrait offrir au titre une nouvelle hausse de +50 %.

 

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Malgré une hausse de +170 % sur 12 mois, l’action Rolls-Royce n’a pas encore retrouvé sa valorisation pré-Covid

 

La parenthèse du Covid désormais refermée

Avec l’arrêt brutal de l’activité manufacturière, la fermeture des frontières, et une tendance générale au gel des investissements, l’activité de Rolls-Royce a connu un sérieux trou d’air en 2020.

Il faut dire que le groupe plus que centenaire s’était quelque peu endormi sur ses lauriers. Les années 2010 avaient déjà vu la rentabilité de l’activité s’éroder, et après un plan social dans la division marine en 2015 concernant un millier de postes, suivi d’une véritable purge de 4 600 postes lancée en 2018, la pandémie l’obligea à une profonde restructuration.

Le premier semestre 2020 fut un véritable électrochoc, avec une perte de plus de 5,3 Mds£ (6 Mds€), un niveau équivalent à son chiffre d’affaires sur la période (5,8 Mds£). Pour éviter un dépôt de bilan, la direction n’a eu d’autre choix que d’annoncer un plan supplémentaire de réduction des effectifs, portant de nouveau sur plusieurs milliers d’emplois.

L’objectif de ces mesures d’urgence était d’éviter le scénario noir de 1971, qui avait poussé le groupe dans le giron de l’État après une nationalisation de la dernière chance.

Ces plans drastiques semblent avoir porté leurs fruits. Avec un effectif total réduit de -22 % sur les cinq dernières années, et l’abandon de programmes de R&D à la rentabilité incertaine, Rolls-Royce se concentre désormais sur son cœur de métier et ses activités les plus à même de générer des bénéfices.

 

Un contexte porteur pour Rolls-Royce

La reprise du trafic aérien, qui n’était qu’une question de temps avec la reprise des échanges internationaux, s’est traduite par d’importantes commandes de la part des compagnies aériennes. La reprise des « méga-contrats », qui fait la fortune d’Airbus, Boeing, et autre Safran, permet également à la marque Rolls-Royce de multiplier les commandes pour ses réacteurs Trent, qui équipent notamment les A380 et les derniers A350.

Le groupe est également très présent dans la production d’électricité, notamment grâce à son activité de conception et de production de turbines utilisées dans les centrales à flamme et nucléaires. Il est d’ailleurs une référence dans le contrôle commande des centrales nucléaires – un secteur promis à un bel avenir dans les prochaines années avec la relance des programmes de construction de centrales.

La transition énergétique n’est pas oubliée pour autant, avec un important effort de R&D dans la décarbonation. Rolls-Royce a par exemple déjà qualifié sa dernière génération de réacteurs utilisés dans l’aviation d’affaires pour qu’ils puissent fonctionner à 100 % avec du carburant durable (SAF), permettant à ce secteur très décrié de pouvoir à terme continuer d’exister avec une empreinte carbone drastiquement réduite. D’ici la fin de l’année, tous ses modèles – y compris les Trent utilisés dans les avions de ligne – auront été qualifiés 100 % SAF. Le groupe est par ailleurs très impliqué dans l’écosystème de l’hydrogène énergie, à la fois comme utilisation dans des piles à combustible pour alimenter des moteurs électriques que comme carburant pour être brûlé dans les moteurs thermiques.

Enfin, même s’il est toujours délicat de gagner de l’argent grâce aux conflits, Rolls-Royce fait partie des grands équipementiers militaires. Avec une clientèle comptant près de 160 forces armées, le contexte géopolitique compliqué de cette fin d’année et le renforcement des dépenses d’armement viendront encore alimenter l’activité de la branche défense.

  

Des comptes qui passent au vert

Ces éléments favorables se retrouvent déjà dans les premiers chiffres 2023 de l’entreprise.

Sur le premier semestre, l’activité de Rolls-Royce a même fait largement mieux que les prévisions. Alors que le consensus des analystes prévoyait une génération de cash-flow légèrement positive à 50 M£, celle-ci a dépassé les plus folles attentes en atteignant les 356 M£ (+610 %).

Le secret de cette amélioration tient dans le taux de marge opérationnelle. Il a bondi de 2,4 % l’an passé à 9,7 % sur les six premiers mois de l’année, soit un quadruplement (!) sur douze mois. Le groupe récolte ainsi les fruits des efforts de réorganisation menés ces dernières années.

Prenant acte de l’augmentation brutale des commandes tant sur les activités civiles que de défense, la direction a même revu à la hausse ses estimations pour l’année 2023. Signe que l’amélioration de l’activité va en s’accélérant, les prévisions de génération de cash-flow sur l’année s’établissent désormais dans une fourchette entre 900 M£ et 1 000 M£, ce qui représenterait un doublement par rapport à l’an passé (505 M£) et ferait largement oublier la difficile année 2021 (- 1 485 M£).

Le groupe revient ainsi largement sur les niveaux de rentabilité des années pré-Covid (568 M£ de free cash-flow généré en 2018, 873 M£ en 2019). Il ne reste plus que 2,8 Mds£ de dette à apurer (contre 3,3 Mds£ l’an passé) avant que le marché ne daigne revaloriser l’action aux niveaux d’il y a cinq ans.

Pour les actionnaires, la perspective est alléchante : à l’époque, le titre s’échangeait aux alentours des 300 £, soit +50 % par rapport à la valeur actuelle.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

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