L’effondrement de FTX en 2022 a secoué le monde des cryptomonnaies. Pourtant, en dépit des obstacles réglementaires rencontrés depuis, le segment s’est toujours montré résilient. Avec Paul Atkins à la tête de la SEC, un nouveau chapitre s’ouvre pour les actifs numériques, promettant régulation et renouveau.
Quand FTX s’est effondrée, en 2022, la plupart des politiciens et des technocrates ont eu deux réactions :
- faire semblant de n’avoir jamais entendu parler des cryptomonnaies ;
- blâmer une « absence de réglementation ».
Et quid de Paul Atkins ? [NDLR : nouveau président de la Securities and Exchange Commission – SEC – qui a succédé cette année à Gary Gensler, jugé hostile aux cryptomonnaies].
Son opinion était différente.
Il a déclaré que FTX ne s’était pas effondrée à cause d’une « réglementation insuffisante » mais parce que les Etats-Unis avaient rendu impossible la création de bonnes entreprises de cryptomonnaies sur le sol américain.
Voici ce qu’il a dit, texto :
« L’effondrement de FTX est une débâcle internationale qui s’est produite parce que, selon moi, les Etats-Unis n’ont pas adapté leurs lois à cette nouvelle technologie ».
Et à présent, c’est Paul Atkins qui dirige la SEC.
Pour rappel : Atkins a été commissaire à la SEC au début des années 2000, à une époque où les gens pensaient encore que la loi « Sarbanes-Oxley » [NDLR : sur la réforme de la comptabilité des sociétés cotées en Bourse et la protection des investisseurs] était une sorte d’instrument de torture médiéval.
Même à l’époque, Atkins n’était pas du genre « à réglementer tout ce qui bouge », déclarant que « tout n’exige peut-être pas mille pages de réglementation ».
Mais revenons au boom des cryptomonnaies de 2017.
Alors que d’autres traitaient le Bitcoin de « poison », Atkins a contribué au lancement de Token Alliance, un groupe d’acteurs du secteur s’efforçant de rédiger des lignes directrices claires pour les cryptomonnaies.
Atkins a coprésidé l’Alliance et mis en avant l’idée que tous les jetons n’étaient pas des titres financiers, et que tous les patrons d’entreprises de cryptomonnaies n’étaient pas de futurs Bernard Madoff.
Voici ce qu’il a déclaré :
« La Token Alliance jouera un rôle essentiel en aidant le secteur à définir lui-même des orientations appropriées pour cette nouvelle classe d’actifs exaltante ».
Traduction : « Ne réglementons pas ce secteur au point qu’il tombe dans l’oubli ».
L’instant « Rocky Balboa » des cryptomonnaies
Certes, les NFT et la plupart des meme coins sont cuits.
Les CryptoPunks [NDLR : 10 000 personnages numériques uniques à collectionner, stockés sur la blockchain Ethereum] survivront peut-être, mais probablement pas les Bored Apes [NDLR : collection de NFT représentant des dessins à l’effigie de singes]. Et le NFT Tulip #71 [NDLR : NFT appartenant à la collection Tulip 99, combinant œuvres physiques et numériques inspirées de la Bulle des Tulipes du XVIIe s.] est bel et bien mort.
Exemples de NFT : Bored Apes à gauche et CryptoPunks à droite. Source : Adobe Stock
Mais sous le tas de cendre de la dernière bulle frémit quelque chose de réel :
- des actifs du monde réel sont en train d’être tokénisés ;
- la DeFi est en train de devenir une véritable infrastructure financière ;
- le Bitcoin n’est pas traité comme de l’argent magique venu d’Internet, mais comme un « bien numérique ».
Les Hollandais ont assisté à une explosion d’innovations financières après l’éclatement de la « Bulle des Tulipes ». De la même manière, les cryptomonnaies se construisent – après quatre ans d’attaques – plus fort, plus intelligemment et plus simplement.
Et cette fois, cela se passe avec la bénédiction de Washington, et non en dépit de la technocratie.
Il y a trois raisons d’être haussier.
- Les grands investisseurs arrivent discrètement :
- ils ne vont pas le crier à une heure de grande écoute sur CNBC, mais les gérants d’actifs et les hedge funds accumulent des cryptomonnaies tandis que les petits investisseurs paniquent. Demandez-vous pourquoi.
- La réglementation arrive (enfin) :
- il y a quelques années, les fans de cryptomonnaies craignaient la réglementation. A présent, ils supplient qu’elle existe. Pourquoi ? Parce que « réglementation » veut dire « clarté ».
- Les cryptomonnaies font mieux que la finance traditionnelle :
- les banques sont chères. Western Union est lent. Les places boursières sont fermées le week-end. Les cryptomonnaies s’attaquent à tout cela. Et c’est maintenant que cela se passe, juste sous notre nez.
Si vous lisez cet article en pensant que le marché haussier est confirmé… c’est peut-être vrai. Ou peut-être pas. Pas encore.
Il n’y a pas d’interrupteur magique. C’est le début de quelque chose, mais comme tout ce qui est réel, cela met du temps à se mettre en œuvre. (Cela étant dit… les acteurs les plus avisés sont déjà en train de se positionner).
Bien entendu, la clarté réglementaire engendrera des gagnants et des perdants.
Cela se passe toujours ainsi.
Mais après avoir étudié la question attentivement, voici ce que nous identifions : nous ne sommes pas face à un cimetière mais face à un chantier de construction.
C’est Rocky Balboa à la fin du 12e round : il est couvert de bleus, il saigne, mais il sourit.
Les nouveaux marchés commencent à s’épanouir discrètement, avec entêtement, petit à petit.