On pensait qu’elle ne frapperait qu’un temps, mais voilà qu’elle dure ! La pénurie de composants malmène le secteur automobile. Mathieu Lebrun décrypte les conditions d’une rentrée auto compliquée…
C’est indéniable, le deuxième trimestre 2021 a été synonyme de ralentissement. Tout spécialement dans le secteur automobile. En effet, la pénurie de puces électroniques et de semi-conducteurs continue.
Et cela a été mis en avant tout au long du mois de juillet. Allant d’avril à juin, les publications des trimestriels ont permi de remettre les compteurs à jour. Ainsi, si les constructeurs allemands comme Mercedes ou BMW ont su garder la tête hors de l’eau en maintenant une bonne dose de prudence, ils ont quand même été pénalisés par cette pénurie. Quant aux équipementiers automobiles – Plastic Omnium, Valeo ou Faurecia pour ne citer qu’eux –, ils sont optimistes : le second semestre devrait être meilleur.
Ce manque de composants avait pesé dans leur balance commerciale. Par exemple, chez Plastic Omnium, on se souvient de la perte de 550 millions de chiffre d’affaires, causée en grande partie par la pénurie de semi-conducteurs. Mais aussi que cette perte n’avait pas empêché le groupe de relever ses objectifs 2021. La direction estimait alors que le problème resterait passager et qu’un redémarrage en fanfare suivrait.
Or, pas plus tard qu’hier, Stellantis a fait un communiqué : le redémarrage escompté des cadences de production semble avoir du plomb dans l’aile.
Une configuration « Epaule-Tête-Epaule » et puis, la chute ?
Graphiquement, le secteur automobile européen n’évolue pas « n’importe où ».
Regardez ainsi mon premier graphique ci-dessous pris en base hebdomadaire. On notera la présence d’une importante zone de résistance horizontale (visible en rouge ci-dessous), niveau en place depuis… 2015. Rien que cela !
En dézoomant un peu, et en passant cette fois sur un horizon de temps journalier (cf. ci-dessous), on voit d’ailleurs que les choses ne sont guère plus réjouissantes avec la formation d’une potentielle structure de retournement dans les règles de l’art, de type « Epaule-Tête-Epaule » (ou « ETE »). Gare donc ici à l’effet d’accélération qui découlerait de la rupture de la ligne du cou de la figure (cf. rectangle ascendant grisé ci-dessous).
En cas de validation, l’objectif théorique de notre fameuse « ETE » serait alors au minimum 10% bas (cf. flèches noires à double sens en pointillés noirs).
Attention donc à la reprise du secteur qui semble encore fragile. Tant que la pénurie de composant durera, miser sur l’avenir reviendrait à construire sur du sable.