Vendredi s’est ouverte la réunion annuelle de Jackson Hole. Son discours d’ouverture a fait sensation : Jerome Powell a provoqué l’euphorie des marchés. Analyse de Philippe Béchade.
A nouveau, Jerome Powell a écrit un discours vendredi dernier dans le but de complaire à Wall Street. En effet, ciselé dans les moindres détails, son entreprise a largement euphorisé la place boursière.
Ce discours inaugural du patron de la FED lançait le symposium annuel de Jackson Hole. Et l’assurance Jerome Powell a rassuré les investisseurs – ou plutôt excité ces mêmes investisseurs. Résultats : une nouvelle série de records absolus !
Peut-on raisonnablement parler de soulagement quand 12 sur 16 séances qui ont précédé la prestation de Jerome Powell avaient donné lieu à des records intraday ou des records de clôture ?
Notez que le S&P500 a établi un nouveau record à 4 509 points, soit un gain hebdomadaire de 1,5%, et le Nasdaq pulvérise un nouveau record à 15 130 points, +1,25% hebdomadaire.
Mais pour prendre la pleine mesure du retour de l’appétit pour le risque, il faut se tourner vers le Russell-2000 qui s’envole de +3% et enregistre sa plus forte hausse intraday depuis le 20 juillet dernier.
Enfin une très bonne nouvelle !
L’indice refranchit au passage sa MM50 qui gravite vers 2 250 points : il était le dernier indice à plafonner sous sa moyenne à 10 semaines.
Cette fois-ci, tous les voyant indiciels US se retrouvent simultanément au vert. Avec en prime un basculement du « VIX » sous les 19, un seuil qui correspond à une moyenne historique longue et qui surtout réduit significativement le coût de couverture des portefeuilles à quelques jours de la « rentrée ».
Et comble de bonheur : non seulement les prises de risque pourront être couvertes à prix cassé, mais de surcroît, le discours de Jerome Powell a également détendu l’atmosphère du côté des marchés de taux. Les stratégies à effet de levier vont également bénéficier de conditions de financement très favorables.
C’est enfin une très bonne nouvelle pour les amateurs de crypto actifs. Eux aussi sont de plus en plus tributaires des coûts de financement pour leurs stratégies complexes faisant intervenir des produits dérivés. Le Bitcoin a bien failli retester les 50 000 $ dimanche… à 3h du matin !
A cette heure-là, ce sont les Sud-Coréens et les Chinois qui « font le marché », pas les opérateurs américains.
Mais Chinois comme Sud-Coréens doivent une fois de plus une fière chandelle à Jerome Powell, non seulement sur le fond de son discours, mais aussi sur la forme.
Il a en effet lu un texte de 10 minutes sans jamais esquisser le moindre sourire de satisfaction, le moindre plissement d’yeux ou la moindre variation dans l’intonation. Poker face.
Il aurait fait la liste des différentes pièces plastiques constituant une boite de Lego permettant de construire un tracteur agricole et sa remorque qu’il n’aurait manifesté davantage d’émotion.
Par ailleurs, on ne peut être plus clair : plus rien ne semble l’émouvoir. L’inflation peut bien être à 5,4%, la hausse des prix de l’immobilier fuser à raison de +18% par an, il ne cille pas et se borne à constater que les conditions d’un « tapering » se mettent progressivement en place.
Toutefois, le tableau n’est pas encore optimal et la FED a besoin de « plus de données »… notamment celles relatives aux pressions inflationnistes qui pourraient bien commencer à se relâcher avec l’arrêt complet de toutes les aides fédérales au 1er septembre.
Voilà qui devrait éviter que la consommation ne pousse les prix davantage à la hausse.