Quelle est la recette que James Altucher applique pour dormir sur ses deux oreilles, quelle que soit l’orientation des marchés ? Comment fait-il pour miser sur des actifs à fort potentiel tout en limitant son risque ? Voici les critères et le mode de fonctionnement qui lui permettent d’investir sereinement…
J’ai rencontré quelqu’un qui était consultant pour l’un des partis politiques américains, et qui allait aider son candidat à l’élection présidentielle à manier les réseaux sociaux et les « messages ».
Alors que l’on abordait plus en profondeur la signification même de « message », ses paroles m’ont rappelé quelque chose.
« Cela m’évoque la campagne Dole-Clinton. »
« Ouhla, m’a-t-il dit, je n’ai pas connu cette époque ! »
« C’était en 1996 », lui ai-je dit.
« Je suis né en 1996 », m’a-t-il répondu.
J’ai laissé tomber la conversation. Pas parce qu’il était très jeune, mais parce qu’il m’a déçu.
Il parlait comme s’il était expert, et peut-être bien qu’il en possédait les qualifications. Après tout, il s’apprêtait à aider quelqu’un à devenir (ou rester) président des Etats-Unis. Mais il manquait de connaissances historiques.
Bob Dole et Bill Clinton avaient presque la même opinion sur tous les sujets. Cette campagne est peut-être la toute dernière – cruciale – qui se soit jouée sur le message (bien que l’on s’attendait à ce que Clinton remporte une victoire écrasante).
Alors comment pouvait-il ignorer cela ? Cela signifiait aussi qu’il n’était pas au courant de l’histoire de Dukakis qui avait défilé dans un char ou du fameux « Read my lips » de George Bush père [NDLR : il s’était engagé à ne pas augmenter les impôts, en utilisant cette expression équivalant à « écoutez-moi bien » ou à « je pèse mes mots », mais n’a pas tenu cet engagement de campagne].
Ou d’Edmund Muskie en larmes aux primaires de 1972 [NDLR : à la suite d’une campagne de dénigrement l’ayant visé, ainsi que son épouse], ou d’Eugene McCarthy en 1968. Ou du message d’Herbert Hoover en 1928 [NDLR : un an avant le krach de 1929 qui a précédé la Grande dépression, il avait déclaré que la pauvreté disparaîtrait bientôt aux Etats-Unis].
Et ainsi de suite.
La première élection sérieusement contestée remonte à 1800, où l’on a craint que John Adams ne se transforme en dictateur si Jefferson ne se présentait pas aux présidentielles face à lui.
Je ne veux pas dire qu’il faut absolument savoir tout ça. La plupart des gens s’en fichent éperdument et ne sont pas vraiment censés savoir ces choses, à moins d’adorer l’Histoire.
Mais ce type travaillait à un haut niveau dans la politique. Or, si vous ne connaissez pas l’Histoire, alors vous n’êtes pas expert. Et au lieu de bénéficier de la hauteur qu’offre la connaissance de l’Histoire, vous évoluez au ras du sol et devez combler vos lacunes au fur et à mesure.
Ce n’est pas être expert, c’est un échec.
Comprendre l’investissement
C’est la même chose dans le domaine de l’investissement.
Si, à titre personnel, vous ne savez pas comment le marché a réagi au cours de chaque année de la Grande Dépression, ou ce qu’il s’est passé au cours des mois suivant les krachs de 1987, de 1997, du 11 septembre 2001 et de la pandémie de COVID, ce n’est pas si grave. Après tout, il n’est pas nécessaire d’être un professionnel de l’investissement pour investir.
En revanche, pour être investisseur professionnel, il faut connaître l’investissement de façon verticale et horizontale.
La verticale, c’est la connaissance de l’Histoire. Il faut lire les biographies de Warren Buffett, de Bernard Baruch, de Peter Lynch, de John Bogle, etc., et ces livres : Famous First Bubbles de Peter M. Garber [NDLR : non traduit en français] et Vous pouvez être un génie de la Bourse de Joel Greenblatt (un excellent livre, malgré son titre ringard).
Il faut lire des choses sur Michael Milken et les événements qui ont conduit au krach de 1987. Il faut lire The Education of a Speculator de Victor Niederhoffer [NDLR : non traduit en français] et Les Magiciens des marchés, de Jack Schwager.
L’horizontale, ce sont les stratégies que vous devriez connaître pour :
- l’investissement « value » [NDLR : investir dans des actions décotées par rapport à leurs fondamentaux] ;
- l’investissement axé sur la croissance ;
- l’investissement obligataire ;
- l’arbitrage [NDLR : qui consiste à tirer parti de différences/écarts] sur les fusions/acquisitions ;
- l’arbitrage sur les obligations convertibles ;
- l’arbitrage quantitatif ;
- les options ;
- le capital-investissement ;
- l’arbitrage sur les fonds à capital fixe (« closed-end funds »).
Il faut comprendre la différence entre l’investissement value de type « mégot de cigare » [NDLR : entreprises dont on peut encore tirer quelque chose, à l’image d’un mégot dont on peut encore tirer une bouffée] (Buffett avant 1962) et l’investissement « value » (autre façon de faire la différence entre Buffett et Münzer).
Il faut comprendre pourquoi certains des plus grands hedge funds se sont effondrés (pas seulement Long-Term Capital, mais ceux de Soros et de Julian Robertson dans les années 2000 et de nombreux fonds en 2008).
Il faut comprendre pourquoi la plupart des hedge funds sont des arnaques, et ce dont il faut se méfier, quand votre conseiller bancaire vous vante le dernier fonds commun de placement.
Quel est le rapport entre les taux d’intérêt et les actions ? Entre l’inflation et l’or ? (Ils ne sont pas corrélés.)
Le plus important, c’est peut-être de comprendre la gestion des risques. Peut-être même de comprendre l’histoire de l’argent, et pourquoi le trading de contrats à terme (« futures »), ou même les investissements boursiers, existent tout court.
Depuis 24 ans, je suis obsédé par l’idée de m’améliorer, en tant qu’investisseur. Je me suis rendu compte que dans cet univers, sans toutes ces connaissances – et parce que n’ai eu aucun mentor ou guide fiable, pour m’aider – j’étais voué à finir fauché.
Je le répète, je ne suis pas en train de dire que VOUS devez savoir toutes ces choses.
Mais, personnellement, j’aime les savoir et écrire à leur sujet. J’écris des articles dédiés à l’investissement depuis 2002. Je suis réellement reconnaissant que des gens aient apprécié mes articles au point que j’ai pu écrire pour le Financial Times pendant de nombreuses années, puis pour le Wall Street Journal, CNBC, Forbes, Yahoo Finance. Et la moitié des livres que j’ai écrits sont dédiés à l’investissement.
Il m’est arrivé beaucoup d’aventures en chemin, et j’ai rencontré énormément de gens intéressants.
Comprendre la véritable diversification
J’écris cela car il m’a fallu beaucoup de temps, avant de comprendre ce qu’était une véritable diversification. Il ne suffit pas d’investir dans une compagnie pétrolière et une entreprise technologique (par exemple Exxon et Microsoft), pour affirmer que l’on s’est diversifié. Ces deux actions sont énormément corrélées.
Je considère que je me suis diversifié dans ces deux cas.
- Quand j’investis dans des STRATÉGIES non corrélées. Par exemple, l’une d’elles consiste à ouvrir une position longue (pari à la hausse) sur des actions value. L’autre consiste à faire de l’arbitrage sur des pays (par exemple, ouvrir une position longue sur les Etats-Unis et short – paris à la baisse – sur le Canada).
- Et j’aime bien investir dans des actions offrant un potentiel de hausse très important (« moonshots »).
Mais comment investir dans quelque chose qui, selon moi, pourrait s’apprécier de 1 000%, tout en étant considéré comme « peu risqué » ?
Parce que, si je fais des recherches et que je pense que certains actifs (une action, une cryptomonnaie, une option, une matière première, etc.) pourraient s’apprécier de 1 000%, voire plus (je considère comme « un potentiel de hausse très important » le fait que le cours puisse être multiplié au moins par 10), alors :
- je n’ai pas besoin d’investir une si grosse somme ;
- je peux dormir sur mes deux oreilles, la nuit, en sachant que j’ai des liquidités mais que mon argent travaille quand même pour moi.
Avoir des liquidités, cela signifie que j’ai des munitions en réserve pour d’autres stratégies et opportunités qui se présenteraient. Et j’ai aussi des munitions au cas où le marché s’effondrerait.
Et je dors également mieux en sachant que rien ne peut m’affecter.
Si je sélectionne soigneusement mes positions, je peux obtenir un BIEN meilleur rendement que le marché, et c’est ce qu’il se passe.
J’ai justement lancé ce service pour qu’il se concentre sur les stratégies décorrélées qui offrent un important potentiel de hausse (cliquez ici pour nous rejoindre ! )
A bientôt
James Altucher