A force de recherches et d’expériences en laboratoire, les scientifiques parviennent désormais à recréer des cellules du corps humain et même des organes par impression 3D. Notre analyste Chris Campbell est allé à la rencontre de l’un d’entre eux, très en pointe sur ce nouveau procédé appelé « bio-impression »…
Ce jour-là, quand je suis entré dans le laboratoire, Adi imprimait une oreille.
« Tu imprimes une oreille ? Que veux-tu dire par là ? » ai-je demandé.
« Exactement ce que ça veut dire. »
Il a souri.
Il s’avère qu’il utilisait de véritables cellules cutanées pour imprimer une oreille entière.
Faite de peau. Une oreille.
…
Il imprimait réellement de la peau humaine sous forme d’oreille.
Au début, je ne croyais pas ce qu’il me disait.
Ça ressemblait à un film de science-fiction angoissant d’A24.
Mais en réalité, Adi est à la pointe de la biotechnologie !
Reprenons depuis le début si vous le voulez bien.
Bio-impression : ma rencontre avec la médecine du futur
En début d’année, j’ai rencontré Adi Díaz Nocera, un entrepreneur argentin qui a fondé Life SI, une entreprise pionnière en impression 3D biologique.
Adi et son équipe ont développé une technologie qui utilise les cellules de leurs patients pour créer des tissus biologiques, ouvrant un monde de possibilités pour la médecine personnalisée et les traitements pouvant sauver des vies.
Le plus fou, c’est que la machine qu’il utilise ressemble à une imprimante 3D standard. Heureusement, mon ami Xenofon a pensé à prendre des photos.
La bio-impression (impression 3D biologique) est un processus où des cellules vivantes sont déposées couche par couche pour créer des tissus et des organes complexes. Contrairement à l’impression 3D traditionnelle qui utilise du plastique ou du métal, la bio-impression utilise des bio-encres faites à partir de cellules réelles des patients.
Cela permet de créer des structures biologiques qui peuvent imiter la fonctionnalité des tissus humains.
« Nous avons commencé par développer des imprimantes 3D biologiques », a-t-il dit en montrant la machine.
« Ces imprimantes utilisent une seringue chargée de cellules réelles au lieu de matériaux traditionnels comme le plastique ou les polymères. Cela nous permet de créer des tissus biologiques grâce à la technologie de l’impression 3D. »
La bio-impression appliquée à la peau
L’industrie cosmétique est l’un des secteurs les plus gourmands en peau humaine imprimée.
L’équipe d’Adi a ainsi eu l’occasion d’imprimer de la peau humaine afin qu’elle soit utilisée pour tester des cosmétiques, éliminant ainsi le besoin de tests sur les animaux.
Non seulement cette innovation élimine la nécessité de torturer des animaux, mais elle fournit également des résultats plus précis pour les applications humaines. (Après tout, la peau humaine ne se comporte pas tout à fait comme un tissu animal lorsqu’elle est exposée à diverses substances.)
Adi m’a parlé d’autres applications, comme la possibilité pour les chirurgiens de se préparer à une opération complexe sur un patient ayant une tumeur spécifique.
Auparavant, les chirurgiens devaient se contenter de scans 2D et de quelques modèles 3D rudimentaires pour planifier leurs interventions.
Mais avec la technologie de Life SI, ils peuvent désormais imprimer une réplique exacte de la tumeur du patient, avec la totalité des cellules cancéreuses, ce qui permet une meilleure simulation avant la chirurgie réelle.
Cela augmente de fait les chances de succès de l’opération, et réduit également considérablement le risque pour le patient.
Mieux cerner les tumeurs
Life SI a également commencé à explorer l’utilisation de peau imprimée en 3D pour les tests de médicaments.
Dans le processus habituel de développement, les nouveaux médicaments sont testés sur des animaux ou des cultures cellulaires simplifiées. Ces méthodes, bien qu’utiles, ne reflètent souvent pas la complexité de la biologie humaine.
L’approche de Life SI est différente.
En utilisant des tissus imprimés à partir de cellules de patients, Life SI peut tester l’efficacité des médicaments de manière plus précise et personnalisée. Cela signifie que les traitements peuvent être adaptés à chaque patient, augmentant leur efficacité et minimisant les effets secondaires.
Voici par exemple une véritable tumeur imprimée en 3D.
Ce dispositif va permettre de tester des médicaments dans le but de traiter un patient atteint de cette tumeur exactement.
Mais les ambitions de Life SI vont bien au-delà de la création de modèles anatomiques.
Leur objectif ultime ? Créer des organes entièrement fonctionnels pour les transplantations en utilisant les cellules d’un patient, éliminant ainsi le risque de rejet.
Où sont les limites ?
Un projet aussi ambitieux ne vient pas sans défis.
Le fait d’imprimer des organes soulève des questions éthiques. Certains observateurs estiment que c’est un peu se prendre pour Dieu, ou en tout cas une manière d’interférer avec les processus naturels.
Adi, cependant, voit les choses différemment.
Il pense qu’il est cruel de refuser aux gens l’accès à des technologies qui sauvent des vies.
Pour lui, la véritable faute éthique est de permettre que des décès évitables se produisent, alors que la technologie pour sauver des vies existe.
Bien sûr, il y a aussi des défis pratiques.
Créer des organes fonctionnels est un processus complexe qui nécessite non seulement une bio-impression précise, mais aussi des connaissances très avancées pour transplanter correctement ces organes dans le corps humain.
Le chemin vers l’implémentation clinique est semé d’embûches réglementaires, et de difficultés techniques, sans parler de la nécessité de tests approfondis.
Pourtant, jusqu’à présent, les progrès de Life SI laissent à penser que ces obstacles ne sont pas insurmontables.
Adi voit la bio-impression comme un changement de paradigme en médecine.
Et tout porte à croire qu’il a peut-être raison.
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Votre opinion nous intéresse ! Que pensez-vous de la bio-impression ? Faut-il poser des limites éthiques à son utilisation ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !
Magnifique avancée sur le plan médical pouvant répondre à de graves pathologies. Bien sur qu’il faut légiférer sur cette bio technologie et imposer des limites
Les perspectives de cette biotechnologie sont attrayantes, néanmoins cela nécessite un encadrement stricte de la loi (à supposer que les lois votées soient respectées et appliquées).
Peut on créer les tissus avec les veines et les artères qui les alimentent, et les nerfs qui donnent la sensibilité et qui commandent
Bonjour.En matière d’innovations on ne doit pas légiférer,je pense qu’il faut attendre les résultats exploitables pour réglementer si c’est nécessaire.Tout se corrige en cours de vie de l’innovation,qu’elle qu’elle soit!!!!!!!!!le bien supposé/le mal avéré????
aucune raison d »imposer des limites a des techniques susceptibles de soulager des malades et sauver des vies
la loi cela n »est le plus souvent qu’un encadrement administratif etabli par des personnes qui n’ont aucune competence
en science et biologie du vivant ou qui se referent a un dieu supposé garant d’une ethique que ces gents s’approprient