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Or : une baisse saine avant le prochain rallye haussier !

By 25 avril 2024avril 26th, 20243 Comments

Dans l’arène tumultueuse de l’économie, l’or occupe depuis des millénaires une place particulière. Valeur refuge par excellence, ce métal précieux incarne la stabilité dans un monde où les tendances et les fluctuations peuvent être vertigineuses. Et en ce début d’année 2024, l’or a de nouveau attiré l’attention en établissant de nouveaux records. Le métal jaune peut-il aller encore plus haut ? Voyons ce qu’il en est avec Ionès Jaoulane…

 

 

Depuis mars 2024, nous avons été témoins d’un phénomène rarissime sur le marché de l’or : une hausse de 400 $ l’once en un mois. Les cours ont atteint le 15 avril un plus-haut historique autour des 2 430 $ l’once, avant d’entamer ces derniers jours une correction autour des 2 320 $. Un tel mouvement de hausse n’avait pas été observé depuis l’été 2011.

Certains d’entre vous se souviennent qu’à cette époque, une euphorie acheteuse s’était emparée des particuliers. Les cours qui flirtaient alors avec les 2 000 $ l’once faisaient les gros titres en Europe et outre-Atlantique, les primes sur l’or physique (lingots et pièces) explosaient, et des reportages sur l’or étaient diffusés sur des chaînes de télévision grand public. Une baisse spectaculaire de plus de 45 % a suivi. Elle s’est achevée en décembre 2015, laissant de nombreux investisseurs désillusionnés durant plusieurs années.

Pourtant, malgré les similitudes avec le passé, la situation actuelle présente des différences significatives. Contrairement à 2011, où la frénésie d’achat était généralisée, la plupart des investisseurs sont restés en marge de cette dernière flambée des prix. Leur attention était focalisée sur les méga-capitalisations comme Nvidia et Tesla, les records sur le cours du Bitcoin et la dernière thématique d’investissement en vogue, l’intelligence artificielle (IA). Le graphique ci-dessous en est la preuve : on peut constater un flux vendeur continu depuis 2021 sur les ETF or en totale décorrélation avec la hausse des cours du métal jaune.

 

L'or_flux_etf_or_250424Flux d’ETF or en $ (USD) Source : World Gold Council

 

Sur ce second graphique, nous pouvons voir cette décorrélation historique entre les cours et les avoir d’or détenus par les ETF or.

 

L'or_avoirs_detenus_par_ETAvoirs détenus par les ETF or.  Source : World Gold Council

 

De leur côté, (contrairement à 2011 toujours) les médias grand public recommandent aux particuliers de tirer profit de cette hausse soudaine en vendant leurs bijoux en or, plutôt que d’investir massivement dans le métal précieux.

L’or n’apporte aucun rendement et n’est donc généralement pas recherché quand les liquidités sont rémunérées à des taux élevés. Sachant que ce ne sont pas les investisseurs institutionnels et particuliers qui font monter les cours, on peut se poser la question suivante :

« Qui fait monter les prix de l’or physique, dans une période où les taux atteignent des sommets qu’on n’avait pas revus depuis 2007 ? »

La réponse se trouve du côté des banques centrales. Celles-ci achètent de l’or de manière frénétique depuis le début de l’année 2022. Elles sont au cœur de cette demande. Les déficits record des Etats-Unis, couplés aux tensions géopolitiques, font perdre au dollar sa crédibilité en tant que monnaie de réserve mondiale aux yeux de nombreux pays émergents.

 

L'or_achats_net_en_tonnesAchats nets en tonnes d’or des banques centrales depuis 2010.  Source : World Gold Council

 

La demande d’or physique devrait donc rester forte en 2024

De plus en plus de banques centrales privilégient l’or au dollar en tant que monnaie de réserve, comme en atteste la dernière enquête du World Gold Council. Elle révèle que les banques centrales ont l’intention d’augmenter leurs réserves de détention au cours des prochains mois. En outre, les points de vue des banques centrales sur le rôle futur du dollar américain y sont plus pessimistes que dans les enquêtes précédentes. Par contre, leurs points de vue sur le rôle futur de l’or y sont plus optimistes, 62 % d’entre elles ayant une part plus importante des réserves totales contre 46 % l’année dernière. La conclusion est claire : les banques centrales doutent de la crédibilité de leurs monnaies ou savent quelque chose que nous ne savons pas encore…

 

Après cette hausse historique, l’or est-il à des prix trop élevés ?

Prenons un peu de recul : 187 200 tonnes, c’est la quantité d’or qui a été extraite dans le monde depuis la nuit des temps et utilisée sous toutes ses formes. Au cours actuel (74 521 $ le kilo), cela représente une valeur de 13 950 Mds$, soit seulement l’équivalent de 5 fois la valeur boursière d’Apple (à peu de choses près).

Face à cela, la masse monétaire M2, qui regroupe la monnaie en circulation et les dépôts bancaires dits liquides, s’élevait en 2022, rien que pour la Chine, les Etats-Unis, le Japon et la zone euro à 82 600 Mds$, soit près de 6 fois plus en valeur que tout l’or extrait depuis la nuit des temps. Si nous devions revenir à une forme d’étalon or suite à une décrédibilisation totale des monnaies fiduciaires, une once d’or à 15 000 $ serait fondamentalement plus crédible que la valeur actuelle du Bitcoin ou celle de certaines sociétés comme Nvidia.

Mais chaque chose en son temps. Focalisons-nous sur ce que nous pouvons viser pour les mois à venir. Du point de vue de l’analyse technique, la correction actuelle, qui est saine dans tout marché haussier, laisse entrevoir un point d’achat pertinent. En cas de poursuite de la baisse, il faudrait que le support technique des 2 200 $ tienne. Si c’est le cas, nous pourrions ensuite repartir sur une hausse qui mènerait les cours de l’once d’or à 2 500 $ d’ici à l’automne.

 

graph 1
Cours de l’or de juin 2023 à avril 2024.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

 

Au niveau des fondamentaux, retenez ces 4 piliers qui seront favorables à l’or d’ici la fin de l’année :

  1. les banques centrales achètent de grandes quantités d’or. Si elles poursuivent leur rythme d’achat actuel, elles pourraient acheter plus de 1 000 tonnes d’or physique en 2024 ;
  2. les investisseurs institutionnels et particuliers n’ont pas encore investi significativement sur l’or. Nous sommes loin d’une euphorie acheteuse qui est souvent un élément précurseur d’un retournement de tendance ;
  3. la probable prochaine baisse des taux de la Fed soutiendra le cours de l’or ;
  4. les tensions géopolitiques et les guerres incitent historiquement les investisseurs à se couvrir en achetant de l’or, qui est, quoi qu’on dise, la seule monnaie universelle sans contrepartie.

 

Ionès Jaoulane

3 commentaires

  • Avatar villers dit :

    bonne information

  • Avatar germain dit :

    Les banques américaines truquent le cours de l’or depuis des années et d’ailleurs leurs traders ont été condamnées par la justice américaine (tardivement)…Ces manoeuvres sont illicites. Aujourd’hui arrivent-elles encore à truander le cours de l’or physique? Je me le demande tant elles poussent le prix de l’once d’or vers le bas. La baisse du prix de l’once d’or est suspecte dans le contexte politico-économique actuel.

  • Avatar prenom alain nom poirier dit :

    Merci. Clair net et cours. Pourquoi ne pas songer à un éventuel retour au bimétalisme avec l’argent, comme par le passé, ou d’autres métaux précieux. Vu des banques centrales cela peut sembler moins risqué.

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