Un nouveau variant et c’est la vie normale qui s’éloigne ! Philippe Béchade observe une situation alarmante sur le VIX et les autres indices boursiers.
Les spécialistes du trading sur les dérivés de volatilité, typiquement les « VIX » se régalent. Notez qu’il existe un VIX adossé au S&P500, au CAC40 – le V-CAC –, au Dax – le V-Dax –, etc.
Là, c’est bon, vous pouvez l’exploiter. Mais les détenteurs de portefeuilles boursiers un peu moins. Depuis vendredi, les marchés se sont transformés en « lessiveuses » et cette séance de mercredi a donné lieu à une nouvelle séquence « portes de saloon » avec un S&P500 qui gagné jusqu’à +1,9% à 4 653 points avant de finir au plus bas à 4 513 points (-1,2%).
Mais ce n’est rien en regard du grand écart affiché par le VIX CBOE (adossé au S&P500) entre 22,5 et 32,50, soit 40% de volatilité intraday.
Mais, ce n’est pas tout fait comparable avec les +50% du vendredi 26 novembre. Le VIX s’est envolé dès l’ouverture et il a ensuite oscillé entre +36 et +54% toute la séance (ce qui est très différent d’un -25% suivi d’un +15%.
La situation rappelle un peu la psychose médiatique qui a accompagné l’irruption du variant Delta (troisième vague à l’automne 2020), tandis que la quatrième vague (printemps 2021) est passée complètement inaperçue d’un point de vue boursier grâce à la conviction que le « vaccin » (un traitement ARN) annoncé début novembre 2020 allait neutraliser tout risque de reconfinements et autres couvre-feux.
Sauf que…
Avec le rouleau compresseur médiatique et les mesures de coercition mises en place au début de l’été dans plusieurs pays, c’est finalement plus de 80% de la population qui a – pour une raison ou une autre – consenti à recevoir 2 injections.
Peu imaginaient alors qu’une troisième serait nécessaire à partir de cet automne et encore moins que la protection conférée par trois injections – cas de figure majoritaire en Israël – serait transpercée aussi facilement par le variant Omicron.
« Vaccinés mais pas protégés… », l’information a vite provoqué une panique boursière vendredi. Surtout en Europe, où le taux de vaccination est pourtant supérieur de 10% en moyenne à celui que revendiquent les Etats-Unis.
Mais Wall Street a repris ses esprits lundi : Omicron n’est peut-être pas bien méchant, il y a peu d’hospitalisations en Afrique du Sud, plus un virus mute, plus il devient contagieux, mais moins il dangereux pour l’organisme.
Mais dans l’après-midi de mardi, ce fut la douche froide : Stéphane Bancel (PDG de Morderna) exprimait sa crainte que les vaccins actuels pourraient s’avérer « moins efficaces », ce qui expose les populations à un risque de contamination identique à celui qui prévalait fin 2020.
Toutefois, mercredi matin, les peurs s’apaisent : de grands professeurs de médecine israéliens estimaient que les « vaccins » sont probablement encore assez efficaces pour éviter les formes graves (dans le cas où Omicron en provoquerait).
Pfizer et Moderna rassuraient également, annonçant qu’il faudrait compter entre 4 et 5 mois, et non de 6 à 8 mois pour qu’un nouveau traitement ARN mieux ciblé soit disponible (d’ici avril 2022).
Et Wall Street retrouvait tout son allant, les places européennes venant de boucler avec +2,8%, leur meilleure séance de l’année.
Mais cela fut de courte durée.
Une crise qui n’en finit pas
Vers 18h45, patatras… un premier cas confirmé de contamination par Omicron sur le sol américain est annoncé, et c’est la dégringolade.
Peut-être que les bulls ressortiront ce jeudi l’étude de Goldman Sachs (publiée dès vendredi soir) qui privilégie – parmi quatre scénarios – celui qui suppose que le Variant Omicron sera peut-être plus contaminant que le « Delta » (ce qui est la caractéristique première de toute mutation), mais ne sera pas plus pathogène (peu de symptômes, peu d’effets « sérieux » sur la santé).
Goldman Sachs envisageait – tout comme les sommités israéliennes ce mercredi – que le vaccin actuel (souche Wuhan) restera en partie efficace pour personnes présentant un schéma vaccinal complet.
Avec la rechute de Wall Street et celle du S&P500 sous l’ex-zénith des 4 536 points de début septembre, la situation devient un peu plus inconfortable.
Le S&P500 comble le « gap » des 4 510 points du 19 octobre et pourrait venir refermer dans la foulée celui des 4 489 points du 18 octobre.
Le scénario tournerait vraiment au vinaigre sous 4 450 points, car dans ce cas, c’est la base du canal ascendant moyen terme (inauguré le 23/11/2020 avec le test des 3 555 points) qui serait invalidé, ainsi que la tendance positive des 12 derniers mois.
La marge de sécurité est désormais inférieure à 1,5%, et ce n’est pas grand-chose quand le VIX pulvérise dans le même temps la résistance des 28,8 des 20 septembre et 12/13 mai dernier et pourrait s’orienter vers les 38, le zénith de fin janvier, ou fin octobre 2020.
Et clairement, c’est bien plus le VIX que le variant Omicron qui inquiète les analystes : l’extrapolation d’un nouveau risque de pandémie semble très prématurée.
Mais ce « cygne noir » (ou qui est noirci à dessein) survient à un moment très particulier : à l’issue de la plus longue séquence haussière sans le moindre retracement du S&P500 au XXIème siècle, avec un niveau de valorisation des actions jamais atteint depuis l’an 2000 – et dans le seul compartiment des « dot-com » –, à la différence que cette année, c’est tout le S&P500 qui semble surévalué.