Communément surnommée « l’atelier du monde », la Chine suscite désormais la méfiance et l’inquiétude chez ses principaux clients occidentaux, jusque-là habitués à fabriquer leurs produits haut de gamme dans ses usines de sous-traitance. Apple, échaudé par les fermetures drastiques des usines pendant la pandémie de COVID-19 et les confinements successifs qui ont suivi, en est le parfait exemple.
La Chine a longtemps été le principal acteur dans la production d’objets électroniques de grande consommation. C’est le seul pays à pouvoir fournir autant de travailleurs hautement qualifiés, et capable de développer des capacités de production à la hauteur de l’énorme demande en appareils électroniques dernier cri.
Mais les choses ont commencé à changer.
« L’atelier du monde » sous pression
Ce changement intervient en réaction aux préoccupations croissantes concernant les tensions géopolitiques et les problèmes de chaîne d’approvisionnement à l’ère du COVID-19, désormais associées aux relations commerciales entretenues avec la Chine ces dernières années.
Les fermetures d’usines, les guerres commerciales, le détournement de propriété intellectuelle, les tensions grandissantes avec les Etats-Unis et Taïwan, sont autant de facteurs qui pèsent sur l’empire manufacturier de la Chine.
A présent, beaucoup d’entreprises commencent à rechercher des capacités de production ailleurs, craignant de se retrouver au beau milieu d’un conflit grandissant si elles s’appuient trop sur la Chine.
Mais ce n’est pas une mince affaire…
Surtout pour Apple, qui fabrique plus de 90% de ses produits en Chine. Dans tous les cas, le processus de retrait s’est amorcé.
Rompre avec la Chine
Apple a récemment dévoilé sa nouvelle gamme d’iPhone avec ses nouveautés en matière de design et ses innovations technologiques.
Mais l’une de ces nouveautés va probablement échapper à la plupart des gens… Pour commencer, un petit nombre d’iPhone sera fabriqué en Inde et non en Chine.
Et les iPhone ne seront pas les seuls à être fabriqués ailleurs.
Depuis le début de l’année, Apple a pris un certain nombre de mesures en vue de produire hors de Chine. Au cours de l’été, la société a commencé à produire une partie de ses iPad, Apple Watch et MacBook au Vietnam.
Bien que ce soit une modeste démarche, le changement de lieu de production signale un mouvement plus vaste qui se répercute sur toute l’Asie.
Le fait que la chaîne d’approvisionnement ait volé en éclats a déclenché la flambée des prix des terrains industriels au Vietnam, une renaissance de la production en Malaisie, et stimulé la demande en faveur de la main-d’œuvre indienne.
Le fait que les technologies s’émancipent de la Chine exerce une pression sur les activités manufacturières du pays, qui enregistre déjà sa croissance économique la plus faible depuis des décennies.
Tout cela a commencé en grande partie fin 2019, la première vague de COVID-19 ayant entraîné la fermeture des usines chinoises début 2020.
Ces fermetures ont affecté les résultats de beaucoup d’entreprises, dont Apple, qui a dû réduire ses prévisions de ventes trimestrielles cette année-là, en raison de l’impossibilité de produire des iPhone.
C’est là que l’entreprise a commencé à rechercher d’autres lieux de production. Ayant anticipé de nouvelles fermetures, Apple s’est efforcé de se protéger du risque croissant sur le maintien de ses activités en Chine.
Bien entendu, si Apple a l’intention de quitter totalement la Chine, cette démarche prendra probablement des décennies…
Ce changement s’inscrit également dans un mouvement de rupture plus vaste des entreprises américaines avec la Chine, dans un contexte où le gouvernement Biden souhaite diversifier les chaînes d’approvisionnement, avec la loi « CHIPS and Science Act » adoptée récemment, qui affecte 50 Mds$ d’aides pour la construction d’usines de semi-conducteurs aux Etats-Unis.
Même si l’entreprise ne construit pas vraiment des usines de semi-conducteurs, il est politiquement bénéfique pour l’image d’Apple de se dissocier de la Chine.