Pour les investisseurs contrariens, la situation boursière actuelle est un terrain de jeu idéal parce que les quelques valeurs-phares de la cote cachent une forêt d’actions décotées… Et il est désormais possible de faire son marché à bon prix parmi des valeurs de qualité marquant le grand retour des valeurs value. NN Group, un assureur néerlandais, en est le parfait exemple.
Les évolutions boursières de cet été ont de quoi donner des sueurs froides aux investisseurs. Entre la dégringolade des indices début août, et le rebond de la dernière quinzaine estivale tiré par quelques valeurs seulement (Micron et Nvidia aux Etats-Unis, TotalEnergies en France), le comportement des marchés a de quoi éveiller la méfiance.
Traditionnellement, les hausses algorithmiques des indices qui ne dépendent que de quelques valeurs sont des feux de paille. Et, lorsque les locomotives viennent à caler, la chute est rude.
Pour qui a des liquidités à placer en cette fin d’été, le choix est cornélien. Investir à l’aveugle dans des ETF indiciels est risqué, alors que le NASDAQ 100 (la référence technologique mondiale) est à 2,5 % de ses plus-hauts historiques. Il en est de même chez nous avec un CAC 40 à 3,3 % de son record. La moindre faiblesse des GAFAM ou des valeurs du luxe les enverrait au tapis. Etre suiveur et acheter les quelques actions-stars les plus recherchées n’est guère plus prudent alors que les PER s’envolent : 113 pour Nvidia ! 70 pour Tesla ! 60 pour Hermès ! 36 pour L’Oréal !
Faut-il alors se résoudre à placer ses liquidités hors des marchés cet automne ?
Pas nécessairement. Car le corollaire de cette situation instable est que de nombreuses valeurs n’ont pas bougé depuis le début d’année, voire se payent moins cher maintenant qu’au 1er janvier.
Si certaines ont été massacrées pour d’excellentes raisons, d’autres ont tout simplement été délaissées au fil des arbitrages. En l’absence de flux acheteur, leur cours a progressivement chuté jusqu’à atteindre des niveaux de décote injustes.
Lorsque les fondamentaux sont solides et les performances toujours au rendez-vous, ces titres peuvent être accumulés dans une optique de moyen terme. C’est notamment le cas de NN Group, un assureur néerlandais sur lequel nous nous penchons aujourd’hui. Avec un rendement supérieur à 8 %, il rémunère généreusement ses actionnaires, et son newsflow permet d’espérer un retour sur les 45 €, pour un potentiel de plus-value de 25 % à moyen terme.
Le retour des actions value
Pour les investisseurs contrariens, la situation boursière actuelle est un terrain de jeu idéal. Parce que les quelques valeurs-phares de la cote cachent une forêt d’actions décotées, il est désormais possible de faire son marché à bon prix parmi des entreprises de qualité.
Paradoxalement, les bonnes affaires sont plus nombreuses maintenant qu’il y a un an.
NN Group en est le parfait exemple. Son action est en baisse de -11 % sur 12 mois, alors que la solidité de son modèle d’affaires a été confirmée par les derniers résultats.
Les investisseurs se sont inquiétés, dès 2022, sur l’impact qu’aurait la hausse des taux sur les comptes de l’assureur dont la principale activité reste l’assurance-vie aux Pays-Bas. Il est vrai que la baisse de la valeur de son portefeuille d’actifs a fait passer son ratio de solvabilité de 213 % en 2021 à 197 % en 2022.
Pour autant, l’évolution des comptes sur le premier semestre 2023 a de quoi rassurer. Du fait de son importante diversification géographique (le groupe compte désormais plus de 20 millions de clients dans 11 pays différents), NN Group a pu remonter son ratio de solvabilité à 201 % au 30 juin.
Le résultat opérationnel a bondi de 24,5 % à 1,4 Md€, contre 1,12 Md€ sur le premier semestre 2022. Cette bonne performance permet à l’assureur de retrouver sa zone de confort et de multiplier les engagements auprès des actionnaires.
Lors de l’annonce des semestriels, la direction a confirmé le versement d’un dividende intermédiaire de 1,12 € par action, correspondant à 40 % du coupon versé en 2022. Celui-ci a été détaché au 31 août, et correspond à une rémunération de plus de 300 M€ des actionnaires. Dans le même temps, le groupe s’est engagé à racheter jusqu’à 250 M€ d’actions par an jusqu’en 2025, ce qui représente 2,5 % de sa capitalisation boursière.
Les turbulences monétaires déjà terminées ?
Entre le détachement de coupon et le rachat d’actions, NN Group reverse plus de 11 % de sa valeur par an aux actionnaires. Le titre peut donc être mis en portefeuille pour son rendement, d’autant que la direction se montre optimiste quant à la pérennité des bénéfices. Lors de l’annonce des résultats, les objectifs 2025 ont été réitérés et la génération de cash-flow devrait se maintenir si le contexte monétaire reste constant.
Contrairement à d’autres établissements financiers, NN Group semble avoir réussi à digérer la hausse des taux malgré l’effet négatif temporaire sur son bilan.
Après cette phase de tension initiale, l’assureur entre dans une phase vertueuse où les taux élevés pourront dynamiser son activité et potentiellement augmenter encore ses bénéfices. Déjà, le groupe voit la rentabilité de son activité de services bancaires augmenter du fait de la hausse des taux d’intérêt.
En parallèle, NN Group s’appuie sur les nouvelles technologies pour améliorer ses services tout en diminuant ses coûts. Il a fait partie des premiers assureurs à adopter l’usage de ChatGPT pour la relation clientèle. L’IA générative a été mise à disposition de plus de 4 000 collaborateurs pour les guider dans leurs échanges avec les clients et identifier les pistes de ventes additionnelles.
Ce flot de bonnes nouvelles explique le bond de 10 % de l’action lors de l’annonce des résultats semestriels. Malgré tout, le titre s’échange encore un tiers de moins que son record de 2022. Les actionnaires sont conscients du potentiel du dossier, mais sont encore trop peu nombreux pour faire décaler le cours à la hausse… et c’est tant mieux pour les investisseurs qui ont des liquidités à placer.
La décote de NN Group permet d’envisager un achat à bon compte (infographie : Investing.com)
NN Group prouve qu’il existe encore – et c’est heureux – des entreprises européennes qui ne sont pas surévaluées. Le rendement confortable offre à la fois une rémunération attractive par rapport aux taux « sans risque », et une protection à la baisse en cas de nouvelle chute des indices.
Alors que les valeurs-phares comme Nvidia ou Hermès font face à un gouffre béant en cas de retournement de tendance, les titres offrant un dividende solide présentent un ratio rendement/risque bien plus attractif.