La crise ukrainienne perdure et perturbe plusieurs pans de l’économie : pétrole, tech… Philippe Béchade se penche sur le cas du Nasdaq.
C’est la seconde grosse alerte baissière de l’année à Wall Street. Même si les scores n’apparaissent pas spectaculaires – en tout cas, le repli est moins lourd que le 5 janvier, 21 janvier ou le 11 février –, les conséquences vont s’avérer bien plus dommageables que lors des deux précédents « creux » du 4 octobre 2021 ou du 27 janvier dernier. Des configurations en « épaule/tête/épaule » sont clairement validées pour le Dow Jones et le S&P500.
Or, dans le contexte actuel, le potentiel de décrochage apparaît plus alarmant sur le Nasdaq dans le contexte actuel, avec un P/E moyen qui flirte encore avec les 35.
Outre les tensions géopolitiques, c’est surtout le facteur inflation qui a de quoi tétaniser les marchés : le baril de Brent s’installe au-dessus des 97 $ en clôture après une incursion vers 98,7 $ et un WTI qui prend 2% vient d’effectuer une nouvelle incursion vers 95 $ à New York ce mercredi, en réaction aux nouveaux développements alarmants dans le cadre de la crise ukrainienne.
De la guerre froide à la chute des indices US ?
Des échanges de tirs d’armes lourdes sont reportés dans le Donbass (faisant plusieurs victimes), une cyberattaque massive dirigée contre les sites gouvernementaux ukrainiens est attribuée à la Russie, ce qui relance les craintes d’escalade de sanctions et contre-sanctions.
Au risque de voir les protagonistes passer d’une forme de guerre froide à une guerre ouverte impliquant plusieurs pays européens et occidentaux, contraints d’intervenir si le conflit débordait des frontières de l’Ukraine par le jeu des clauses d’assistance mutuelle de l’OTAN.
Mais même sans ce scénario noir, c’est le Nasdaq qui se retrouve dans la situation la plus critique, du fait des valorisations encore très élevées des « GAFAM » (+Tesla et Nvidia), c’est-à-dire de 7 titres affichant plus de 750 Mds$ de capitalisation pour un total de plus de 12 000 Mds$, soit un gros tiers de la valorisation du « composite » (et plus de la moitié de celle du Nasdaq 100).
Cette cinquième séance de repli consécutif précipite le Nasdaq en territoire de correction (-20% sur ses sommets du 22 novembre) s’avère fatale puisque le support des 13 350 points, préservé in extremis le mardi 22 février du 27 janvier, vole en éclats – sans la moindre ambiguïté – et s’enfonce comme un plomb vers 13 030 points, au contact de son support du 12 mai 2021.
Mais vu la brutalité du décrochage sous les 13 300 points, il faut s’attendre à un test imminent des 12 600 points du 8 mars, puis à une tentative de reprise d’appui sur l’ex-résistance des 12 000 points du 2 septembre au 24 novembre 2020.
Les prochaines séances vont être très chaudes pour les indices US !