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Nasdaq : la spirale des démonstrations d’exubérance grégaire est-elle terminée ?

Philipe Béchade est inquiet. Cette hausse perpétuelle des indices commence à faiblir. Après le crypto-krach du 19 mai, les autres Bourses tressautent. De quoi entrevoir une chute qui risque de faire mal.

Il y a une semaine, tout Wall Street se préparait à enchaîner un sixième mois de hausse consécutive, sur une série de 7. En effet, à l’exception d’un mois de janvier un peu « flat », les indices boursiers continuaient de nous régaler de nouveaux records, un seul slogan en tête : « business as usual ». Quel grain de sable aurait bien pu venir gripper cette mécanique haussière à une semaine de la séance des « 3 sorcières » de mai ?

Depuis le 6 avril, et la publication de pas moins de 85% des trimestriels publiés aux Etats-Unis, les chiffres qui nous parviennent explosent littéralement nos attentes les plus exubérantes. Les récents chiffres de l’inflation ont provoqué un hoquet jeudi dernier, qui n’a eu que peu de conséquences négatives pour le moment. Les acheteurs ont vite repris les choses en main.

Le CAC40 a connu un rebond algorithmique de 250 points : le rebond le plus linéaire sur 48h depuis sa création en janvier 1988 ! Et il fut suivi de deux nouveaux records, au-delà des 18 000 points (zénith étant à 18 077 points) sur le « GR ».

Quant à l’évolution du Nasdaq – dont le plus haut historique est de 14 211 points –, il donnait du fil à retordre aux chartistes depuis le 28 avril. Force est de constater qu’une accélération de la rotation sectorielle en faveur du Dow Jones (qui enchaînait alors les records depuis le 16 avril, avec notamment une belle série les 5, 6, 7 et 10 mai) avait clairement rassuré les investisseurs en ce qui concerne la dynamique haussière globale du marché américain. Marché qui entraîne tous les autres dans son sillage.

Par exemple, le CAC40 Global Return a aligné pas moins de 9 records absolus en intraday ou en clôture (et même les 2 à la fois !) du 27 avril au 17 mai, comme porté par la désescalade des valeurs de croissance du Nasdaq, et des « GAFAM ».

Les Bourses trébuchent le 19 mai !

Le système des vases communicants a failli connaître un premier « raté » ce mercredi 19 mai puisqu’à la réouverture de Wall Street, le CAC40 chutait de 2%, et le Nasdaq, de 1,8%.

Mais alors que le CAC40 perdait plus d’une centaine de points, le Nasdaq a effectué une belle remontada entre un plus bas de 13 075 points et un zénith à 13 300 au coup de cloche final. Manifestement, il y a eu des rachats à bon compte à l’approche des 13 000 sur le Nasdaq, tout comme jeudi dernier (13 030 en clôture).

Si le Nasdaq préserve les 13 000, cela nous invite à relativiser le risque d’achèvement d’un cycle de 14 mois de hausse d’une intensité historique par une spectaculaire « M » baissier sous 14 170 mi-février, puis 14 200 fin avril. Le scénario pourrait s’apparenter à l’ébauche de double-top sous 12 000 points des 2 septembre, puis 12 octobre 2020. Après une dernière alerte baissière vers 10 825 le 30 octobre, nous avons vu s’élancer un funiculaire haussier qui a pris 3 330 points d’altitude.

Depuis, le CAC40 a gagné 42%, soit une surperformance de 35% (avance portée à +45% depuis que le Nasdaq a reperdu 6% sur ses sommets contre 1,5% pour le CAC40), ce qui n’est pas si fréquent depuis mars 2009 ! Nous pourrions être tentés de nous en réjouir… mais chaque fois que le cas de figure s’est présenté depuis l’an 2000, cela s’est mal terminé… pour les deux indices.

Toutefois, nous n’avons jamais expérimenté ce scénario dans un contexte de reflation : chaque fois que l’hypothèse s’est imposée, et parce que les taux d’intérêts se renchérissaient, le Nasdaq perdait un peu plus de 50%.

Si un tel krach survenait… et bien, pas de panique ! Le Nasdaq s’en viendrait retracer la zone des 7 000/7 100 points, soit un bon 10% de plus que son précédent point bas du 18 mars 2020.

Mais comme nous l’avons déjà souligné, l’heure n’est pas à l’alarmisme. Tant que les 13 000 ne sont pas enfoncés, la probabilité d’aller chercher de nouveaux plus hauts avant fin août reste de 50%. (Gardons tout de même à l’esprit que le crypto-krach du 19 mai suggère que la spirale des survalorisations et des démonstrations d’exubérance grégaire est terminée).

En revanche, la cassure des 12 600 pourrait déboucher sur une seconde « panique » comparable au quatre semaines de cauchemar du 20 février au 18 mars 2020, soit une perte de -20% s’ajoutant aux 10% déjà perdus pour atteindre le seuil de rupture.

Lorsque les indices tressautent ainsi, il vaut mieux se montrer prudent.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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