Alors que le climat inflationniste laisse présager une baisse des actions d’ici l’automne, quelques investisseurs pourraient bien défier la Fed dans le cadre d’un grand coup de poker … Faut-il s’attendre à une réédition du phénomène Gamestop ?
Le cas de figure est assez rare : la journée des « 3 sorcières » tombe le même jour que la réunion de la BCE avec conférence de presse de Christine Lagarde.
Elle ne devrait pas faire d’annonce (taux anticipés inchangés à 100%) mais donner des indications sur le « timing » d’une probable inflexion de la politique monétaire, car ne rien faire n’est absolument pas tenable.
Cela signifierait que la BCE n’a plus aucune marge de manœuvre, plus aucun outil efficace, et que l’inflation est hors de contrôle.
D’une certaine façon, les hausses de taux ne peuvent pas faire grand-chose contre ce type d’inflation, dès lors qu’elle a pour origine la flambée du prix des matières premières.
La transition énergétique est inflationniste, les injections monétaires ont alimenté l’inflation immobilière et boursière, la guerre russo-ukrainienne et le cortège des sanctions sont inflationnistes, la Chine qui confine ses principaux centres industriels et ses ports, c’est inflationniste… et les banques centrales n’ont plus la capacité de nous éviter une récession.
Aux Etats-Unis, James Bullard qui s’impose au fil des semaines comme le principal porte-parole de la Fed avertit les investisseurs : « Cette inflation historique associée à une nécessaire hausse des taux induit un risque de récession élevé et toute autre interprétation de la situation relève de thèses ‘fantaisistes’ ».
Les « fantaisistes » ont décidé de défier la Fed, puisque Wall Street s’est offert une belle séance de hausse ce mercredi, avec +1,1% sur le S&P 500 (à 4 444) et un bon +2% sur le Nasdaq (à 13 645 Pts).
L’excuse du « fait » accompli – se soldant par une baisse des rendements sur les T-Bonds – a été abondamment mise en avant après la publication mardi d’un CPI à +8,5% et ce mercredi d’un « PPI » (prix à la production) ressorti à 11,2% en rythme annuel (ce qui pourrait constituer un « pic »… temporairement).
Mais le Nasdaq avait tout aussi bien progressé lors de la phase de repentification de la courbe de taux du 8 au 29 mars (le « 10 ans » passant de 1,68% à 2,55%) puisque l’indice flambait de +2 040 Pts entre 12 580 et 14 620.
La seule chose qui semble l’avoir freiné, c’est l’inversion de la courbe des taux du 28 mars au 11 avril (une structure pré-récessionniste) et le voici qui rebondit alors que la structure redevient orthodoxe avec 2,70% sur le « 7 ans », 2,66% sur le « 5 ans » et 2,59% sur le « 3 ans ».
Et le Nasdaq ne rebondit pas au hasard mais sur le support des 13 350 pts, déjà testé le 27 janvier dernier : l’indice pourrait donc amorcer l’ébauche d’une tête/épaules inversée, partant du plancher des 12 580 pts, et valider ainsi un scénario plus haussier avec le franchissement de la « ligne de cou » qui gravite vers 14 650.
Le potentiel ainsi libéré validerait mécaniquement le scénario d’un re-test du zénith historique des 16 200 du 20 novembre 2021, ce qui apparaît intellectuellement comme l’hypothèse la plus absurde avec une inflation hors de contrôle, des banques centrales enchaînant les hausses de taux, une économie en récession et des résultats trimestriels d’entreprises en berne.
Et c’est justement parce que 99,9% d’investisseurs « sensés » parieraient sur la baisse des actions d’ici l’automne, que 0,01% d’insensés prendraient un malin plaisir à les prendre à contrepied dans le cadre d’un coup de poker monumental ! Avec le même degré de prise de risque que de faire « tapis » avec une paire de 2 quand il y a déjà un as, un roi et une dame sur la table, et que 2 joueurs misent déjà comme s’ils avaient un brelan d’as ou une suite du 10 à l’as. Cela revient à tenter de rééditer le coup du « short squeeze » sur Gamestop !